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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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dont les réponses les amèneraient
en ces dispositions où il se trouvait lui-même.
    Nissac aimait le monde secret de son esprit, il
l’aimait tel qu’on adore contrée que l’on chérit parce qu’on la redécouvre
toujours avec ravissement, elle et ses creux, ses collines ou ses ruisseaux
familiers et rassurants.
    Sans doute ne s’en rendait-il point compte, se
trouvant en grande solitude de pensée, mais le comte vénérait la Raison à l’égale
de la religion pour d’autres, ne doutant point qu’elle triompherait un jour qu’il
ne verrait hélas pas de son vivant.
    Et qui sait si d’autres, tout aussi
émerveillés qu’il l’était lui-même, ne partageaient pas secrètement ses
croyances ?
    Il sentit une présence et tourna la tête. Sousseyrac,
embarrassé de son grand corps, lui souriait.
    — Eh bien, Sousseyrac, en quelle humeur
êtes-vous ?
    — Excellente, monsieur le comte. Mais
vous, ne mangerez-vous pas ? répondit avec fort accent du sud-ouest du
royaume le capitaine commandant l’infanterie d’assaut.
    — Je n’ai guère faim. La raison en est
peut-être ces mouettes.
    Sousseyrac regarda en la direction indiquée.
    — C’est pourtant vrai. Et pourquoi s’opiniâtrent-elles
toutes ainsi à aller sur semblable point en l’horizon ?… La terre n’est-elle
pas lointaine ?…
    — Elle l’est, Sousseyrac.
    — En ce cas…
    — En ce cas, navire va poindre. Et je
sens qu’il ne sera point seul.
    — Espagnols ?
    — J’en doute, ce n’est point là leurs
routes maritimes.
    Les vigies signalèrent bientôt deux vaisseaux
et Nissac fit appeler l’équipage aux postes de combat.
    Les hommes, qui dissimulaient leur nervosité
sous un calme apparent, virent se dessiner les silhouettes de deux forts
galions arborant le pavillon noir emprunté aux pirates anglais des Antilles.
    Les navires, lourdement chargés, peinaient sur
la vague.
    Aux côtés du vice-amiral, le second, Charles
Paray des Ormeaux, avait remplacé Sousseyrac qui se trouvait à présent parmi
ses soldats, s’efforçant de ne point gêner les marins à la manœuvre.
    — Ils vont librement !… commenta le
second en observant les bâtiments.
    Nissac ne répondit point. Contrarié, il
constatait une nouvelle fois que Paray des Ormeaux y voyait de moins en moins
car les vaisseaux, des galions de prise, semblaient peiner en charge de forts
butins. Le vice-amiral se souvint en avoir ainsi arraisonné un semblable, après
violent combat, et l’un des barbaresques capturé confessa qu’il revenait d’une
longue campagne de dix-huit mois à écumer l’Atlantique avant de regagner la
Méditerranée.
    Paray des Ormeaux ébaucha légère grimace en
disant :
    — Nous allons affronter artillerie valant
deux fois la nôtre…
    — Il nous faudra donc nous montrer deux
fois plus intelligents ! répondit avec sécheresse le vice-amiral.
    Fugitivement, il s’interrogea sur cette
obstination à ne point fuir quand il pourrait sans peine se prévaloir de la
supériorité ennemie. Que cherchait-il ?… La mort ?… Voir jusqu’à quel
point son savoir-faire pouvait défier le nombre ?… Ou bien agissait-il par
sens du devoir, honneur, et respect de la parole donnée ?…
    Il ne répondit point à ces questions, voyant
les bâtiment pirates hisser le pavillon rouge : « Pas de quartier, pas
de survivants. »
    — Envoyez le même ! ordonna Nissac.
    Il était bien nouveau qu’un navire de la
marine royale arborât pavillon rouge qui n’appartenait ordinairement qu’à la
piraterie.
    Amusé par cette ruse, Paray des Ormeaux se
pencha vers Nissac :
    — Voilà qui va bien les surprendre, monsieur
l’amiral, et les plonger en grande confusion.
    Nissac n’entendit pas même ces paroles. D’un
calme absolu, il se demandait s’il existait manœuvre permettant à un galion
solitaire d’en affronter deux.
    Et de les vaincre.
    Sans se trouver lui-même envoyé par le fond
avec tout son équipage…

10
    De puissants coups de tonnerre faisaient
sursauter jusqu’aux plus courageux, tant ils se succédaient à rapide cadence. Des
éclairs zébraient le ciel noir et illuminaient par instants les tristes façades
de cette petite ville sans importance. Les maisons, groupées peureusement
autour de l’hôtel de ville, semblaient n’en devoir jamais finir de sangloter
depuis leurs toits d’ardoise une pluie fine et glacée.
    Certains, bien qu’ils aient su « le
monstre » derrière double rangée de

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