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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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la chaîne entre le puits et la cour, distribuant les rations aussi vite que possible. Les Allemands disaient Danke, les Français murmuraient Merci et les douze Britanniques y allaient de leur Ta, mate.
    ´J'invoquais un souffle de vent frais ou le coucher du soleil. Pas la moindre brise, mais au bout de douze heures de chaleur infernale, le soleil s'est couché et la température est tombée. En milieu d'après-midi, un jeune capitaine de l'état-major de Lemel-sen était passé par hasard. Il s'était arrêté un moment pour regarder autour de lui, puis il s'était signé en marmonnant : Du lieber Gott ! avant de s'enfuir en courant. Je l'ai poursuivi en criant que j'avais besoin d'aide, et il m'a répondu par-dessus son épaule qu'il ferait son possible. Je ne l'ai jamais revu.
    ´ Pourtant, il a peut-être fait quelque chose. Une heure plus tard le médecin-général du 14e régiment a envoyé une charrette à bras remplie de médicaments. Des pansements, de la morphine, des sulfamides. «a tombait bien. Après le coucher du soleil, un nouveau groupe de blessés est arrivé.
    Tous allemands cette fois. Une vingtaine, qui portaient le nombre total à
    deux cent vingt. Et à la faveur de l'obscurité, elle est revenue.
    - La même ? La drôle de fille ?
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    - Oui. Elle semblait surgir de nulle part, comme la nuit précédente. Au-delà des murs de la cité, les tirs d'artillerie avaient fini par se taire.
    J'ai supposé que les Alliés mettaient au point une ultime offensive décisive : la destruction de Sienne. Je priais pour que nous soyons épargnés, mais je savais bien que ça ne servait à rien. Le calme régnait enfin dans la cour, mis à part les cris, les plaintes, et les hurlements sporadiques des hommes en proie à la souffrance.
    ´J'ai entendu le bruissement de sa robe pendant que j'opérais un commandant de char d'assaut de Stuttgart, qui avait eu la moitié de la m‚choire arrachée. Je me suis retourné et elle était là, en train de mouiller une serviette dans le réservoir à eau. Avec un sourire, elle a commencé à
    évoluer parmi les soldats étendus à terre. Elle s'agenouillait auprès d'eux et leur tamponnait le front, effleurant délicatement leurs plaies. Je lui ai demandé de ne pas toucher aux pansements, mais elle ne s'est pas interrompue.
    - Et c'était bien la même fille ? coupa l'Américain.
    - Oui, c'était la même. Mais j'ai remarqué cette fois quelque chose qui m'avait échappé la nuit précédente. Ce n'était pas une robe qu'elle portait, mais l'habit d'une religieuse novice. J'ai réalisé alors qu'elle devait venir d'un des couvents de Sienne. Un motif était dessiné sur le devant de son vêtement, gris foncé sur fond gris clair. C'était la Croix de Jésus, à une différence près : un des bras était brisé et formait un angle de quarante-cinq degrés.
    Venue de la vaste place, une nouvelle rumeur gronda par-dessus les toits.
    Les porte-étendards ayant achevé leur démonstration, les dix chevaux, enfermés jusqu'alors dans la cour de la Podesta, furent amenés sur la piste sablée, harnachés de leur bride mais non sellés. Il s'agit en effet d'une course à cru. Le Palio en l'honneur duquel elle allait se disputer fut hissé devant la tribune des juges, provoquant une nouvelle vague d'acclamations.
    Dans la cour, l'épouse du touriste se leva pour tester sa cheville tordue.
    - Je crois que je pourrai marcher doucement.
    - quelques minutes de plus, ma chérie. Après, je te jure qu'on ira s'amuser. Alors, cette deuxième nuit ?
    - J'ai opéré les vingt derniers - les derniers Allemands. Ensuite j'ai tenté avec mon nouveau matériel de soigner un peu 165
    mieux mes patients de la veille. Maintenant, j'avais de la morphine à ma disposition, et des antibiotiques. Je pouvais au moins aider ceux qui souffraient le plus à mourir en paix.
    - Et ça a été le cas ?

    - Non. Us étaient suspendus entre la vie et la mort, mais aucun n'a succombé. Pas cette nuit-là. La jeune religieuse a passé la nuit à se déplacer parmi eux en souriant, sans prononcer une parole. Elle leur bassinait le visage d'eau fraîche, à peine tirée du puits, et posait la main sur leurs blessures. Ils la remerciaient en tendant les bras vers elle, mais elle s'écartait doucement et continuait son chemin. Vingt-quatre heures durant, j'avais m‚ché des cachets de Benzédrine pour ne pas céder à
    la fatigue.
    Áux approches du jour, comme je n'avais plus rien à faire et que mon stock

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