Le vétéran

fille. Selon ses dernières instructions, les hommes devaient la surveiller toute la nuit sans la toucher, pour que le général puisse prendre sa décision le lendemain matin.
    - Je suppose que mon sergent pourrait confirmer mes dires, dit-il en conclusion.
    - Oui, mon capitaine, renchérit Braddock.
    - Les preuves sont suffisantes, décréta Custer. qu'on le mette aux arrêts de rigueur jusqu'à ce qu'il passe en cour martiale. Allez chercher le prévôt. Craig, en laissant fuir cette prisonnière, vous lui avez permis de rejoindre et de prévenir nos ennemis. Ceci est un cas de trahison, passible de pendaison.
    - Elle n'est pas partie vers l'ouest, objecta Craig. Elle a pris en direction de l'est pour rejoindre sa famille, ou du moins ce qu'il en reste.
    - Mais elle peut encore indiquer notre emplacement à l'ennemi, aboya Custer.
    - Us le connaissent déjà, mon général.
    - Comment le sais-tu ?
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    - fls nous ont suivis toute la journée.
    Ses paroles furent saluées par dix secondes de silence abasourdi. Le prévôt fit son apparition, un grand gaillard de vétéran aux manières directes.
    - Occupez-vous de cet homme, sergent. Arrêts de rigueur. Demain au lever du jour, il passera brièvement devant la cour martiale. La peine sera appliquée sur-le-champ. Voilà, ce sera tout.
    - Demain, c'est le Jour du Seigneur, fit remarquer Craig. Custer réfléchit quelques instants.
    - C'est exact. € ne sera pas dit que j'aurai fait pendre un homme un dimanche. Nous attendrons lundi.
    Dans un coin, l'adjudant major William Cooke griffonnait un compte rendu qu'il fourrerait plus tard dans sa sacoche. C'est à ce moment-là que Bob Jackson s'approcha de la tente à cheval. quatre Rees et un Indien Crow l'accompagnaient. Partis dès le crépuscule en reconnaissance, ils avaient mis longtemps à revenir. Jackson avait du sang blanc et du sang pied-noir.
    Tout émous-tillé, Custer se leva d'un bond en entendant son rapport. Juste avant le coucher du soleil, les éclaireurs indiens de Jackson avaient découvert les traces d'un campement important ; de grandes marques circulaires signalaient l'emplacement des tipis. La piste partait en direction du nord, à l'opposé de la vallée de la Rosebud.
    Custer avait deux raisons d'être enthousiaste. Tout d'abord, le général Terry lui avait donné l'ordre de remonter jusqu'aux sources de la Rosebud, et de décider par lui-même de la suite s'il se procurait de nouvelles informations. C'était le cas, et Custer avait désormais tout loisir de mettre au point et d'exposer une stratégie personnelle, une tactique et un plan de bataille, sans se soumettre à de quelconques consignes. De plus, il avait enfin l'impression d'avoir mis la main sur la plus grande partie des introuvables Sioux. ¿ vingt miles de distance se trouvaient une autre vallée et une autre rivière : la Little Bighorn, coulant vers le nord pour se jeter dans la Bighorn, qui à son tour confluait avec la Yellowstone.
    D'ici deux ou trois jours, les troupes amalgamées de Terry et de Gibbon atteindraient le confluent et se dirigeraient vers le sud en suivant la Bighorn. Les Sioux seraient pris dans un étau.
    - Levez le camp, ordonna Custer. On va faire du chemin pendant la nuit.
    Chaque officier alla retrouver son unité et Custer se tourna vers le prévôt.
    - Sergent, gardez ce prisonnier près de vous, attaché à son cheval. Restez juste derrière moi. qu'il voie un peu ce qui va arriver à ses amis.
    Us chevauchèrent toute la nuit. Us quittèrent la vallée, progressant sur un terrain difficile, au relief accidenté, pour monter vers la ligne de partage des eaux. Les hommes et leurs montures commençaient à donner des signes de fatigue. Ils parvinrent à la ligne de partage - le point culminant entre les deux vallées -dans la nuit du dimanche 25 juin. Il faisait encore nuit noire, mais les étoiles brillaient. Juste après la ligne de partage des eaux, ils trouvèrent un petit ruisseau que Mitch Bouyer identifia comme étant le Dense Ashwood Creek. Il descendait vers l'ouest pour confluer avec la Little Bighorn au creux de la vallée. La colonne suivit le cours d'eau.
    Peu avant l'aube, Custer ordonna une halte, mais on n'établit pas de camp.
    Les hommes épuisés bivouaquèrent et essayèrent de dormir un peu. Craig et le prévôt avaient suivi Custer à seulement cinquante mètres, au milieu de la troupe d'état-major. Craig montait toujours son cheval, mais son fusil Sharps et son couteau de chasse