Le Voleur de vent
de La Force. Tandis qu’en
l’arrière du bâtiment, où nombreux échafaudages demeuraient et grand nombre d’échelles,
l’aventure risquait d’être vécue.
Il restait quelque distance à parcourir avant
d’arriver en la partie arrière du Fort du Feu, et la chose était rendue
difficile en raison que va-et-vient des ouvriers faisait du sol boueux piétiné
par milliers de pas surface des plus glissantes qui rappela aux vétérans la mer
du Texel gelée.
Nissac, en tête de colonne, fit signe aux
hommes qu’ils se rangent au pied des échafaudages dès qu’ils arriveraient.
L’amiral éprouva grande commisération pour ses
marins et soldats car ils semblaient harassés, mais en très grande patience à
la peine. Ils progressaient d’un pas lourd, barbes naissantes, visages boueux, cheveux
collés par mèches et de grands cernes mauves sous leurs yeux injectés de sang.
Lorsque tous furent tapis au pied du fort, l’amiral
donna le signal en abaissant l’épée qu’il tenait levée.
Aussitôt, qui agrippant échelle et qui
escaladant échafaudages tel qu’on verrait faire des singes, marins et soldats
du royaume de France investirent le Fort du Feu.
Rapidement, ils arrivèrent au rempart inachevé
et les quatre sentinelles furent aussitôt semblables à hérissons en raison qu’une
vingtaine de couteaux de lancer les percèrent de toutes parts et en même temps
avant qu’ils ne poussent un cri.
Le comte de Nissac possédait un bon avantage
en cette affaire qu’un moine espagnol, contre monnaie d’or, avait dressé un
plan du fort si bien que l’amiral, qui l’avait appris en ses moindres détails, s’y
pouvait diriger les yeux fermés.
Un des dortoirs, où logeaient cinquante hommes
d’une place qui en comptait deux cents, fut rapidement atteint et, quoi qu’il
en coûtât à Nissac, il savait qu’il ne pouvait progresser plus avant en le fort
laissant troupe aussi considérable derrière lui.
Aussi, s’étant regroupés, les Français
ouvrirent-ils la porte à coups de botte avant de se ruer en l’endroit. On se
battait à l’arme blanche, au pistolet et même à bout portant à l’arquebuse qui
arrachait tête ou membres entiers. Mais, comme le craignait Nissac, les
derniers Espagnols en le dortoir, bien réveillés, vendirent chèrement leur peau,
tuant deux soldats français.
On entendait cloches d’alarme sonner follement
tandis que des voix hurlaient aux armes, écho renvoyant ce cri battre les murs
du fort.
Ayant emprunté surcroît d’armement avec celui
des Espagnols morts en le dortoir, Nissac barra la galerie à l’aide de lits et
de matelas constituant solide barricade derrière laquelle, tel qu’il l’avait
estimé en son projet, il plaça vingt arquebuses. Se relayant par groupes de dix,
les uns tirant quand les autres rechargeaient, on pouvait espérer tenir un
certain temps.
Continuant sa course, Nissac et ceux qui lui
restaient nettoyèrent trois chambres d’officiers puis atteignirent les
appartements du commandant de la place lequel visait Valenty avec son pistolet
lorsqu’il fut crucifié sur sa porte par la courte lance « Yari » à
deux tranchants du seigneur Yasatsuna.
D’un geste violent qui étonna Isabelle, Nissac
jeta une torche sur le lit du commandant qui s’enflamma aussitôt.
Puis, à sa suite, tous se ruèrent en la
poudrière, pièce sans fenêtre où se trouvait entreposée extraordinaire quantité
de poudre à laquelle on joignit celle qu’on avait amenée du royaume de France.
Bruit de mousqueteries et tirs d’arquebuses s’amplifiait
quand un homme, dépêché par Sousseyrac et Fey des Étangs qui commandaient la
barricade, arriva hors d’haleine :
— Monsieur l’amiral, la barricade va
céder, nous ne tiendrons plus longtemps. Plus nous tuons d’Espagnols, tant plus
il en arrive. Leurs cadavres atteignent hauteur d’une demi-toise au pied de la
barricade.
L’amiral de Nissac n’avait point escompté si
opiniâtre résistance, même en ses hypothèses les plus pessimistes, croyant que
la panique désorganiserait les rangs espagnols.
Conservant cependant tout son calme, il
comprit qu’il devait changer ses plans.
— Prends un tonnelet de poudre et va dire
à Sousseyrac de se replier en faisant sauter la barricade à l’instant où les
Espagnols la prendront d’assaut. Hâte-toi !
L’homme s’exécuta aussitôt.
C’est alors que l’amiral, après s’être
approché de l’oreille de Yasatsuna puis
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