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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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certains,
par la suite, jurèrent qu’il ne l’avait point eu, le samouraï se retrouva le
sabre à la main et, le temps d’un soupir, la tête de Van Dick et celle de son
second, Graziano, volèrent en les airs, proprement décollées des épaules.
    Paray des Ormeaux, qui n’était point en grande
assurance, se tourna vers Nissac, quêtant un encouragement mais le vice-amiral,
qui ne semblait pas plus impressionné que cela, commenta sobrement :
    — Tiens, c’est une arme de taille et non
d’estoc. Voilà qui est curieux.
    L’équipage du Dragon Vert s’était
légèrement replié, pour signifier au Japonais qu’il n’était point solidaire des
renégats et les hommes regardaient en grande fascination le samouraï dont on
suivait la progression au-dessus de la mêlée en voyant têtes de pirates voler
en les airs et tourbillonner gracieusement avant que de retomber sur le pont du
navire en un bruit sourd, assez désagréable à l’oreille.
    Et tel était l’intérêt soutenu que les soldats
du roi, en qualité de spectateurs, portaient à cet étrange combat, qu’ils ne
virent point le comte de Nissac et le baron de Sousseyrac attaquer les pirates
à revers, afin d’alléger la pression pesant sur le seigneur du pays du Soleil
Levant.
    Rappelés à leur devoir, et assez rudement en
la manière, par monsieur des Ormeaux, ceux du Dragon Vert, en une
poussée irrésistible, enfoncèrent les rangs des renégats qu’ils taillèrent en
pièces, les derniers survivants préférant se jeter à la mer.
    Puis, un silence impressionnant tomba sur le
lieu du combat et le vice-amiral de Nissac s’approcha du samouraï agenouillé à
proximité du petit homme qui était en train de passer en l’autre monde.
    Le vieux chirurgien mourant trouva cependant
la force de sourire au comte qui, assis sur ses talons, le regardait avec bienveillance.
Le vieil homme toussa longuement, puis demanda :
    — Ne seriez-vous point monsieur de Nissac ?…
    — Je le suis, en effet.
    — Je vous vis voici des années à Toulon. Quel
plaisir d’être délivré par vous qui en ce temps-là commandait caraque royale et
sauva ma fille en surprenant les barbaresques quand ceux-ci allaient aborder
vaisseau où elle se trouvait voyageuse. Elle n’osa rien vous dire, mais tomba
en grande passion pour vous, monsieur le comte.
    Nissac, embarrassé, ne sut que répondre mais l’homme
dont la mort durcissait déjà les traits lui prit la main :
    — Le temps passe, monsieur le comte. Écoutez-moi,
je vous en prie. Je fus capturé voici un an au large des côtes de Nouvelle
France sur bâtiment marchand dont l’équipage fut promptement occis et je ne dus
la vie qu’à mon état de chirurgien dont Van Dick, ce chien enragé, avait
nécessité. À bord se trouvait cet homme…
    Il sourit au samouraï et reprit :
    — Je vous le recommande, car c’est un
très grand et très haut seigneur ainsi qu’un noble cœur. Il était le seul
survivant d’un naufrage au large du Japon quand survint Van Dick qui, curieux, le
prit à son bord. Il s’appelle Chikamatsu Yasatsuna, c’est un samouraï, un
guerrier, général en son pays.
    À ces mots, Yasatsuna se leva et Nissac fit
pareillement. En grande politesse, le Japonais, talons joints, s’inclina quand
Nissac, selon ses propres usages d’Occident, ôtait son beau chapeau à plumes. Puis
les deux hommes s’accroupirent près du mourant qui reprit de cette voix assurée
que donne parfois la proximité de la mort :
    — Ce noble seigneur du Soleil Levant, sauvé
de la noyade par Van Dick qui ne savait trop quoi en faire, donna sa mesure
contre pirates chinois et le renégat comprit quel formidable guerrier se
trouvait là, et tout le parti qu’il en pourrait tirer. De son côté, le seigneur
Yasatsuna, pour lequel l’honneur importe davantage que la vie, ne voulait point
s’attarder au mal état de pirate de Van Dick, ne considérant qu’une chose :
le renégat l’avait sauvé d’une mort certaine tandis qu’il dérivait sur son
radeau à la limite de la mer Jaune et de l’océan Pacifique. Dès son arrivée, je
m’intéressai au seigneur Yasatsuna et lui enseignai notre langue qu’il connaît
fort bien à présent car l’ayant étudiée toute une année que nous avons passée
ensemble en cette longue traversée tandis que Van Dick, cherchant des proies, musardait.
    Le chirurgien étouffa un cri de douleur et, en
son regard, Nissac devina que la mort, présente,

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