Le vétéran
avaient été confisqués par le sergent Lewis. Ses chevilles étaient attachées à sa selle par des lanières de cuir et on lui avait ligoté les mains derrière le dos.
Pendant la halte du petit matin, Lewis, qui, s'il était carré et pointilleux sur les règlements, n'avait pas mauvais fond, lui détacha les chevilles pour qu'il puisse descendre de cheval. Ses poignets restèrent liés, mais Lewis lui fit boire quelques goulées d'eau à sa gourde. Le jour qui se levait promettait d'être chaud.
C'est à ce moment-là que Custer prit la première des décisions insensées qu'il devait prendre ce jour-là. H appela un de ses subordonnés, le capitaine Frederick Benteen, et lui donna l'ordre de prendre trois compagnies, la H, la D et la K, et de partir au sud vers les badlands pour vérifier s'il y avait des Indiens dans les parages. ¿ quelques mètres de là, Craig entendit Benteen, qu'il considérait comme le militaire le plus compétent de toute l'unité, remettre cet ordre en question. Si une masse d'ennemis
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se trouvait sur les rives de la Little Bighorn quelque part en amont, était-il bien avisé de diviser les troupes ?
- Vous êtes sous mes ordres ! rétorqua Custer avec colère, avant de tourner les talons.
Benteen haussa les épaules et obtempéra. Sur les six cents hommes qui formaient l'ensemble des troupes de Custer, cent cinquante partirent vers cette mission inutile, traversant les badlands et leur étendue sans fin de collines et de vallées.
Même si Craig et le sergent Lewis ne devaient jamais le savoir, Benteen revint dans la vallée quelques heures plus tard avec des chevaux et des hommes exténués, trop tard pour apporter son concours, mais trop tard aussi pour se faire tuer.
Après avoir donné ses ordres, Custer leva de nouveau le camp et le 7e régiment reprit sa marche vers la rivière le long du cours d'eau.
¿ l'aurore, un groupe d'éclaireurs crows et rees qui s'étaient détachés de la colonne revinrent en arrière. Ils avaient découvert un monticule près du confluent de la rivière et du Dense Ash-wood Creek. Familiers de cette région, ils le connaissaient bien. H était planté de sapins, et un observateur posté au sommet pouvait embrasser du regard la vallée entière.
Deux Rees étaient montés dans un arbre et avaient vu quelque chose. En apprenant que Custer avait l'intention de continuer, ils s'assirent par terre pour entonner des chants funèbres.
Le jour se leva et la chaleur commença à s'installer. Devant Craig, le général Custer, vêtu de sa tenue de daim crème, enleva sa veste, la roula et l'attacha derrière la selle. H ne garda que sa chemise en coton bleu, le visage protégé par un chapeau beige à large bord. La colonne atteignit le monticule. Custer le gravit jusqu'à mi-hauteur et observa à la longue-vue ce qui se passait plus loin. Us étaient installés sur la berge du ruisseau, à trois miles du confluent avec la rivière. quand il redescendit pour s'entretenir avec ses officiers, une rumeur se propagea le long de la colonne. Il venait d'apercevoir une partie d'un village sioux, et de la fumée s'élevait des feux de camp. On était maintenant en milieu de matinée.
Sur l'autre rive, à l'est de la rivière, s'alignaient des collines 218
qui bouchaient la vue à un observateur placé au niveau du sol. Cependant, Custer avait mis la main sur ses Sioux. Il n'avait pas d'idée précise sur leur nombre et ignora les mises en garde de ses éclaireurs. H décida donc de donner l'assaut - la seule manouvre à figurer dans son lexique personnel. H choisit comme plan de bataille un mouvement de tenaille. Au lieu d'attaquer les Indiens par le sud et d'attendre que Terry et Gibbon les coincent par le nord, il préféra former les deux pinces de la tenaille avec ce qui restait du 7e régiment.
Toujours attaché à son cheval en attendant la sentence de la cour martiale, Ben Craig l'entendit ordonner à son commandant en second, le major Marcus Reno, de mener vers l'ouest trois compagnies, la A, la M et la B. Elles étaient censées gagner la rivière et passer à gué avant de prendre à droite pour charger l'extrémité sud du village.
H laisserait une compagnie sur place à surveiller les chariots et le fourniment. Avec les cinq compagnies restantes, il galoperait plein nord derrière les collines et ressortirait pour descendre le long de la rivière, qu'il traverserait afin d'attaquer les Indiens par le nord. Entre ses cinq compagnies et les
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