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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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droite ?
    - Ma tache de naissance ? Comment diable êtes-vous au courant ?
    - S'il vous plaît, laissez-moi la voir.
    - Mais enfin, c'est personnel.
    - Je vous en prie.
    Après quelque hésitation, elle releva sa robe en coton sur une cuisse mince et ambrée. Elles étaient toujours là. Les deux fossettes qui marquaient d'un pli l'endroit o˘ la balle du soldat était entrée et ressortie, près de la Rosebud. Agacée, elle rabattit sa robe sur sa jambe.
    - Je peux faire autre chose pour vous ? demanda-t-elle sur un ton sarcastique.
    - Une seule. Savez-vous ce que signifie Emos-est-se-haa'e en langage cheyenne ?
    - Je n'en ai pas la moindre idée.
    - «a veut dire ´ Wind-That-Talks-Sofdy ª. Whispering Wind. Je peux vous appeler comme ça ?
    - Je ne sais pas trop. S˚rement que oui, si ça vous fait plaisir. Mais pour quelle raison ?
    - Parce que autrefois c'était votre nom. Parce que j'ai rêvé de vous, que je vous ai attendue. Et que je vous aime. Elle se leva en rougissant violemment.

    - «a ne tient pas debout. Vous ne me connaissez pas, et moi non plus. De toute façon, je suis déjà fiancée.
    Elle s'éloigna avec raideur, refusant de lui parler davantage.
    Pourtant, elle revint au fort encore une fois. Elle lutta contre sa conscience, se répétant qu'elle se conduisait comme une folle, comme une imbécile qui n'a plus toute sa tête. Mais dans sa tête elle voyait le regard bleu qui la fixait droit dans les yeux, et elle finit par se convaincre qu'elle devait aller dire à cet amoureux transi qu'une nouvelle rencontre ne mènerait à rien. Du moins, c'est ce qu'elle pensait faire.
    Un dimanche, une semaine avant la rentrée des classes, elle monta dans un bus de touristes au centre-ville et descendit sur le parking du fort. On aurait cru qu'il sentait qu'elle allait venir. Comme chaque jour il attendait sur le terrain de manouvre, et il avait sellé Rosebud. H aida la jeune fille à monter en croupe et se dirigea vers la prairie. Rosebud connaissait le chemin jusqu'au ruisseau. Us mirent pied à terre au bord de ses eaux scintillantes, et il lui raconta qu'il avait perdu ses parents quand il était petit, et qu'un montagnard l'avait recueilli et élevé comme son propre fils. Il expliqua aussi qu'au lieu d'étudier des cartes et des livres, il avait appris à reconnaître la foulée de chaque animal sauvage, le cri de tous les oiseaux, la forme et les caractéristiques des arbres.
    Elle lui confia qu'elle menait une existence très différente de la sienne, rangée et conventionnelle, réglée comme du papier à musique. Elle lui révéla enfin que son fiancé appartenait à une grande famille immensément riche, qui lui offrirait tout ce qu'une femme pouvait désirer au monde, comme le lui avait dit sa mère. Il n'avait donc rien à attendre d'elle.
    C'est à ce moment-là qu'il l'embrassa. Elle essaya de le repousser, mais au contact de ses lèvres, elle sentit ses forces l'abandonner et elle ne put s'empêcher de nouer ses bras derrière sa nuque. Son haleine ne sentait pas l'alcool et le tabac froid comme celle de son fiancé. En plus il ne tripotait pas son corps. Elle respira son odeur : un mélange de peau de daim, de feu de bois et de sapin. Bouleversée, elle s'écarta de lui pour retourner vers le fort.
    301
    H lui emboîta le pas mais ne la toucha plus. Rosebud cessa de brouter pour les suivre.
    - Restez avec moi, Whispering Wind.
    - Je ne peux pas.
    - Nous sommes destinés l'un à l'autre. C'est ce qui a été annoncé il y a très longtemps.
    - Je ne peux pas vous répondre. Il me faut y réfléchir. C'est de la folie.
    Je suis fiancée.
    - Dites-lui qu'il devra patienter.
    - C'est impossible.
    A ce moment-là, un chariot b‚ché franchissait le portail, en route vers le parking invisible. Elle obliqua pour pouvoir monter à bord. Ben Craig enfourcha sa jument et suivit le chariot au pas. Arrivés sur l'aire de stationnement, les passagers descendirent du chariot afin de monter dans le bus.
    - Whispering Wind, s'écria-t-il, est-ce que vous reviendrez ?
    - Je ne peux pas, je dois épouser quelqu'un d'autre. quelques mères de famille regardaient d'un oil critique ce farouche jeune homme qui importunait visiblement une charmante jeune fille. Les portes automatiques se fermèrent en grinçant et le chauffeur démarra. Avec un hennissement effrayé, Rosebud se cabra bien haut sur ses pattes arrière tandis que le bus se mettait en route, accélérant sur le chemin de terre battue qui menait

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