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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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disparu.
    On approchait de la rivière lorsqu’un marin
qui avançait en éclaireur revint vivement sur ses pas :
    — Un homme, seul !… Je n’ai pas osé
tirer car il est sur la rive française de la Bidassoa.
    Tous approchèrent et, se trouvant sur la rive
espagnole de la rivière, restèrent pétrifiés par spectacle qui les fit un
instant douter de leurs yeux.
    Et semblable chose, assurément, ne se peut
croire que lorsqu’on la vit soi-même car affaires de l’au-delà sont difficiles
à démêler en les croyances de chacun.
    Mais ce que tous voyaient en cet instant, et
qui devait demeurer une des plus belles images de leur existence, leur ôtait
même la force de bouger ou de parler car chacun craignait qu’un mot, un souffle,
ne dissipe cette apparition.
    Et puisqu’il faut finir enfin par tout dire, car
attente est mauvaise pour le caractère en cela qu’elle irrite les nerfs des
impatients, image que ceux du Dragon Vert avaient sous les yeux, pour
nouvelle qu’elle soit en ces circonstances, leur était cependant familière.
    Ainsi, sur la rive française de la Bidassoa, se
découpant parfaitement en silhouette sombre sur fond éclatant de pleine lune, un
homme ne prêtant nulle attention aux arrivants, et tout ruisselant de l’eau de
la rivière qu’il venait de traverser à la nage, lissait d’un geste élégant
plumes mouillées de son chapeau de feutre marine.
    Trois longues, fournies et ondoyantes plumes
vertes, bleues et blanches comme on n’en avait connu qu’au plus vaillant des
amiraux qui fût au monde.
    Puis l’homme tourna la tête. Son regard
chercha et trouva immédiatement celui de la comtesse de Nissac. Alors, jetant
son chapeau sur le sol, il plongea en la rivière qu’il venait de traverser mais
Isabelle de Nissac, qui ne craignait point de se mesurer à l’amiral en le
domaine de la passion, plongea elle aussi depuis la rive espagnole si bien qu’ils
se rencontrèrent en le mitan de la rivière Bidassoa, échappant ainsi au temps
qui efface tout car choses si belles ne vieillissent pas ni ne meurent jamais.
    Ils échangèrent long baiser passionné tandis
que le courant les ramenait vers la France.
    — C’est le diable en personne et il est
notre chef !… murmura jeune marin que semblable croyance semblait plonger
en un état proche de l’extase.
    Car, stupeur passée, ceux du Dragon Vert acclamèrent le couple et monsieur de Sousseyrac, souriant d’une oreille à l’autre,
glissa à Fey des Étangs :
    — L’amiral est immortel, je vous l’avais
bien dit.
    — Vous ne m’avez rien dit de pareil !…
protesta Fey des Étangs.
    — Fussent-ils deux cents à l’assiéger en
un fort inexpugnable, garnison ne pouvait venir à bout de l’amiral, comme bien
je vous en avais donné l’assurance.
    Fey des Étangs s’insurgea de nouveau :
    — Jamais vous ne tîntes tels propos !…
    Sur la rive où ils s’étaient hissés, le comte
et la comtesse de Nissac, ruisselants, s’embrassèrent de nouveau et ceux du Dragon Vert, abandonnant le matériel lourd ainsi que le recommandaient les
officiers, traversèrent à leur tour à la nage la Bidassoa.
    Nissac, souriant, les accueillit en disant :
    — Ah çà, messieurs, m’auriez-vous si vite
enterré ?… Les Nissac ont la mer pour linceul et point les décombres, ne l’oubliez
pas.
    Lorsqu’on se fut enfoncé davantage en
territoire du royaume des lys, à l’abri d’une contre-attaque espagnole et peu
avant de récupérer les chevaux, Nissac expliqua raisons de sa surprenante
survie malgré l’explosion du Fort du Feu :
    — Je me trouvais en la poudrière bien
close, résigné à mourir, mais les Espagnols, s’aidant sans doute d’une forte
poutre, tentaient d’enfoncer la porte. N’étant point en la bonne assurance que
la porte résisterait à si furieux assauts, j’entrepris de déplacer tonneaux de
poudre pour les installer derrière, afin de la consolider. Et c’est sous un de
ces tonneaux que je distinguai dalle avec un anneau. Tirant sur celui-ci, je
fis découverte d’un escalier menant à longue galerie – on ne m’avait point
informé de son existence. La torche à la main, j’en compris immédiatement le
sens ayant passé mon enfance à explorer les vastes souterrains du château des
Nissac à Saint-Vaast-La-Hougue. Le passage allait en ligne droite, meilleur à
la pratique que les sentiers de montagne. Il débouchait au bord de la Bidassoa,
où j’arrivai avant vous.
    Il

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