Le vétéran

ravine, rien ne lui laissa supposer que ses poursuivants étaient toujours à ses trousses. Il ne se doutait pas que les éclaireurs crows avaient signalé que les Tuniques Bleues avaient péri dans le blizzard et que leur proie avait d˚ y rester aussi.
    H retrouva le sentier qui descendait vers Lake Fork et remontait de l'autre côté. Tandis qu'il traversait le Silver Run, le soleil s'éleva dans le ciel, trente degrés au-dessus de la ligne d'horizon. Craig commença à se réchauffer.
    H chemina dans la forêt de pins jusqu'à ce qu'il rencontre des arbres à
    feuilles plates. Là, il établit son campement. Il était midi.
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    ¿ l'aide de rameaux flexibles et d'une cordelette sortie de sa sacoche, il fabriqua un piège à lapins. Il fallut une heure pour qu'un rongeur innocent surgisse de son terrier. Craig tua et dépeça l'animal, et alluma un feu avec un silex et de l'amadou. Il dégusta avec plaisir la viande rôtie.
    Il campa une semaine en lisière de la forêt et recouvra ses forces. La viande fraîche ne manquait jamais et il pouvait taquiner la truite dans les nombreux ruisseaux ; pour se désaltérer, l'eau lui suffisait amplement.
    ¿ la fin de la semaine, il résolut de regagner les plaines. En voyageant à
    la faveur de la nuit et en restant caché pendant la journée, il pourrait aller dans les Pryor, o˘ il construirait une cabane pour s'installer durablement. Il demanderait alors o˘ étaient partis les Cheyennes et attendrait que Whispering Wind soit libre. Il était convaincu que ça finirait par arriver, puisqu'il en avait été décidé ainsi.
    La huitième nuit, il sella son cheval et quitta la forêt. Se fiant aux étoiles, il se dirigea vers le nord. La lune était haute dans le ciel et baignait le paysage d'une p‚le lumière blanche. Après avoir progressé la nuit entière, il campa tout le jour dans le lit asséché d'un cours d'eau, à
    l'abri des regards. Il cessa d'allumer des feux et mangea la viande qu'il avait séchée dans la forêt. La nuit suivante, il partit à l'ouest, en direction des Pryor. Il traversa bientôt une longue bande de roche dure et noire, qui s'évasait petit à petit. Juste avant l'aube, il en franchit une deuxième, et puis ce fut terminé. Il entra alors dans les badlands, pénibles à traverser mais offrant des cachettes s˚res. H vit au clair de lune un troupeau de bétail silencieux et s'étonna de la sottise du colon qui avait laissé son cheptel sans surveillance. Les Crows s'en régaleraient avec joie s'ils le découvraient.
    C'est au quatrième matin de son périple qu'il arriva en vue du fort. Il avait campé sur un tertre, et au lever du soleil, il le vit se dresser sur les contreforts du mont West Pryor. Il passa une heure à l'observer, guettant les signes d'une présence humaine, le chant d'un clairon, une volute de fumée sortant de la cantine des soldats. N'ayant rien vu de tout ça, il se retira pour dormir à l'ombre d'un hallier. Durant le repas du soir, il réfléchit à ce qu'il lui fallait faire. Dans ces régions éloignées de la civilisation, un voyageur solitaire était constamment exposé au danger. Manifestement, le fort venait d'être b‚ti. Il n'existait pas l'automne précédent. Ainsi, l'armée étendait son contrôle sur les terres tribales des Crows. Un an plus tôt, les forts les plus proches étaient Fort Smith à
    l'est sur la Bighorn River, et Fort Ellis au nord-ouest sur la piste de Bozeman. Il ne pouvait pas se rendre dans ce dernier sous peine d'être reconnu.
    Mais si ce nouveau fort n'était pas occupé par le 7e régiment ou par les hommes de Gibbon, il n'y avait aucune raison pour que quelqu'un l'identifie. Et s'il se présentait sous un faux nom...
    fl sella Rosebud, décidé à partir en reconnaissance pendant la nuit, sans toutefois se montrer. Il s'approcha du fort au clair de lune. Aucun drapeau militaire ne claquait sur le m‚t, aucune lumière ne filtrait de l'intérieur, et il n'entendit pas le moindre bruit humain. Enhardi par le silence, Craig alla à cheval jusqu'à l'entrée principale. Deux mots étaient inscrits au-dessus. Il reconnut le premier comme FORT, parce qu'il l'avait déjà vu et qu'il en connaissait la forme. Par contre, il ne se souvenait pas du second. La première lettre se composait de deux b‚tons verticaux reliés par une barre. ¿ l'extérieur, le grand portail à deux battants était fermé par une chaîne et un cadenas. Il fit contourner à Rosebud les murs d'enceinte hauts