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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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nous venons, et qu'ils ne sont ni au sud ni à l'est, ils se trouvent forcément à
    l'ouest. Vous pouvez le signaler au général.
    Le capitaine Acton repoussa du bout des doigts la main qui retenait son poignet, comme si elle était pestiférée. H se redressa et jeta un coup d'ceil à sa montre half-hunter en argent.
    - C'est l'heure de la soupe dans la tente du général, annonça-t-il. Il faut que j'y aille.
    Manifestement, la captive avait cessé de l'intéresser.
    - Sergent, quand il fera nuit noire, emmenez-la dans la prairie et achevez-la.
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    - Rien ne nous empêche de nous amuser un peu avant, pas vrai, capitaine ?

    demanda le sergent Braddock.
    Les autres approuvèrent en riant grassement, tandis que le capitaine Acton enfourchait son cheval.
    - Franchement, sergent, je me fiche pas mal de ce que vous pouvez faire.
    Il éperonna sa monture pour rejoindre la tente du général, à l'autre bout du camp. Les autres aussi se remirent en selle. Le sergent Braddock se pencha vers Craig avec un coup d'oeil égrillard.
    - Veille bien sur elle, mon gars, on va pas tarder à revenir.
    Craig alla jusqu'au chariot garde-manger le plus proche et se servit une assiette de porc salé, de galettes et de haricots. Après s'être procuré une boîte de munitions, il s'assit pour manger. Il revoyait sa mère quinze ans auparavant, en train de lui lire la Bible à la lueur chiche d'une chandelle de suif. Il repensa aussi à son père, tamisant patiemment le sable des ruisseaux qui dévalaient les flancs des Pryor, en quête de l'insaisissable métal jaune. Il évoqua enfin le vieux Donaldson, qui ne l'avait frappé
    qu'une fois à coups de ceinturon, le jour o˘ il avait traité cruellement l'animal qu'il venait de capturer.
    Peu avant huit heures, à la nuit close, il se leva pour aller rapporter sa gamelle et sa cuillère dans le chariot. Il retourna ensuite auprès du travois. Il ne dit pas un seul mot à la jeune fille. Il se contenta de détacher les traits sur le dos du poney pinto et de déposer la litière par terre. Soulevant la fille dans ses bras, il la hissa sans effort sur le dos de l'animal et lui tendit les rênes, le doigt pointé vers les grands espaces de la prairie.
    - Va-t'en ! lui dit-il.
    Elle le dévisagea pendant quelques instants, puis il donna une claque sur la croupe du poney. La seconde d'après il était parti. Une bête vaillante et robuste, sans fers aux sabots, qui saurait retrouver son chemin sur des kilomètres de prairie jusqu'à ce qu'elle flaire l'odeur de ses congénères.
    Intrigués, plusieurs Indiens Rees l'observaient à une centaine de mètres.
    quand ils vinrent le chercher à neuf heures, leur colère fut violente.
    Retenu par deux soldats, il se fit rouer de coups par le sergent Braddock.
    Lorsqu'il s'effondra, ils le traînèrent à travers le camp pour l'amener au général Custer. Ce dernier était attablé
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    devant sa tente à la lumière de quelques lampes à huile, en compagnie d'un groupe d'officiers.
    George Armstrong Custer a toujours été un mystère. Mais il est évident que sa personnalité présente deux aspects : un bon et un mauvais, une part de lumière et une part d'ombre. quand s'exprimait son meilleur côté, il pouvait se conduire en compagnon agréable, plein de rires et d'allégresse, porté sur les farces d'écolier. Doué d'une énergie infatigable et d'une endurance hors du commun, il s'investissait sans cesse dans de nouveaux projets, capturant la faune des Plaines pour l'envoyer aux zoos de la côte Est ou s'initiant à la taxidermie. Malgré les années de séparation, il restait irréprochablement fidèle à son épouse Elizabeth, dont il était fou.
    Après quelques beuveries de jeunesse, il s'était mis à observer une abstinence complète, ne s'octroyant même pas un verre de vin aux repas. Il ne jurait jamais et proscrivait le moindre écart de langage en sa présence.
    Durant la guerre de Sécession, quatorze ans plus tôt, il avait fait preuve d'un courage si éblouissant, d'une si totale impavidité, que le simple lieutenant qu'il était avait bientôt été promu général de division. S'il avait accepté d'être rétrogradé lieutenant-colonel, c'était juste pour pouvoir rester dans l'armée réduite de l'après-guerre. ¿ la tête de ses troupes, il avait foncé dans des rideaux de flammes ardentes, mais jamais encore il n'avait reçu de balle. Alors que des foules de civils le tenaient pour un héros, il s'attirait la méfiance et

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