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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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c’était sans doute le cas de la
duchesse de Medina Sidonia.
    Il passa la main sur les fesses rondes, et la
jeune fille tressaillit. Il croisa alors son regard et songea : « Fort
jolie, mais des yeux de veau. »
    Rassuré, il lui pinça les fesses et la toute
jeune fille piailla en riant stupidement :
    — Sa Majesté est fort coquine !
    « Dieu qu’elle est stupide ! »
pensa le roi en donnant claque sonore sur la paire de fesses.
    Jeune fille sursauta en gloussant :
    — Lassé de l’ainsi maltraiter, Sa Majesté
donnera-t-elle bon contentement à ce cul affamé qui l’attend en grande
impatience ?
    « Quinze ans, songea le roi, et elle
parle déjà comme bonne putain. »
    Pourtant, il savait qu’avec cette jeune fille,
il n’aurait point d’ennui car son épouse Marie de Médicis ne trouvait pas à
redire, et même encourageait ses aventures pourvu que les maîtresses ne fussent
ni intelligentes, risquant de le faire réfléchir à ce qu’il ne fallait point, ni
trop ambitieuses, intriguant pour le séparer d’elle.
    En cela, étonnamment, la reine montrait grande
subtilité car à tenir serré et par la force mari auquel on ne souhaite point
laisser faire certaines choses, celui-ci risque de se sauver tout de bon quand
liberté contrôlée ne porte point atteinte à sûreté du couple.
    Renonçant à s’amuser avec cette paire de
fesses peut-être trop complaisamment offertes, le roi s’allongea sur le dos, mains
derrière la nuque.
    Déconcertée, la jeune fille se mit à genoux et
observa le roi d’un air défait. Elle jouait gros, et ne l’ignorait pas, car qui
s’attachait en le lit la reconnaissance royale pouvait recevoir rentes et
châteaux. Et bien davantage en enfantant bâtard royal.
    Elle l’ignorait, mais Henri quatrième avait
suivi ses pensées. Il se trouvait hors l’illusion d’être aimé pour lui-même, sachant
bien que s’il n’était point roi, il serait seul en son lit.
    La très jeune fille lui fit pitié, aussi
expliqua-t-il :
    — Je suis ce soir fatigué.
    Cependant, pour elle, il n’était point
question de renoncer si vite et elle s’attarda sur le bas-ventre du roi.
    Curieux de ses talents, le roi laissa faire. Mais
de talent, il n’était point, aussi songea-t-il de nouveau aux affaires du
royaume et à cette question lancinante : Nissac allait-il réussir cette
fois encore ?

78
    La pluie avait cessé.
    Un vent puissant chassait de sombres nuages et
la nuit devenait très claire sous l’effet d’un magnifique clair de lune.
    Une lune superbe, ronde et étincelante.
    La comtesse de Nissac fut la première à y
songer, et fondit en larmes sans qu’on y puisse porter remède car, le mot
passant très vite, des officiers Sousseyrac, Fey des Étangs et Valenty jusqu’aux
marins et soldats sans oublier le seigneur Yasatsuna, tous éprouvèrent profonde
tristesse et désespoir en revoyant par la force du souvenir image du comte de
Nissac ôtant son beau chapeau à plumes pour saluer avec grâce celle que, tel qu’en
le temps où il était petit enfant, il appelait « Dame Lune » et qui
ce soir avait perdu un ami.
    Jean-Sébastien de Sousseyrac grimaça.
    — Il n’est point de bonne justice que
notre amiral soit mort et que nous ayons laissé son corps sous les ruines du
Fort du Feu car pas un d’entre nous ne le valait.
    Martin Fey des Étangs secoua la tête avec
résignation.
    — Qu’un autre s’enferme seul en la
poudrière pour faire sauter le Fort du Feu, nous permette d’échapper et ouvre
la voie à l’armée du duc de La Force, monsieur l’amiral ne l’eût jamais permis.
Toute sa vie il fut le premier à prendre l’épée et le dernier à la remettre en
son fourreau. Le premier debout et le dernier couché. Et quand vivres
manquaient à bord, le seul à dire qu’il n’avait pas faim pour le bénéfice de
ses marins. Sousseyrac, il était ainsi, vous le savez, et c’est la raison pour
laquelle nous l’aimions tant et sommes si désespérés.
    Se retenant de déraper sur l’étroit sentier
menant à la rivière Bidassoa, le baron de Valenty soupira :
    — Ce que je n’oublierai pas, dussé-je
vivre mille ans, c’est vision de l’amiral de Nissac, indifférent aux boulets
qui le frôlaient quand tous baissaient la tête, debout sur la dunette, ses yeux
gris posés sur navire ennemi comme s’il voulait l’envoûter par la force de son
regard.
    Le silence retomba, chacun perdu en l’évocation
de l’amiral

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