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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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l’Angleterre…
    Puis il nous étonna en parlant avec admiration de l’Empire
britannique, de la nécessité de son existence et de la civilisation que l’Angleterre
avait apportée au monde… Il dit que tout ce qu’il demandait à l’Angleterre
était qu’elle reconnaisse la suprématie de l’Allemagne sur le Continent. Le
retour de ses colonies serait désirable mais non essentiel… Il conclut en
disant que son but était de faire la paix avec l’Angleterre sur une base qu’elle
jugerait compatible avec son honneur (18).
    De telles pensées, Hitler devait les exprimer souvent, pendant
les semaines qui suivirent, à ses généraux, à Ciano et à Mussolini et
finalement en public. Ciano fut étonné, un mois plus tard, de trouver le
dictateur nazi, alors au zénith de son succès, insistant sur l’importance de
maintenir l’Empire britannique comme « facteur de l’équilibre mondial (19) »
et, le 13 juillet, Halder, dans son journal, décrivait la perplexité du
Führer devant le refus de l’Angleterre d’accepter la paix. Mettre l’Angleterre
à genoux par la force, dit-il à ses généraux ce jour-là, « ne profiterait
pas à l’Allemagne mais au Japon, aux États-Unis et à d’autres ».
    Il se peut donc, bien que quelques-uns en doutent, qu’Hitler
retint ses forces blindées devant Dunkerque pour épargner à l’Angleterre une
amère humiliation et pour faciliter par là un règlement de paix. Ce devait être,
comme il le dit, une paix où les Anglais laisseraient l’Allemagne libre de se
tourner une fois de plus vers l’Est, contre la Russie cette fois. Londres
devrait reconnaître la domination du Troisième Reich sur le Continent. Durant
les deux mois qui suivirent, Hitler continua de croire qu’une telle paix était
à sa portée. Pas plus maintenant que pendant les années précédentes, il ne
comprenait le caractère de la nation britannique et ne se rendait compte que
ses chefs et son peuple étaient décidés à combattre jusqu’au bout.
    De plus, ni lui ni ses généraux, ignorants de la mer comme ils l’étaient
– et le demeurèrent, – n’imaginèrent que les Britanniques, marins par tradition,
pussent, par un petit port pilonné et des plages exposées, évacuer sous leur
nez le tiers d’un million d’hommes.
    A dix-neuf heures moins trois, le soir du 26 mai, peu après
que l’ordre de stopper d’Hitler eut été annulé, l’Amirauté britannique annonça
le commencement de l’ « Opération Dynamo », comme on appela l’évacuation
par Dunkerque. Cette nuit-là, les blindés allemands reprirent leur attaque du
port depuis l’ouest et le sud, mais à présent les panzers avaient du mal à
avancer.
    Lord Gort avait eu le temps de déployer contre eux trois
divisions d’infanterie avec un lourd soutien d’artillerie. Les chars faisaient
peu de progrès. En même temps, l’évacuation commença. Une Armada de 850 bateaux
de toutes dimensions, de toutes formes et de toute nature, depuis des croiseurs
et des destroyers jusqu’aux petits bateaux et aux skoots hollandais, beaucoup
d’entre eux équipés par des volontaires civils des villes côtières anglaises, convergèrent
sur Dunkerque. Le premier jour, le 27 mai, ils
prirent 7 669 hommes de troupes ; le lendemain, 17 804 ; le
jour suivant, 47 310 et le 30 mai, 53 823 ; 126 606 au
total pendant les quatre premiers jours. C’était beaucoup plus que l’Amirauté n’avait
espéré. Quand l’opération commença, elle comptait évacuer seulement 45 000
hommes environ dans les deux jours qu’elle pensait avoir devant elle.
    Ce ne fut qu’au quatrième jour de l’Opération Dynamo, le 30 mai,
que le haut commandement allemand prit conscience de ce qui se passait. Pendant
quatre jours, les communiqués de l’O. K. W. avaient répété que les armées
ennemies étaient condamnées. Un communiqué du 29 mai, que je notai dans
mon journal, déclarait nettement : « Le sort de l’armée française en
Artois est réglé… L’armée britannique, qui a été encerclée dans le territoire
autour de Dunkerque, va elle aussi à sa destruction
dès avant notre attaque concentrique. »
    Mais elle n’y allait pas ; elle allait prendre la mer, sans
ses armes lourdes et sans matériel, bien sûr, mais avec la certitude que les
hommes vivraient pour combattre une autre fois.
    Le matin du 30 mai, Halder confia à son journal que « la
désintégration de l’ennemi que nous avons encerclé

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