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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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stock, donnant autant qu'il pouvait pour une cause qu'il croyait perdue. Le matin il ne restait plus rien.
    Ćette nuit-là, j'ai remarqué autre chose que je n'avais pas vu. La jeune fille était jolie, mais j'ai distingué au clair de lune une grande tache sombre sur le dos de chacune de ses mains, à peu près de la taille d'un dollar. Pendant des années, je n'y ai plus repensé. quand je me suis retourné avant l'aurore, elle avait disparu.
    - Vous ne l'avez jamais revue ?
    - Non, jamais. Juste après le lever du jour, j'ai vu flotter des drapeaux à
    toutes les hautes fenêtres que vous voyez là-bas. Pas avec l'aigle du Reich ; ça, c'était fini. Les Siennois avaient recousu et accroché ensemble les drapeaux des Alliés, surtout la bannière tricolore de la France. Ils ont fleuri dans toute la cité. Vers sept heures, j'ai entendu des pas remonter la ruelle. J'ai eu peur. Pensez donc, jamais de ma vie je n'avais vu de soldat allié armé, mais la propagande hitlérienne nous avait inculqué
    que c'étaient tous des assassins.
    Ćinq minutes plus tard, cinq soldats se sont arrêtés sous l'arcade.
    Bruns, basanés, avec des uniformes tellement salis de boue et de sueur que j'avais peine à deviner à quelle unité ils appartenaient. C'est alors que j'ai remarqué la croix de Lorraine. C'étaient des Français, ou plus précisément des Algériens. Ils m'ont crié quelque chose que je n'ai pas compris. En français ou en arabe ; j'ai haussé les épaules en souriant. Je portais ma blouse tachée de sang sur mon pantalon et ma chemise de la Wehrmacht, mais elle ne les empêchait pas de voir mes bottes. Recon-naissables entres toutes. Celles de la Wehrmacht. Les Allemands avaient fait de nombreuses victimes au sud de Sienne, et pour ces hommes en face de moi, je représentais l'ennemi. Us ont pénétré dans la cour et ont brandi leurs fusils sous mon nez en vociférant. Je me suis dit qu'ils allaient m'abattre. Et puis un des blessés algériens a appelé doucement, depuis ce coin là-bas. Les
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    soldats sont allés le trouver et ont écouté les paroles qu'il leur murmurait. quand ils sont revenus, leur humeur avait bien changé. Us ont sorti une cigarette au go˚t épouvantable et m'ont forcév à la fumer en signe d'amitié.
    ´ ¿ neuf heures, les soldats français ont envahi la ville, assaillis de toutes parts par des Italiens en extase, par des filles qui les étouffaient sous leurs baisers. Moi, je suis resté ici avec mes bienveillants geôliers.
    Un peu plus tard, un major français s'est présenté. H connaissait quelques mots d'anglais, et moi aussi. Je lui ai expliqué que j'étais un chirurgien allemand, et que j'étais resté en arrière avec mes malades. Alliés pour la plupart, avec des Français parmi eux. Il s'est précipité vers les hommes allongés par terre et, réalisant qu'il y avait là une vingtaine de ses compatriotes, en plus des Alliés américains et britanniques, il est sorti dans la ruelle pour appeler à l'aide. Une heure plus tard, les blessés avaient été transférés à l'hôpital militaire, presque vide désormais. Seuls étaient restés quelques Allemands intransportables. Je les ai accompagnés.
    ´ Pendant qu'un fusil me tenait en respect dans le bureau de la surveillante générale, le médecin-général français a examiné les patients un par un. Ils étaient maintenant couchés dans des draps propres, et des infirmières se relayaient auprès d'eux pour les laver et leur donner des aliments aussi nourrissants que possible, qu'elles leur faisaient manger à
    la cuillère.

    ´ L'après-midi, le médecin-général est entré dans le bureau, suivi d'un général français. Un certain De Monsabert, qui parlait l'anglais. "Mon collègue m'apprend que la moitié de ces hommes auraient d˚ mourir, m'a-t-il dit. que leur avez-vous donc fait ?" J'ai raconté que je m'étais débrouillé
    de mon mieux avec le matériel et les médicaments à ma disposition. Ils se sont entretenus en français, après quoi le général m'a dit : "Nous devons tenir les registres à jour pour les familles. O˘ sont les plaques d'identification de ceux qui n'ont pas survécu - toutes nationalités confondues ?" J'ai répondu qu'il n'y avait pas de plaques, car aucun des hommes soignés dans la cour n'avait succombé.
    Ús ont repris leur discussion, et le médecin a haussé les épaules à
    plusieurs reprises. Le général a demandé alors : "Pouvez-vous me donner votre parole que vous

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