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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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parmi nos mille
marins. Et un seul homme au monde est capable d’imaginer, de réaliser et de
réussir affaire si audacieuse.
    — Qui qu’il soit, il a bien du mérite… si
nous considérons ces événements du point de vue militaire et tentons d’oublier
que vous en fûtes victime.
    — Sire, nous le croyons amiral.
    Henri quatrième haussa les sourcils.
    — Vous n’y pensez point car cette fois
vous seriez la risée de l’Europe. Quoi, un amiral avec une poignée d’hommes
aurait détruit votre orgueilleuse Flotte du Nord… en vous attaquant pied à
terre ? Pied à terre, monsieur l’ambassadeur, imaginez-vous cela ?…
    L’ambassadeur d’Espagne ne se laissa point
démonter :
    — Que Votre Majesté ne se méprenne point,
mais j’aurais grande satisfaction à lui poser une question qui, bien entendu, n’est
en rien officielle.
    Henri quatrième sourit en caressant sa barbe.
    — Faites, mon bon, faites !…
    — Nous aimerions grandement savoir où se
trouve exactement un de vos navires qui a nom Dragon Vert et est
commandé par Thomas de Pomonne, comte de Nissac et votre amiral en les mers du
Levant.
    — N’est-il pas à sa place en les mers du
Levant ?
    — Tous les rapports indiquent qu’il n’y
est point, Sire.
    — Si vos rapports sont aussi fiables que
votre marine de guerre…
    — Je crois que l’amiral de Nissac est
connu pour son audace.
    — Nissac… Il me semble en effet connaître
cet amiral de Nissac.
    Maîtrisant son agacement, l’ambassadeur lança :
    — Sa Majesté le connaît forcément car c’est
le meilleur de ses marins.
    Le roi affecta de n’avoir pas même entendu
puis, soudainement, son visage s’éclaira.
    — Nissac !… Il vient de se marier. À
Dieppe, raison pour laquelle il n’est point en les mers du Levant.
    L’ambassadeur n’en crut évidemment pas un mot,
imaginant que le roi lui mentait. Cependant, en ce mensonge, précision donnée
sur Dieppe l’intriguait :
    — Dieppe est en effet bien loin des mers
du Levant, Sire.
    Le roi le regarda avec un feint découragement.
    — J’ignore ce qu’il en est en Espagne, curieux
pays qui prend si peu de soins de ses beaux navires qu’ils servent en brûlant à
faire fondre la banquise, mais en le royaume des lys, pour se marier, il faut
être deux. Je suppose donc que la jeune femme, une baronne qui a charmant
sourire et bien joli petit cul, m’a-t-on dit, a de la famille à Dieppe. Mais
vous vérifierez par vous-même puisque vous entretenez en mon royaume une forte
armée d’espions qui vont et viennent, oreilles et bourses grandes ouvertes.
    Henri quatrième, par sa police, n’ignorait pas
que le comte de Nissac avait donné consignes de discrétion aux Dieppois. Mais l’or
espagnol, coulant en abondance pour cet office, parviendrait à délier les
langues et toute l’affaire semblerait d’autant plus en grande vérité que les
susdits espions remarqueraient la discrétion exigée et observée par l’amiral de
Nissac, qui allait contre l’idée d’un coup monté car alors au contraire Nissac
n’eût pas manqué de faire largement connaître l’événement.
    Le roi, pour lui-même, se demanda si Nissac
avait poussé la diablerie jusqu’à organiser complaisant mariage ou si le hasard
faisait que, même lorsqu’il servait l’amour, l’amiral obligeait la cause du
royaume.
    Don Inigo de Cardenas, pour ce qui le
concernait, se trouvait grandement troublé. Il avait beau tenir le Béarnais qu’il
haïssait pour le roi le plus menteur de toute la chrétienté, le monarque avait
en cette affaire air tranquille et ton calme qui ne semblaient ni faux, ni
hypocrites, comme il n’hésitait point à donner lieux et détails sur ce démon de
Nissac.
    Certes, il ferait vérifier tout cela, et
plutôt mille fois qu’une mais en attendant, il était fort embarrassé pour
écrire le rapport qu’exigeait l’Escurial.
    Il crut donc de bonne politique d’achever
cette conversation par menace à peine voilée :
    — Un dernier point, Sire. Madrid m’informe,
et j’en suis désolé, que le passage de Gibraltar est des plus délicats ces
temps derniers. Tant de nos officiers et marins ont perdu qui des frères, qui
des amis, en la destruction de la Flotte du Nord…
    Henri quatrième cabra immédiatement à la
menace, répondant d’un ton cinglant :
    — Cardenas, conseillez à vos capitaines
de se tremper le cul en l’eau froide, c’est bon remède pour hommes à nature

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