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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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préparation mais, fort heureusement, aucun nom ne fut
cité car les uns et les autres ne se connaissaient point, ne pouvant ainsi se
trahir.
    Après une courte période d’observation, le duc
approcha alors le marquis de Pinthièvre, dont on savait qu’il représentait les
intérêts des tout-puissants ducs de Guise, et tout spécialement Charles, gouverneur
de Provence. On se comprit rapidement, et des demi-mots, on passa à langage de
grande clarté. En chose si capitale, le marquis de Pinthièvre ne pouvait
engager les Guise sans leur en référer d’abord mais, dès que ce fut fait, il
apporta leur appui au complot.
    Dès alors, le duc d’Épernon entreprit Jehan de
Bayerlin, colonel aux chevau-légers, dont on disait qu’il ne se trouvait point
de meilleure lame en le royaume. Flatté d’être approché par si grand seigneur
que d’Épernon, Bayerlin se rallia dès l’instant où les choses furent dites mais,
si son accord fut rapide, il discuta longuement des avantages de toutes sortes
qu’il comptait retirer de sa participation au complot. À telle enseigne que d’Épernon,
pourtant peu regardant sur les défauts des autres, fut cependant déçu que si
grand capitaine possédât âme si mesquine.
    Enfin, à tous ceux-là, d’Épernon devait
ajouter celle qui se trouvait au sommet et à l’origine du complot, femme
mystérieuse qui se faisait accompagner par le moine à la petite voix méchante. Mais
ces deux-là ne feraient qu’un, puisque l’une avait fait savoir qu’elle se
trouverait représentée par l’autre.
    À mi-voix, le duc d’Épernon compta sur ses
doigts en commençant par lui-même, car c’était là son habitude en toutes
circonstances de se servir en premier :
    — Moi, cela fait un !… Le moine à la
voix étrange : deux !… Dietrich von Hoflingen : trois. L’ambassadeur
d’Espagne : quatre !… Son représentant en les basses œuvres, ce José
d’Altamaros : cinq !… La marquise de Verneuil : six !… Léonora
Galigaï : sept !… Concino Concini : huit !… Le marquis de
Pinthièvre, du parti des Guise : neuf !… Le cardinal de Bellany :
dix !… Jehan de Bayerlin, colonel en les chevau-légers : onze !…
    Il réfléchit un instant et ajouta :
    — Et l’assassin, dès lors qu’il sera
trouvé : douze !…
    Joyeux, il approcha son cheval de celui du
baron allemand.
    — Baron, nous sommes douze, comme l’étaient
les apôtres de Jésus-Christ. Voilà signe divin qui ne trompe point sur notre
prompt succès !…
    Von Hoflingen désigna d’un signe de tête qui
indiquait profonde lassitude la scène de viol qui se déroulait à quelques toises
des deux hommes.
    — Les apôtres ne violaient pas de pauvres
bergères.
    Le duc d’Épernon maîtrisa à grand-peine une
soudaine colère :
    — Baron, je vous trouve en mauvaise
disposition à mon égard et cela, trop souvente fois à mon goût.
    — Monsieur le duc, vous ne pouvez me
faire reproche que je vous dise la vérité, mais qu’y puis-je si celle-ci n’est
pas toujours chose plaisante ?
    — Il me déplaît de l’entendre.
    — Monsieur le duc, méfiez-vous plutôt des
flatteurs car, en la plupart des cas, ce sont gens malintentionnés.
    Le duc lui jeta un regard glacé.
    — Pourtant, je les préfère à d’autres qui,
me gâchant mes plaisirs, ne resteront point longtemps en mes bonnes grâces et s’en
retourneront d’où ils viennent.
    Le baron von Hoflingen perçut la menace mais
ne renonça point pour autant car il pensait en toute bonne foi que le dessein d’occire
Henri quatrième servait Dieu et l’Église. Cependant, il estimait aussi qu’une
noble cause perd sa légitimité si ses serviteurs s’avilissent au rang de ceux
qu’ils veulent abattre.
    Il répondit d’une voix mesurée :
    — Monsieur le duc, je ne parle en l’instant
que de vos gens qui violent pauvre fille car point tant ne me désole leur
cruauté, ni le peu d’entendement qu’ils ont de la souffrance, que votre
indifférence à celle-ci.
    — Il serait avantageux pour vous, baron, de
ne parler de certaines choses qu’à demi-bouche, ou de n’en point parler du tout,
ce qui serait mieux encore. Ah, regardez : voici le meilleur instant car
Toussaint connaît bien son affaire.
    Le baron suivit le regard du duc et vit un
homme, sans doute celui qu’on appelait Toussaint, qui serrait entre ses mains
puissantes le cou de la jeune fille. Étouffant, celle-ci sortit hors la

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