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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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auprès d'un parent malade, il manquait un accompagnateur et elle s'était proposée. Par cette journée de grosse chaleur, la jeune fille ne portait qu'une robe toute simple en coton imprimé.
    Craig avait prié Charlie de consulter la liste des groupes inscrits, pour voir si la maternelle de Billings n'avait pas réservé.
    - H y a quelqu'un qui vous intéresse, Ben ? demanda-elle d'un air malicieux.
    Elle n'était pas déçue, sachant qu'une relation avec une fille sensée l'aiderait énormément à réintégrer le monde réel. La vitesse à laquelle il apprenait à lire et à écrire lui faisait grand plaisir. Elle s'était procuré des livres faciles, pour qu'il puisse les déchiffrer mot à mot.
    Elle pensait qu'à l'automne elle pourrait lui trouver un logement en ville et un travail de serveur ou de vendeur, tandis qu'elle noterait pour sa thèse les progrès qu'il accomplirait.
    Ben faisait le guet au moment o˘ les chariots déposèrent leur cargaison de gamins et d'enseignants.
    - Miss Linda, vous voulez bien faire un tour avec moi ?
    - Un tour ? O˘ ça ?
    - Dans la prairie, pour qu'on puisse parler. Elle objecta qu'elle devait surveiller ses élèves, mais une collègue plus ‚gée lui chuchota avec un clin d'oeil appuyé qu'elle
    pouvait la laisser profiter de son nouvel admirateur si elle en avait envie. C'était effectivement le cas.
    Ils s'éloignèrent du fort et trouvèrent un éboulis à l'ombre d'un arbre. Il semblait avoir perdu l'usage de la parole.
    - D'o˘ êtes-vous, Ben ? lui demanda-t-elle. Elle se rendait compte de sa timidité et l'appréciait beaucoup. H désigna de la tête les lointaines montagnes.
    - Vous avez été élevé là-bas, dans les montagnes ? Nouveau signe de tête.
    - Dans quelle école êtes-vous allé ?
    - Aucune.
    Elle eut du mal à assimiler cette information. Passer toute sa jeunesse à
    chasser et à poser des pièges, sans jamais mettre les pieds à l'école, ça dépassait l'imagination.
    - Ce doit être tellement calme dans les montagnes. Pas de circulation, pas de radios ni de télés.
    Il ne comprenait pas de quoi elle parlait, mais il supposa qu'elle faisait allusion à des choses bruyantes, autres que le bruissement des arbres et le chant des oiseaux.
    - C'est le bruit de la liberté, répondit-il. Dites-moi, Miss Linda, vous avez déjà entendu parler des Cheyennes du Nord ?
    Le changement de sujet la surprit et la soulagea en même temps.
    - Bien entendu. En fait, mon arrière-grand-mère maternelle était une Cheyenne.
    Penchant la tête vers elle, la plume d'aigle voletant dans la brise tiède, il la fixa de ses yeux bleu sombre au regard implorant.
    - S'il vous plaît, parlez-moi d'elle.
    Linda Pickett se souvenait que dans son enfance sa grand-mère lui avait montré une antique photographie de sa propre mère, une vieille femme toute ridée. Malgré le passage du temps, les grands yeux, le nez fin et les pommettes hautes laissaient supposer que la vieille dame sur ce sépia jauni avait été très belle. Elle raconta à Ben tout ce qu'elle savait, ce que sa grand-mère lui avait dit quand elle était enfant.
    La jeune Cheyenne s'était mariée avec un brave, dont elle avait eu un petit garçon. En 1880 une épidémie de choléra s'était déclarée dans la réserve, les emportant tous les deux. Deux ans
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    plus tard, un prédicateur de la Frontière épousa la jeune veuve, au mépris de la réprobation des autres Blancs. C'était un grand blond, d'origine suédoise. Ils eurent trois filles ensemble, dont la grand-mère de Miss Pickett, qui était la benjamine.
    Cette dernière se maria à son tour - avec un Blanc, bien entendu - et mit au monde un garçon et deux filles, dont la plus jeune était née en 1925.
    Vers l'‚ge de vingt ans, cette seconde fille, prénommée Mary, vint chercher du travail à Billings. Elle se fit embaucher à la Farmers' Bank, fondée depuis peu.
    Un caissier sérieux et travailleur du nom de Michael Pickett occupait le guichet voisin du sien. Ils se marièrent en 1945. En raison de sa myopie, le père de Linda ne fut pas envoyé à la guerre. Le couple eut quatre garçons - tous grands et blonds -avant la naissance de Linda en 1959. Elle venait d'avoir dix-huit
    ans.
    - Je ne sais pas trop pourquoi, je suis née avec des cheveux noirs et des yeux bruns. Rien de commun avec papa et maman. Voilà, vous savez tout.
    Maintenant, c'est à vous.
    Il ignora son invitation.
    - Est-ce que vous avez une marque à la jambe

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