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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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traite depuis le pont d’un galion des mers du Levant
jusqu’au Louvre, adressé aux hommes de confiance du roi.
    Que disait-il ?… Quelque chose en cette
façon :
    Dragon Vert à
Messieurs Roquelaure ou Bellegarde, Salut !
    Trésor si
grandement considérable que impossibilité transbordement. Ramène deux galions
captifs. Craint surgissent multiples convoitises. Prévenir le Roi et prendre
toutes dispositions jugerez utiles. Fais route petite vitesse vers Toulon. Bien
Vôtre, vice-amiral de Nissac.
    Comme s’il devinait
les pensées de monsieur de Bassompierre, mais plus probablement parce que son
esprit suivait semblable cheminement, le roi ajouta d’une voix où se devinait
colère contenue :
    — Non, cela ne va pas. Rien qu’entre le
port et le palais de ce cochon de Guise [7] la moitié du butin se… perdra !… Et quand je dis perdu, Bassompierre,
tu me comprends : ce ne sera point pour tout le monde !…
    L’autre, qui avait l’esprit des plus vifs, répondit :
    — Sans doute, Sire, mais il n’en sera
point ainsi de toutes les façons. Par exemple, si lorsqu’il touche le quai, Le
Dragon Vert est attendu par des chariots escortés d’hommes de confiance.
    — Va pour les chariots, Bassompierre, mais
les hommes ?… Passé un certain nombre de sacs d’or, la confiance se fait
aussi rare que fraises en décembre.
    — Une centaine de Cent Suisses, qui
abandonneraient le Louvre quelques jours, remplacé par nombre supérieur de
Gardes-Françaises.
    — Cela ne va point, tes Cent Suisses sont
bien trop connus.
    — Taillons-leur nouvel uniforme, Sire. Que
sais-je ?… Les mousquetaires gris. Un tout nouveau corps. Par ordre royal.
Et ma présence là-bas.
    Henri quatrième sentait forte tentation. Bassompierre
était d’un grand courage, sans quoi il n’eût point été colonel général des
Suisses et chef de sa garde. Il était également intelligent. Mais l’autorité
risquait de lui manquer face au puissant Guise.
    Le roi prit sa décision.
    — Je viens avec toi. Guise, ce fin renard,
n’osera me jouer quelque tour à sa façon si je suis présent, même dans l’ombre.
    — Sire, vous sur ces méchantes routes…
    — Ce ne seront point les premières. Allons,
que la garde parte sur l’instant, nous les rejoindrons à bride abattue avec
escorte légère. Je dois visiter Margot [8] qui a des évanouissements. J’irai ce tantôt en son château de Madrid, au
bois de Boulogne. Nous partirons peu après. Pas un mot, tu ne sais rien.
    — Comme il vous plaira, Sire.
    Les deux hommes, suivis du nain, revinrent
vers le Louvre. Bassompierre remarqua :
    — Ce Nissac est précieux à votre cause, Sire.
    — Sans doute.
    Le colonel, sentant une réticence, insista :
    — Il est en grande honnêteté, et d’un
parfait loyalisme.
    — Il est honnête et loyal.
    — Courageux, et sans doute le meilleur
marin qui soit au monde.
    — Tout cela est vrai, Bassompierre.
    Bassompierre perdait patience, le roi ne l’ayant
point habitué à ces manières de dissimulation où il voyait manque de confiance
qui insultait son amitié. Il chercha délibérément à provoquer le souverain :
    — En toute notre histoire, jamais encore
les comtes de Nissac ne sont entrés en rébellion contre la couronne. Et leur
histoire est longue : j’ai ouï dire que les Nissac remontent à Charlemagne.
    Le roi sourit.
    — Quand les Bourbons ne peuvent en dire
autant, notre noblesse n’étant point si ancienne. Tout cela est bel et bien, mon
ami, et je n’en disconviens pas. Alors dis-moi ce que tu veux savoir au lieu de
chercher à me gâter les sangs en provoquant ma colère.
    — C’est chose simple, Sire. Le comte de
Nissac n’a que des qualités mais vous ne semblez pas l’aimer.
    Henri quatrième jeta un regard glacial à son
ami.
    — Telle est la situation, Bassompierre :
Nissac est irréprochable. Mais je ne l’aime pas. J’ai ma raison, même si je n’ai
point raison.
    Bassompierre n’insista pas, ajoutant cependant :
    — Souhaitons pourtant qu’il arrive à bon
port. Avec deux galions de prises qui paralysent ses manœuvres, Nissac risque d’avoir
fort à faire en ces eaux infestées de barbaresques.
    Le roi, qui n’avait point songé à cela mais
aux seuls périls une fois à terre, répondit :
    — Que Dieu le protège !… Et
pareillement son vaisseau au nom si étrange, ce Dragon Vert…
    Il demeura quelques instants rêveur.

19
    Nissac se tenait sur le

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