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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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paroles :
    — As-tu peur, garçon ?
    L’enfant n’osa point soutenir le regard de
Nissac et confessa :
    — Oui, monsieur l’amiral.
    Nissac lui sourit avec gentillesse :
    — Quelle que soit ta peur, et même si
elle noue ton ventre et glace ton petit cœur, tu dois savoir que j’ai plus peur
que toi encore.
    — C’est là chose impossible, monsieur l’amiral,
car vous êtes le plus ardent au combat et le plus hardi de tous.
    — Garçon, la peur n’est chose honteuse
que pour les imbéciles. Avoir peur de perdre la vie, ou de prendre celle d’un
autre homme, indique simplement grand respect de la plus belle chose qui nous
fut jamais donnée. Et surmonter sa peur est la seule marque de courage car il n’est
de courage que si la peur lui sert de mesure.
    L’enfant leva sur le vice-amiral un regard
émerveillé. Brusquement mal à l’aise devant ces yeux lumineux de confiance et
telle marque d’estime, le comte de Nissac ajouta d’un ton plus rude :
    — En l’assaut, reste quelques pas
derrière monsieur de Sousseyrac car le renégat qui le tuera n’est point né
encore.
    Puis, vivement, il se plaça devant la première
vague d’assaut.
    La duchesse de Medina ne pouvait détacher son
regard de cet homme en chemise, hautes bottes, chapeau marine empanaché de
plumes blanches, vertes et bleues qui tenait un pistolet en chaque main et un
sabre d’abordage entre les dents.
    Elle l’aimait déjà follement. Elle aimait qu’il
fût le premier à se lancer à l’assaut quand tant d’amiraux n’allaient jamais au
feu. Elle l’aimait pour ses paroles sur la peur et le courage. Elle aimait qu’il
doutât, qu’il fût à la fois si fort et si vulnérable.
    Mais, espagnole et duchesse, elle aimait
par-dessus tout qu’il se lançât ainsi en l’arène car viendrait-il à être tué, elle
pourrait l’aimer la vie entière sans qu’il s’y puisse opposer…

16
    Le capitaine renégat Johan Van Dick se tourna
vers son second, Graziano, et commenta d’une voix teintée en l’aigre poison de
la jalousie :
    — Observe comme il avance et vient vers
nous, ce chien de Nissac !
    — Chien sans doute, car il nous veut
occire, mais le plus habile marin que je vis jamais.
    — Cours t’engager à son bord, si tu
penses ainsi mais tu ne le feras point, sachant que nous possédons de quoi
anéantir dernier représentant de la marine royale en les mers du Levant.
    Il aspira l’air avec un bonheur feint, et
ajouta :
    — Bientôt, nous foulerons le pont du Dragon Vert et amènerons le pavillon du roi de France pour torcher nos culs !…
C’est la raison pour laquelle je ne veux pas que nous abîmions ce magnifique
galion qui n’a point souffert de nos boulets.
    « Ce n’est pas faute d’avoir essayé, incapable ! »
se dit Graziano qui ne répondit pas.
    Van Dick, songeur, suivait la manœuvre du Dragon Vert qui allait le mener bord contre bord pour l’abordage et l’explication
finale où il se trouvait en grande certitude et bon contentement de surprendre
et d’anéantir le comte de Nissac et les siens.
    — Eh quoi, ce n’est que justice, à la fin !…
maugréa-t-il entre ses très rares dents, toutes noircies par la pourriture.
    Van Dick ne pouvait se défaire de sa peur, parvenant
cependant à la tempérer par sa raison en songeant à l’arme secrète et
irrésistible qui se trouvait en ses cales.
    S’il parvenait à ne point frissonner en voyant
approcher Le Dragon Vert, et à oublier avec quelle furie Nissac et ses
hommes avaient la réputation de mener les abordages, il profiterait tout
entièrement de la joie future que lui donnerait spectacle des soldats et marins
du roi pour la première fois battus, humiliés, tête basse et mains en l’air.
    Venger le capitaine Bohrange ne lui déplaisait
pas car le Dunkerquois, dont il ne doutait pas qu’il se trouvât mort en cet
instant, était bon marin et franc compagnon. Mais le réjouissait plus encore l’idée
du prestige qui lui viendrait d’avoir pendu l’amiral de Nissac et tout cela n’était
rien s’il songeait à la grande fortune qui se trouvait en les cales de son
navire et dont il entendait bien profiter !… Trois années à écumer les
mers de Chine et du Japon avant de longer les côtes d’Amérique et de Cadie, qu’on
nomme aussi Nouvelle France.
    Non, il n’était point décidé si près du but à
perdre sa fabuleuse fortune et savait que, devant que le jour ne tombe, il
serait enfin un riche et

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