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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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aviateurs avaient déclaré :
    Gœring, à cette époque (mai 1940), avait fait remarquer à
Hitler que, si la grande victoire dans la bataille en cours pouvait être
revendiquée exclusivement par les généraux de l’armée, le tort causé au
prestige du Führer dans la métropole serait irréparable. Cela ne pouvait être
évité que si la Luftwaffe et non l’armée livrait la bataille décisive.
    Il est donc très clair que l’idée d’Hitler, suggérée par Gœring
et Rundstedt mais énergiquement combattue par Brauchitsch et Halder, était de
laisser la Luftwaffe et le groupe d’armées B de Bock, qui sans blindés
importants repoussait lentement les Belges et les Anglais au sud-ouest vers la
Manche, nettoyer les troupes ennemies prises dans la poche. Le groupe d’armées
A de Rundstedt, avec quelque sept divisions de chars, arrêté sur les lignes d’eau
à l’ouest et au sud de Dunkerque, resterait sur ses
positions et maintiendrait l’encerclement. Mais ni la Luftwaffe ni le groupe d’armées
de Bock ne se révélèrent capables d’exécuter ces objectifs. Le matin du 26 mai,
Halder notait dans son journal : « Ces ordres du sommet n’ont aucun
sens… Les chars sont arrêtés comme s’ils étaient paralysés. »
    Finalement, dans la soirée du 26 mai, Hitler rapporta l’ordre
de stopper et admit que, étant donné la lenteur de l’avance de Bock en Belgique
et le mouvement des transports au large des côtes, les forces blindées
pouvaient reprendre leur marche sur Dunkerque. C’était
déjà tard : l’ennemi acculé avait eu le temps de renforcer ses défenses et,
derrière elles, il commençait à s’échapper vers la mer.
    Nous savons maintenant qu’il y eut aussi des raisons politiques
à l’ordre fatal d’Hitler. Halder avait noté dans son
journal, le 25 mai (« un jour, dit-il, qui débuta par une de ces
pénibles querelles entre Brauchitsch et le Führer au sujet
des prochains mouvements dans la bataille d’encerclement ») :
    A présent le pouvoir politique a une idée fixe :
la bataille décisive ne doit pas être livrée sur le sol flamand, mais plutôt
dans le nord de la France.
    Cette note m’intrigua et, quand j’écrivis à l’ex-chef d’état-major,
je lui demandai s’il pouvait se souvenir des raisons politiques qui
avaient poussé Hitler à terminer cette bataille au nord de la France plutôt qu’en
Belgique. Halder se les rappelait très bien :
    Hitler, au cours de nos conversations de l’époque, appuyait
ses motifs de son ordre d’arrêt sur deux sortes de considérations. Les
premières étaient d’ordre militaire : la nature du terrain ne convenait
pas aux chars, les pertes sévères qui en résulteraient affaibliraient l’attaque
imminente sur le reste de la France, et ainsi de suite.
    Alors, écrit Halder, le Führer
    … donna une seconde raison, qu’il savait que nous, soldats,
ne pouvions pas discuter, puisqu’elle était politique et non militaire.
    Cette seconde raison était que, pour des motifs politiques,
il ne voulait pas que la bataille finale, qui inévitablement causerait de
grands dommages à la population, ait lieu sur un territoire habité par les
Flamands. Il avait l’intention, dit-il, de créer une zone nationale socialiste
indépendante sur le territoire habité par des Flamands descendants d’Allemands,
les liant ainsi étroitement à l’Allemagne. Ses partisans en terre flamande
avaient travaillé dans ce sens depuis longtemps ; il leur avait promis d’éviter
à leur pays les ravages de la guerre. S’il ne tenait pas sa promesse, leur
confiance en lui serait sérieusement atteinte. Ce serait un désavantage
politique pour l’Allemagne que lui, chef politiquement responsable, devait
éviter.
    Absurde ? Si cela semble être une des soudaines aberrations
d’Hitler (Halder écrit que lui et Brauchitsch ne furent « pas
convaincus par ce raisonnement ») une considération politique qu’il confia
à d’autres généraux était plus sensée – et importante. Décrivant après la
guerre les entretiens d’Hitler avec Rundstedt le 24 mai, le général Günther Blumentritt, chef des opérations de Rundstedt, dit à Liddell Hart, l’écrivain militaire anglais :
    Hitler était de très bonne humeur… et nous donna son
opinion : selon lui la guerre serait finie dans les six semaines. Après il
désirait conclure une paix raisonnable avec la France, et alors la voie serait
libre pour un accord avec

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