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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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venait, ni comment il était monté à cette altitude. Il lui semblait inconcevable qu'il ait pu résister au froid sans vêtements. Craig savait simplement que certains visionnaires défiaient toutes les lois connues.
    H sentit bientôt la présence de Whispering Wind à l'entrée de la grotte.
    - C'est une faute aux yeux des hommes, et à ceux de Meh-y-yah, le Grand Manitou, déclara le vieillard.
    La lune ne s'était pas levée, mais dans l'air pur et glacé, les étoiles scintillaient d'un éclat si vif qu'elles baignaient la large 267
    corniche d'une lumière laiteuse. Craig voyait leur lueur se refléter dans les yeux du vieil homme qui le fixait sous son arbre.
    - Pourquoi donc, grand chaman ?
    - Elle est promise à un autre. Son fiancé a combattu vaillamment contre les wastchu. C'est un homme d'honneur, et il ne mérite pas qu'on le traite ainsi.
    - Mais à présent elle est ma femme.
    - Elle sera ta femme, homme des montagnes. Mais pas encore. C'est le Grand Manitou qui parle. Elle doit retourner vers son peuple et vers son fiancé.
    Si elle le fait, vous serez réunis un jour et vous deviendrez mari et femme. Pour l'éternité. Ainsi a parlé Meh-y-yah.
    Ramassant un b‚ton près de lui, il s'appuya dessus pour se lever. Sa peau sombre et ridée était pincée par le froid, protégée seulement par un pagne et des mocassins. Leur tournant le dos, il s'éloigna à pas lents au milieu des pins et disparut progressivement sur le chemin.
    Whispering Wind leva son visage vers Craig. Les larmes qui roulaient sur ses joues ne tombaient pas, gelées avant d'avoir touché son menton.
    - Je dois retourner vers mon peuple, c'est mon destin.
    Craig ne protesta pas. Cela n'aurait servi à rien. H prépara son poney à
    partir pendant qu'elle enfilait ses mocassins et s'enroulait dans sa couverture. Après l'avoir serrée dans ses bras une dernière fois, il la hissa sur le dos du poney et lui tendit les rênes. Sans un mot, elle mena sa monture vers la piste pour redescendre.
    - Wind-That-Talks-Softly, appela-t-il.
    Elle se retourna et le dévisagea au clair de lune.
    - Nous serons réunis, un jour. C'est ce qui a été annoncé. Tant que l'herbe poussera et que couleront les rivières, je t'attendrai.
    - Moi aussi, Ben Craig.
    Elle était partie. Craig contempla le ciel jusqu'à ce que le froid devienne trop mordant. H mena Rosebud au fond de la grotte et lui prépara une brassée d'aiguilles de pin. H tira ensuite la peau de buffle un peu plus loin dans les ténèbres et sombra dans le sommeil, enveloppé dans ses plis.
    La lune se leva. Les braves virent la jeune fille se rapprocher 268
    d'eux à travers le plateau pierreux. Elle distingua deux feux de camp sur une des pentes du ravin, là o˘ poussaient les pins. Entendant un hibou ululer doucement près du feu qui brillait sur la gauche, elle s'avança dans cette direction.
    Les hommes ne lui dirent rien. Ce serait à son père Tall Elk de lui parler.
    Cependant, ils avaient des ordres à exécuter. Le visage-p‚le qui avait déshonoré leur village devait périr. Ils attendirent le lever du jour.
    ¿ une heure du matin, d'énormes nuages roulèrent au-dessus des monts Beartooth et la température commença à baisser. Autour des deux feux de camp, les hommes grelottants se serrèrent plus étroitement dans leur couverture, mais c'était peine perdue. Bientôt ils étaient tous éveillés et ajoutaient du bois à leur feu. La température n'en continua pas moins à
    chuter.
    Habitués aux grands froids implacables du Dakota, les Cheyennes et les Blancs n'ignoraient pas les rigueurs du plein hiver, mais là, on n'était qu'à la fin du mois d'octobre. Trop tôt. Et pourtant la température descendait toujours. ¿ deux heures, la neige tomba, telle une muraille de blancheur. Dans le camp des cavaliers, les éclaireurs crows se levèrent.
    - Il faudrait partir, dirent-ils à l'officier.
    Sa cheville avait beau le faire souffrir, il n'oubliait pas que la capture et la prime donneraient un nouveau tour à sa carrière dans l'armée. Il leur répondit alors :
    - H fait froid, mais le jour ne va pas tarder à se lever.
    - Ce n'est pas un froid ordinaire, répliquèrent-ils. C'est le Froid du Grand Sommeil. Aucune couverture ne saura nous en protéger. Le wasichu que vous cherchez est déjà mort. Ou sinon il mourra avant l'aube.
    - Dans ce cas, partez, fit l'officier.
    La poursuite était terminée. Sa proie se cachait dans la montagne qu'il avait vue miroiter au clair

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