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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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la nuit froide.

8
    C’était un dimanche de brume et de gel.
    Le duc d’Épernon se sentait d’humeur
exceptionnellement bienveillante et c’est un sourire indulgent aux lèvres qu’il
assistait au viol d’une petite bergère par trois de ses gardes. Au reste, il
aurait bien tenté lui-même l’aventure, comme ses hommes lui en avaient fait
courtoise proposition dès qu’il eut accordé sa permission, mais il n’était
point certain que l’adolescente fût propre. À quoi s’ajoutait trop grande
occupation de son esprit en ses affaires pour ainsi culbuter une gueuse
rencontrée au hasard du chemin.
    Il feignit de ne point voir l’air contrarié de
Dietrich von Hoflingen. La pruderie du baron d’Allemagne l’étonnait et semblait
un constant désaveu de sa conduite même si von Hoflingen exécutait toujours les
ordres, tels que ses maîtres les Habsbourg avaient dû lui faire la leçon.
    D’Épernon songea que tout allait rondement en
le bon avancement du complot qui devait débarrasser le royaume des lys de l’usurpateur
hérétique, cette bête puante.
    Après Henriette d’Entragues, marquise de
Verneuil, l’ambassadeur d’Espagne, Don Inigo de Cardenas, s’était joint à la
conspiration, amenant en l’affaire un ancien jésuite de son pays, José d’Altamaros,
qu’on disait s’occupant des basses œuvres : crimes, corruption, chantage
et toutes choses qu’on ne pouvait faire qu’en secret et se dérobant à la royale
justice.
    Il avait également reçu avis, en grande
confidence, que Léonora Galigaï et son mari, Concino Concini, étaient du nombre
de ceux qui allaient bousculer le trône.
    — Ce sera décisif !… songea-t-il à
voix haute.
    Léonora Galigaï n’était certes point bien née,
mais elle se trouvait être la meilleure amie de la reine Marie de Médicis et
portait le titre très jalousé de Dame d’atours.
    On disait, et ce n’était point une légende, que
petite fille, Marie de Médicis se trouvait en humeur de perpétuel ennui et de
constante mélancolie. Qu’ainsi, la future reine de France se tenait loin des
choses, en situation d’éternelle bouderie, comme si l’existence ne la
satisfaisait point. La voyant si triste, un ingénieur qui travaillait au palais
proposa qu’on lui présente Léonora Dori, la fille d’un de ses charpentiers, vive
et joyeuse. Ainsi fut-il fait et elles devinrent les meilleures amies qu’il se
trouva jamais. Au point que Marie lui fit acheter le noble et glorieux nom de
Galigaï, qui allait se trouver sans descendance. Et qu’elle exigea, plus tard, que
Léonora Galigaï l’accompagne la toute première à la cour de France.
    Dès aussitôt, un homme était entré en la vie
de Galigaï, aussi beau qu’elle était laide. Concino Concini, puisque c’était
lui, appartenait à la noble famille des comtes de La Penna.
    Il fit d’abord de brillantes études, mais se
montra fort tôt joueur et débauché au point que son oncle, secrétaire du
grand-duc, l’expédia en France en lui interdisant de revenir jamais.
    Le jeune homme, prompt à tout comprendre, saisit
l’intérêt qui serait le sien à être en faveur auprès de l’amie de la reine qu’il
courtisa dès aussitôt sans retenue. D’abord en très grand étonnement de faire
telle impression sur le bel Italien, puis très flattée, Léonora lui céda et
devint son épouse. Lorsqu’il en fut ainsi, Concini n’eut guère de peine à
satisfaire son ambition, se trouvant bientôt en la charge de premier écuyer de
la reine.
    Mais bien qu’il fût subtil en ses artifices, Concini
ne put empêcher que le roi, qui avait grande connaissance des hommes, ne l’aimât
point.
    Songeant à toutes choses, et même aux temps
futurs où le complot étant réussi, l’histoire aurait à en connaître, le duc d’Épernon
imagina que l’Église de France devait être représentée en l’affaire. Or le
hasard le servit à merveille car le cardinal Mathieu de Bellany, jusqu’ici des
plus réservés, s’était en sa présence laissé aller à une violente charge contre
Henri quatrième, dont il soupçonnait que la conversion ne fût point sincère. Aussitôt
approché, le cardinal de Bellany avait demandé comme une faveur de participer à
ce qu’il appelait « l’acte de purification du royaume des lys ».
    Bien qu’il recommandât à chacun des conjurés
la plus grande prudence, le duc d’Épernon savait que courait déjà le bruit d’un
redoutable complot en

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