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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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tête, puis il la hocha en silence, les yeux levés vers le ciel derrière le jeune éclaireur.
    Craig regarda à son tour et, ne voyant rien, se retourna aussitôt. Sous son chapeau, Brian Heavyshield, un de ses camarades qui jouaient les Indiens, le regardait avec de grands yeux, comme s'il avait perdu l'esprit. Il retourna près de l'entrée.
    Le second chariot débarqua ses passagers, une ribambelle d'élèves de maternelle agglutinés autour de l'institutrice, Jean, vêtue d'une chemise à
    carreaux et d'une casquette de base-bail. En se penchant pour mettre fin à
    une bagarre entre marmots, elle s'essuya le front avec la manche de sa chemise. Gênée par la visière, elle enleva sa casquette, libérant un flot de cheveux noirs qui se déroula jusqu'à sa taille. Troublée de se sentir observée, elle se tourna vers lui. Un visage ovale, d'immenses yeux bruns : c'était Whispering Wind.
    Cloué sur place, il était incapable de proférer un seul mot. H savait qu'il lui fallait dire quelque chose, aller vers elle, n'importe quoi. Mais il n'y arrivait pas, se bornant à la contempler. Rougissant d'embarras, elle détourna les yeux et rassembla ses élèves pour commencer la visite. Une heure plus tard ils arrivèrent aux écuries, guidés par Charlie. Ben Craig était en train de panser Rosebud. Il savait bien qu'ils allaient venir : il se trouvait sur leur
    itinéraire.
    - Voici l'endroit o˘ nous mettons les chevaux, annonça Charlie. Certains appartiennent au régiment de cavalerie, d'autres aux pionniers qui ne font que passer. Ben que vous
    voyez ici s'occupe de sa jument Rosebud. H est à la fois chasseur, trappeur et éclaireur, et il a vécu dans les montagnes.

    - Je veux les voir tous, les chevaux ! brailla un des bambins.
    - Mais oui, mon coeur, répondit Charlie, on va les voir. Simplement ne t'approche pas trop, au cas o˘ ils se mettraient à ruer.
    Charlie fit passer les petits devant les boxes. Craig se retrouva tout seul en face de la jeune fille.
    - Désolé de vous avoir regardée comme ça, m'dame, lui dit-il. Je m'appelle Ben Craig.
    - Bonjour, moi c'est Linda Pickett, fit-elle en lui tendant la main.
    Lorsqu'il la prit dans la sienne, il la trouva tiède et menue, comme dans son souvenir.
    - Je peux vous poser une question, m'dame f
    - Vous appelez toutes les femmes ´ m'dame ª ?
    - S˚r, c'est ce qu'on m'a appris. «a se fait pas ?
    - Disons que c'est un peu protocolaire. Dans le genre démodé. qu'est-ce que vous vouliez me demander ?
    - Si vous vous souveniez de moi. Son front se plissa.
    - Je n'en ai pas l'impression. On s'est déjà rencontrés ?
    - Oui, il y a très longtemps.
    Elle se mit à rire. C'était bien le son qu'il se rappelait, autour des feux de camp du village de Tall Elk.
    - Dans ce cas, je devais être très jeune. O˘ est-ce que c'était ?
    - Venez, je vais vous montrer.
    Il entraîna dehors la jeune fille perplexe. Au-delà des palissades en bois, les pics de la Pryor Range s'élevaient au sud.
    - Vous savez ce que c'est ?
    - Les monts Beartooth ?
    - Non, ils sont plus à l'ouest. «a, ce sont les Pryor. C'est là que nous nous sommes rencontrés.
    - Mais je n'y suis jamais allée. Mes frères m'emmenaient camper quand j'étais petite, mais jamais là-bas. Il se tourna pour contempler le visage aimé.
    - Vous êtes devenue institutrice ?
    - Oui, à l'école maternelle de Billings. Pourquoi ?
    - Vous pensez revenir ici bientôt ?
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    - Je n'en sais rien. D'autres groupes ont réservé pour venir. Je serai peut-être de service. Pourquoi cette question ?
    - Je voudrais que vous reveniez. Je vous en prie. Il faut que je vous revoie. Promettez que vous viendrez.
    Le visage de Miss Pickett s'empourpra de nouveau. Jolie comme elle l'était, les garçons lui avaient souvent fait des avances. En général, elle les balayait d'un geste de la main, avec un rire qui rendait le message clair sans blesser l'interlocuteur. Mais ce jeune homme était curieux. Il n'usait pas de flatteries, ne faisait pas de sourires aguicheurs. Il avait un air grave, sérieux et candide. quand elle plongea les yeux dans son regard bleu cobalt à l'expression si franche, elle sentit quelque chose frémir en elle.
    Charlie ressortit alors des écuries avec les enfants.
    - Je ne sais pas, dit la jeune fille, je vais y réfléchir.
    Une heure plus tard elle avait quitté le fort avec son groupe.
    Une semaine s'écoula, mais elle finit par revenir. Comme une de ses collègues avait été appelée

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