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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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passaient leurs journées
en les cabarets, jouant aux dominos ou courant les filles faciles : mais
pourquoi ne point louer les filles faciles quand la vie est si courte ?
    Les poissonniers attendaient sourire aux
lèvres et se frottant les mains heures des repas et arrivée du seigneur
Chikamatsu Yasatsuna qui, prenant couteau des mains du boutiquier, coupait en
gestes admirables de précision morceaux de poisson qu’il avalait crus en son
bon contentement. On lui conservait également quelques algues, dont il avait la
gourmandise, et bien heureux ainsi de n’avoir point à les jeter en la voirie
puisqu’il se trouvait fol pour tant les apprécier.
    On attendait également, le matin et le soir, sorties
et entrées de monsieur le baron de Sousseyrac, commandant l’infanterie d’assaut.
Le matin, l’œil frais et le teint rose, il attendait sur le pont du Dragon
Vert l’arrivée des trois violons qui le précédaient partout en la ville, telle
une petite cour. Mais on les guettait aussi le soir lorsque monsieur de
Sousseyrac, l’œil battu et le teint brouillé, revenait incertain au navire
précédé des trois violons titubant qui jouaient musique si infâme que les
chiens du port s’enfuyaient à l’autre bout de la ville en hurlant à la mort.
    Monsieur le baron Charles Paray des Ormeaux, lui,
partait chaque jour à cheval en l’arrière-pays de Toulon. En un lieu
demi-désertique, il rencontrait vieux berger qui appliquait sur les yeux du
second linge mouillé d’une eau de source mêlée de racines et plantes de
Provence mais si, en l’instant, des Ormeaux sentait profond bien-être, celui-ci
durait une journée et la mal vue revenait. À présent, et bien qu’il n’en parlât
à personne, le second craignait de devenir aveugle.
    Monsieur le baron Martin Fey des Étangs, lieutenant
en le vaisseau royal, continuait à connaître vif succès en ses entreprises, celles-ci
consistant uniquement à séduire les dames. Il ne se montrait pas toujours
exigeant, ni sur la beauté, ni sur l’âge, mettant frénésie certaine à
additionner les conquêtes. Peut-être celles-ci servaient-elles à lui faire
oublier qu’enfant, dernier venu après nombreux frères et sœurs, on ne lui
accorda nulle importance et son père parlait-il de son plus jeune fils qu’il
déclarait, sans le point connaître réellement, qu’il était trop maigre et donc
certainement stupide. Fey des Étangs en avait certes souffert, mais bien moins
que de l’indifférence de sa mère, madame la baronne ne le voyant tout
simplement pas. Et, petit enfant, bravait-il la froideur du regard maternel
pour venir embrasser celle dont il pensait qu’elle avait moyen d’apaiser ses
frayeurs, il se trouvait repoussé sans ménagements, traité d’idiot et envoyé en
sa chambre sans souper.
    Monsieur Fey des Étangs aimait les femmes aux
belles poitrines qu’il caressait longuement, n’hésitant point à téter : par
chance, les femmes auxquelles il imposait semblable pratique ne s’en
plaignaient pas, y voyant agaceries qui n’étaient pas désagréables, et non
point, comme il eût sans doute convenu, nostalgie d’une petite enfance volée.
    Le baron Fey des Étangs avait adopté politique
de grande constance envers les maris cocus par sa faute. Leur ayant pris – quelque
temps – leur femme, il estimait qu’il eût été du dernier mauvais goût de leur
prendre également la vie, aussi, bien qu’il fût très remarquable lame, déclinait-il
toute invitation à se battre en duel lancée par de colériques maladroits.
    Si bien qu’on vit souvent, et pour le plus
grand plaisir des dames qui se pressaient aux fenêtres, le jeune et très beau
baron s’enfuir par les toits, nu, ce qui permettait de détailler son anatomie
et de constater que sa réputation n’était point usurpée.
    Ce jour-là, cependant, ni lui ni les autres ne
pouvaient se consacrer aux occupations habituelles, aussi agréables
fussent-elles.
    Menée par les énergiques Cornélius Van der
Linden et Peter Van Kappel, toujours très unis l’un à l’autre, petite troupe de
huit hommes d’équipage fit le tour des cabarets afin de ramasser et ramener
avec eux – parfois sur leurs épaules – tous les marins du Dragon Vert qui se trouvaient en ces mauvais lieux car événement important s’allait
produire sur le pont du navire. En effet, on amenait à marier forte jeune fille
avec un charpentier du bord, celui-ci l’ayant mise grosse, chose qui

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