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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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sans que la moindre goutte de sang eût été versée.
    Sousseyrac proposa alors sur ton d’ironie :
    — Le voulez-vous vraiment, messeigneurs ?
    L’un d’eux, plus prompt en son esprit que les
autres, répondit :
    — Nous nous en voudrions de provoquer
seigneur étranger aux si singulières manières.
    — Pouvez-vous m’indiquer un prêtre ?…
demanda alors Sousseyrac.
    — Ah çà, monsieur, est-ce pour nous faire
administrer derniers sacrements ?
    — Non point, monsieur, mais pour affaire
privée.
    Un quart d’heure plus tard, après être monté
en croupe de Sousseyrac, curé mariait sur le pont du Dragon Vert baronne
Isabelle de Guinzan et Thomas de Pomonne, comte de Nissac, amiral des mers du Levant.
    Puis, laissant étranges souvenirs en la jolie
et gracieuse ville de Dieppe, où l’on se demanda si l’on n’avait point rêvé, Le
Dragon Vert mit à la voile.
    L’escale n’avait point duré plus d’une heure.

75
    Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis l’attaque
du comte de Nissac et d’une partie de sa troupe contre les galions espagnols de
la Flotte du Nord immobilisés en les glaces de la mer du Texel.
    On pouvait, sans ridicule, imaginer l’arrivée
du printemps car l’air tiédissait.
    On pouvait également songer qu’on s’acheminait
vers la guerre. Car, en Europe, les plus avertis n’ignoraient point que le
vieil antagonisme entre la France et l’Espagne allait bientôt trouver solution
violente, et sans doute définitive, le vaincu entrant par la force des choses
en long processus de dépérissement.
    Tels n’étaient pourtant pas, du moins en
apparence, préoccupations de la Cour de France qui, sous la conduite d’Henri
quatrième, se rendait à la chasse à Blois en longues files de carrosses, chariots
et cavaliers.
    Les paysans, émerveillés ou, plus rarement, scandalisés,
selon la conscience qu’ils avaient de la justice et de l’égalité en ce monde, voyaient
passer beaux seigneurs en habits d’or et de pierreries, valets de toutes les
couleurs existant en l’arc en ciel, bouffons et nains auxquels s’ajoutaient
plusieurs monstres, chiens de chasse en meutes, oiseaux de proie, ambassadeurs
et leurs services, femmes quelquefois masquées, robins tenant leur écritoire, femmes
encore et toujours mais celles-ci la taille prise et fort mince, couvertes de
bijoux comme des déesses antiques, à cheval en prenant précaution de montrer
avec impudence leurs jambes splendides, et jusqu’aux cuisses, gainées de soie.
    En les villes et villages, laquais de grande
prétention et manières provocantes semaient le désordre car ils n’ignoraient
point que les toucher, c’était lever la main sur le blason que représentait
leur livrée.
    Henri quatrième allait à cheval, heureux que
le froid ait brusquement cessé même si, bien souvent, pluie le remplaçait.
    Du coin de l’œil il remarqua que l’ambassadeur
d’Espagne, don Inigo de Cardenas, poussant son cheval, cherchait à le rejoindre
et la chose l’amusa car il attendait cet instant depuis quelque temps déjà.
    L’ambassadeur salua le roi de France avec
signe extérieur de profond respect et cherchait moyen d’aborder sujet qui l’occupait
lorsque Henri quatrième prit les devants, mais cependant point comme l’espérait
l’ambassadeur de Philippe III :
    — Ah çà, monsieur l’ambassadeur, m’expliquerez-vous
chose qui intrigue l’Europe entière ?
    — À quoi pensez-vous, Sire ?
    — Pour quelle raison avez-vous tout
soudainement transformé votre magnifique Flotte du Nord en petit bois servant à
fabriquer les allumettes ?
    — Votre Majesté ne sait-elle point que
mille valeureux marins sont morts en cette tragique affaire ?
    — Du fait d’une quarantaine d’hommes… et
d’une femme, m’a-t-on dit, qui tous ne craignaient point de se lancer en
pareille aventure qui paraissait sans espoir.
    L’ambassadeur rougit, en l’impossibilité où il
se trouvait de tirer l’épée. Il répliqua cependant avec certaine sécheresse :
    — Quarante, peut-être, mais appuyés par
le plus redoutable vaisseau qui soit au monde.
    — Ah, voilà autre chose encore. Mais
vous-même, de vaisseaux, n’en aviez-vous point cinq ?
    — Pris dans les glaces, Sire.
    — C’est grande maladresse de la part de
vos capitaines.
    L’ambassadeur, pensif, hocha la tête, puis :
    — Sire, un seul navire est capable d’un
feu si dévastateur dont ont parlé la dizaine de survivants

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