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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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de celle de Valenty, leva un regard triste
sur la comtesse de Nissac.
    — Madame, je ne voulais point faire si
rapidement de vous une veuve…
    Les deux bras qui semblaient d’acier du
seigneur Yasatsuna enserrèrent Isabelle, empêchant tout mouvement, tandis que
Valenty, avec courtoisie mais fermeté, lui liait les mains à l’instant où la
jeune femme hurlait :
    — Non ! !
    Alors, délicatement, le comte mit bâillon de
soie sur la bouche de la comtesse.
    — Madame, voyez l’épaisseur de cette
porte et ces lourds verrous qu’on ne peut forcer de l’extérieur. Ce n’est qu’en
s’enfermant à l’intérieur de cette poudrière qu’on peut faire sauter le Fort du
Feu et ouvrir la route de l’Espagne aux armées françaises… Ne me criez point
dessus, je veux un instant vous dire adieu.
    Il abaissa foulard de soie rouge qui couvrait
la bouche de la comtesse. Elle ne cria plus et quoique sa voix tremblât, elle
paraissait calme.
    — Laisse-moi mourir avec toi. Que sera ma
vie, sans toi ?… Tu sais que jamais je ne pourrai t’oublier un instant, y
songeant mille fois par jour. Je t’en prie !… Je t’en prie !…
    — Qui sait, madame, si vous ne portez
point notre enfant ?… Le voulez-vous tuer, lui aussi ?
    Et en cela, le comte devinait avec justesse
car, à cette époque déjà, Isabelle portait le futur Loup de Pomonne, comte de
Nissac [22] .
    Le comte embrassa longuement son cher amour et
installa de nouveau, avec mille délicatesses, le bâillon de soie.
    Puis, murs tremblèrent un instant en
assourdissant vacarme : la barricade venait de sauter.
    Gris de poussière, Sousseyrac arriva le
premier, le sabre à la main. Ses yeux agrandis virent les liens de la comtesse,
les larmes sur les joues de Valenty, les visages accablés de ceux qui se
trouvaient là.
    Il allait protester, Nissac ne lui en laissa
point le temps.
    — Si tu m’aimes, obéis.
    Quelques instants plus tard, en le couloir, ceux
du Dragon Vert entendirent lourds verrous que le comte poussait en s’enfermant
à l’intérieur de la poudrière sans autre issue que cette porte solidement close.
    Aussitôt, les survivants portant quatre
cadavres des leurs sur les épaules se replièrent.
    Tous se retournèrent
en l’étroit sentier de montagne qu’ils dévalaient : formidable explosion
venait de pulvériser le puissant Fort du Feu.
    Il n’était plus possible d’espérer revoir
vivant Thomas de Pomonne, comte de Nissac, amiral des mers du Levant et celui
qui faisait rêver milliers de marins, ainsi que leurs femmes.
    Car tous le savaient : il n’était point
de fenêtre en la poudrière et jamais Nissac n’en aurait ouvert la porte.
    Au reste, l’explosion répondait à toutes les
questions en tuant tous les espoirs.
    Officiers, soldats et marins allaient tête
basse.
    Les plus déterminés voulaient poursuivre jusqu’au
bout mission du comte de Nissac, mais savaient qu’il n’était point remplaçable
et cette certitude leur faisait davantage baisser la tête.
    Seule Isabelle de Nissac, qu’on avait déliée, regardait
droit devant elle, souhaitant qu’à présent, la mort vienne vite.

77
    Un peu plus tôt en ce même jour, le duc d’Épernon,
en un nouveau lieu que le précédent et alors qu’il ignorait la mort de son
ennemi juré l’amiral-comte de Nissac, discourait en manière prétentieuse devant
les autres conjurés lesquels, comme lui, portaient cagoules de soie noire :
    — Ainsi ai-je l’assurance que celui qui
nous gêne par sa fidélité à l’usurpateur et peut-être, disons-le, certaine
efficacité en cet office, eh bien celui là qui a nom Nissac n’a plus longtemps
à vivre. Soyez en grande assurance sur ce point.
    — Pourquoi en serait-il ainsi ?… demanda
la belle marquise de Verneuil.
    — À terre, on l’attend de pied ferme et soyez
en la persuasion qu’il n’ira ni très loin, ni très longtemps. Sur mer…
    Malgré lui, d’Épernon regarda en la direction
de l’ambassadeur d’Espagne, don Inigo de Cardenas, qui en fut agacé, puis il
reprit :
    — Sur mer, l’Espagne, la Très Sainte Espagne,
celle que nous espérons voir bientôt unie au royaume de France afin qu’on y
brûlât définitivement l’hérésie, l’Espagne, donc, a décidé d’en finir avec l’amiral
de Nissac et son prétendu invincible Dragon Vert.
    Satisfait, son regard s’attarda sur les
conjurés silencieux. Il reprit alors :
    — Qu’il faille cinq, dix, vingt ou

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