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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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l'animosité de ses hommes, à
    l'exception de sa petite cour personnelle. Cela s'expliquait par son attitude cruelle et vindicative envers quiconque lui causait du tort.
    Si lui s'en était toujours sorti indemne, il avait perdu plus d'hommes pendant la guerre - morts ou blessés - que tous les autres commandants. On imputait la chose à une témérité proche de la folie. Bien entendu, les soldats n'avaient aucune sympathie pour un supérieur qui n'hésitait pas à
    les envoyer au massacre.
    Pendant les guerres indiennes, il ordonna fréquemment l'usage du fouet, et aucun commandant de l'Ouest ne connut autant de désertions que lui. Le 7e régiment diminuait sans cesse tandis que les déserteurs - qu'on surnommait les oiseaux de nuit - filaient à la faveur de l'obscurité. Les nouvelles recrues devaient constamment regonfler les effectifs de l'unité, mais Custer ne se
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    souciait guère de les former à devenir des cavaliers efficaces et bien entraînés. En juin 1876, malgré les longs mois d'automne et d'hiver passés à Fort Lincoln, le 7e régiment était dans un état lamentable.
    En outre, la vanité et l'ambition personnelle de Custer atteignaient des proportions si démesurées qu'il se mettait en quatre pour encourager la presse à chanter ses louanges à la moindre occasion. Bon nombre de ses manies - son costume en peau de daim tannée, ses longues boucles auburn -
    visaient au même résultat, tout comme la présence du journaliste Mark Kellog, qui accompagnait au combat le 7e régiment.
    Cependant, en tant que général, il possédait deux défauts qui devaient bientôt lui co˚ter la vie et celle de ses hommes. Le premier consistait à
    toujours sous-estimer l'ennemi. H avait la réputation d'un grand tueur d'Indiens, et il en était persuadé. Huit ans auparavant, il avait en effet exterminé un village cheyenne endormi, celui du chef Black Kettle au bord de la Washita River, dans le Kansas. Encerclant au cours de la nuit les Indiens assoupis, il les avait massacrés au petit matin, hommes, femmes et enfants. Les Cheyennes, qui venaient de signer un nouveau traité de paix avec les Blancs, se croyaient en sécurité.
    Au cours des années suivantes, il s'était trouvé mêlé à quatre escarmouches sans conséquence avec des guerriers indiens. Les pertes cumulées pour les quatre incidents ne se portaient même pas à une douzaine d'hommes. Comparés à l'hécatombe effroyable de la guerre de Sécession, ces quelques accrochages avec les Indiens du cru étaient tout juste dignes d'être mentionnés. Pourtant, les lecteurs de la côte Est avaient grand besoin d'un héros et les sauvages peinturlurés de la Frontière faisaient figure de méchants démoniaques. Custer devait sa renommée et son statut d'icône populaire aux articles à sensation des journaux et au livre qu'il avait publié, Ma vie dam les Plaines,

    quant à son second défaut, c'était de ne jamais écouter personne. Bien qu'il e˚t à ses côtés des éclaireurs expérimentés durant le trajet le long de la Rosebud, il s'obstina à ignorer leurs mises en garde. C'est devant cet homme que Ben Craig fut traîné le soir du 24 juin.
    Le sergent Braddock expliqua ce qui s'était passé, et qu'il y avait des témoins. Entouré de six de ses officiers, Custer observa l'individu qui se tenait devant lui. Un jeune homme de douze ans son cadet, un peu moins d'un mètre quatre-vingts, des vêtements en peau, des boucles ch‚taines et des yeux d'un bleu électrique. Bien qu'il port‚t des bottes en cuir souple au lieu des bottes rigides des cavaliers, et une plume d'aigle à pointe blanche tressée dans les cheveux, il était manifestement de race blanche - pas même un métis comme certains éclaireurs.
    - C'est un délit très grave, déclara Custer quand le sergent eut terminé.
    Est-ce que c'est la vérité ?
    - Oui, mon général.
    - Et pourquoi as-tu fait ça ?
    Craig résuma l'interrogatoire de la jeune fille et les plans établis pour la fin de la soirée. La désapprobation crispa les traits de Custer.
    - Je ne veux pas de ça sous mon autorité, pas même avec les squaws. Est-ce que c'est la vérité, sergent ?
    ¿ ce moment-là, le capitaine Acton, assis près de Custer, intervint. H
    avait des manières onctueuses et persuasives. Il assura qu'il avait procédé
    lui-même à l'interrogatoire, et qu'il avait été exclusivement verbal, par l'intermédiaire de l'interprète. Aucun sévice n'avait été infligé à la jeune

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