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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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tout contact par radio était coupé avec l’armée et demandant
que la marine envoie des nouvelles du monde extérieur, sur sa propre longueur d’onde.
Des nouvelles ne tardèrent pas à parvenir, mais pas en provenance de la marine.
Ces nouvelles, captées par le poste récepteur du ministère de la Propagande, n’étaient
pas réjouissantes pour Adolf Hitler. !
    Outre Bormann, il y avait au bunker un autre officiel bien
décidé à conserver la vie sauve. C’était Hermann Fegelein, représentant Himmler
dans l’entourage du commandant suprême. Ancien garçon d’écurie puis jockey, totalement
illettré, il était un des protégés du célèbre Christian Weber, un des plus
vieux partisans d’Hitler et amateur de chevaux qui avait amassé une immense
fortune frauduleuse, après 1933, et possédait une importante écurie de courses.
Avec l’aide de Weber, Fegelein avait accédé au poste de général dans les Waffen
S. S. ; en 1944, peu après avoir été nommé officier de liaison d’Himmler, au
Q. G. du Führer, il s’était encore consolidé dans les bonnes grâces de ce
dernier en épousant la sœur d’Eva Braun, Gretel. Les chefs S. S. survivants
sont unanimes à affirmer que Fegelein – en accord avec Bormann – ne tarda pas à
trahir son propre chef S. S. Himmler. Toutefois, ce douteux personnage, cet
être fruste, semblait posséder un authentique instinct vital. Comme les rats, il
savait à quel moment quitter le navire…
    Le 26 avril, il se glissa hors du bunker. Le lendemain dans
l’après-midi, Hitler s’aperçut de sa disparition. Soupçonneux comme à l’ordinaire,
le Führer envoya un groupe de S. S. à sa recherche. On le
trouva, en civil, qui se reposait chez lui, dans le quartier de Charlottenburg, sur le point d’être envahi par les Russes. Ramené à la Chancellerie, il
fut mis aux arrêts. et on lui arracha ses épaulettes d ’Obergruppenführer . Cette tentative de fuite de Fegelein suscita
aussitôt les soupçons d’Hitler sur Himmler. Que pouvait
bien faire le chef S. S., maintenant qu’il avait quitté Berlin ? Il n’y
avait pas eu de nouvelles de lui… Mais on ne tarda pas à en avoir.
    Le 28 avril, comme nous venons de le voir, avait été une
journée difficile au Bunker. Les Russes approchaient. Pas de nouvelles de l’offensive
de Wenck. Les assiégés demandaient désespérément des nouvelles de ce qui se
passait hors de la ville, par le truchement de la radio de la marine.
    Le poste récepteur du ministère de la Propagande avait capté une
émission de la B. B. C., à Londres, et appris par une dépêche de l’agence Reuter, de Stockholm, une nouvelle tellement extraordinaire, tellement
incroyable, qu’un des adjoints de Gœbbels, Heinz Lorenz, avait bondi à travers le square labouré par les obus, pour
en porter copie à son ministre et a u Führer, dans leur
bunker.
    La dépêche, d’après Hanna Reitsch, porta un coup mortel à tout
le bunker. Hommes et femmes se mirent à pousser des cris de rage et de
désespoir, sous l’empire de l’émotion : « Hitler, raconte l’aviatrice,
était comme fou. »
    Heinrich Himmler – der
treue Heinrich – avait lui aussi déserté le
navire en perdition. La dépêche de Reuter révélait ses
négociations secrètes avec le comte Bernadotte et son offre de remettre à
Eisenhower la capitulation des armées allemandes sur le front de l’Ouest.
    Pour Hitler, qui n’avait jamais douté de la loyauté absolue d’ Himmler, c’était le coup le plus dur. « Son teint vira au
pourpre, raconte Hanna Reitsch, et ses traits devinrent presque méconnaissables…
Après sa longue crise de colère, Hitler tomba dans un morne abattement et, pendant
un moment, le silence régna dans le bunker tout entier. » Gœring, du moins,
avait demandé au Führer la permission de prendre sa
succession. Mais le « fidèle » chef S. S. et Reichsführer ne s’était même pas donné cette peine. Ce traître avait pris contact
avec l’ennemi, sans en souffler mot. Quand Hitler se fut un peu remis, il
déclara à son entourage que cet acte était le plus fourbe qu’il eût jamais
connu.
    Ce choc – ajouté à la nouvelle reçue quelques minutes plus tard :
les Russes s’avançaient vers la Potsdamerplatz toute proche
et leur attaque de la Chancellerie aurait probablement lieu le matin du 30 avril,
c’est-à-dire dans une trentaine d’heures – ce choc fut le signal de la fin. Il
poussa Hitler à prendre

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