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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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en manière déguisée. Oublier cette jolie baronne
dont il supportait mal de briser la vie à l’aube d’un grand bonheur en envoyant
à la boucherie l’homme qu’elle aimait.
    Il ne voulait plus aller retrouver, comme la
chose était prévue, la duchesse de Medina Sidonia mais monter à cheval et tuer
la bête sous lui à force de chevaucher en forêt.
    Mais, avant tout, il lui fallait partir. Non, point
partir : fuir !
    Il se tourna vers la baronne.
    — Je suis bien aise de vous connaître, madame.
    Puis, à Nissac :
    — Et pareillement pour vous, cher Nissac.
    Le comte, une lueur amusée dansant en ses yeux
gris, répondit :
    — Nous nous connaissions déjà, Sire.
    Henri quatrième sentit le sol se dérober sous
lui. Non, Nissac n’oserait pas…
    Il répondit assez sèchement :
    — Vous m’étonnez, Nissac !
    — Il n’est point étonnant que Votre
Majesté l’ait oublié, mais je vous ai approché lors de la bataille de
Fontaine-Française.
    — Fontaine-Française ?… Vraiment ?…
répondit Henri quatrième d’une voix sifflante tandis que la peur lui serrait la
poitrine.
    — Oui, j’y étais, Sire !… Et je vous
ai suivi, d’assez loin, il est vrai, lorsque vous avez mené la charge.
    Henri quatrième rougit violemment, de honte et
de bonheur tout à la fois. Ainsi, si Nissac, le principal intéressé, écrivait l’histoire
de cette façon, il ne risquait plus, plus jamais !, d’être tourné en
ridicule pour avoir volé à un garçon de seize ans l’honneur d’avoir mené une
des plus belles charges de l’histoire de la cavalerie française.
    Mais la honte avait également installé ses
campements infâmes en le cœur du roi. Quoi, il allait faire crapuleusement tuer
par les Espagnols homme qui à toutes ses qualités ajoutait à présent élégance
extrême et rare intelligence qui veut qu’en l’histoire, il est grand et utile
qu’on sache s’effacer, oubliant toutes les vanités au profit de la cause que l’on
sert ?
    Henri quatrième songea à tout annuler mais
réalisa aussitôt combien telle inconstance serait mal comprise, et par Nissac
le tout-premier.
    Les larmes lui vinrent aux yeux en voyant l’irrésistible
sourire du comte de Nissac qui le regardait en grande confiance et sympathie
alors qu’il le trahissait – pour la seconde fois après Fontaine-Française – et
allait le faire tuer.
    Et les larmes coulèrent tout de bon sur les
joues du roi lorsque son regard croisa ces magnifiques yeux gris, profonds, rieurs
et graves tout à la fois qui bientôt, seraient des yeux morts.
    En un irrésistible élan, le roi de France prit
Nissac dans ses bras et l’embrassa avec chaleur puis :
    — Je t’aime, Nissac !… Je t’aime, car
j’ai tout compris. Tu es à présent mon frère et autorisé à me parler comme tel.
Sois prudent, méfie-toi de tous, prends le temps, l’or, les canons, tout ce
dont tu as besoin car le royaume de France tout entier, son peuple, son armée
et ses richesses seront partout et toujours à ton service. Et le Louvre, la
maison qui t’attend en comptant les jours.
    Henri quatrième se détourna et s’éloigna à
grands pas pour tenter de dissimuler son émotion.

48
    « Jaune » s’avançait, tenant en ses
bras l’enfant de dix-huit mois.
    En grande fermeté de caractère et sagesse
étonnante, il avait fait ses adieux au monde. Il n’espérait guère que sa mort
fût rapide, connaissant le peuple et ses bonnes dispositions à traîner en ce
genre de choses. Le coup d’épée en plein cœur, la balle dans la tête, il n’y
fallait point songer. Tout juste espérait-il qu’on cacherait la scène au petit
garçon qu’il tenait en ses bras, celui-là même qui lui souriait et lui faisait
confiance, l’être qu’il aurait le plus aimé au monde avec ses pauvres parents
auxquels il regrettait tant d’avoir causé grand embarras par sa seule existence.
    Il se souvint des jolies choses évoquées non
sans mélancolie à l’idée que la vie allait brusquement s’arrêter pour lui, ces
choses qui furent parmi les plus belles en sa vie d’errance : courses de
papillons, soleil levant ou couchant, chants d’oiseaux, musique des frais
ruisseaux jouant aux fols entre les rochers…
    Il se contraignit peu ensuite à songer à
différents versants de sa vie : chiens féroces lancés à ses trousses, coups
de pied et de bâton, rires cruels, dégoût inspiré aux femmes, froid vous
faisant disputer la paille aux

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