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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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poissonniers pour manger séant créatures de la mer sans point les
faire cuire, à l’effarement des poissonniers et des passants.
    On remarqua aussi deux marins qui, d’après l’excellente
police du roi, avaient nom Peter Van Kappel et Cornélius Van der Linden et
allaient main dans la main dans les ruelles de Barcelone mais leur cherchait-on
querelle sur leurs mœurs, ils sortaient les couteaux et montraient qu’ils n’étaient
point des filles mais hommes redoutables tandis que de partout, et surtout des
lits des dames, surgissaient marins et soldats du Dragon Vert, ces
diables de Français se montrant plus unis que les doigts de la main.
    On avait suivi le second, Paray des Ormeaux, et
remarqué que sa vue était fort mauvaise, information transmise séant à l’Amirauté
où l’on ne doutait point qu’un jour, en la guerre, il faudrait affronter Le
Dragon Vert et qu’on n’en saurait dès lors jamais trop sur ses officiers.
    On avait renoncé à suivre le très blond et
angélique Martin Fey des Étangs qui allait de femme en femme, celles-ci se
battant pour l’attirer en leur couche. Note fut jointe sur l’étonnante bonne
santé de ce jeune officier français en les choses de l’amour.
    Mais monsieur de Nissac, lui, ne bougeait
point des écuries royales.
    Profondément perplexe, le ministre se demanda
pour quelle raison homme si admirable s’en allait se ridiculiser devant Philippe III,
roi d’Espagne et toute la Cour, ainsi que les ambassadeurs étrangers, en participant
à la grande course avec obstacles où il comptait monter cheval aveugle ?… Certes,
on disait que la mère de Nissac, fine cavalière, était descendue de selle pour
le mettre au monde aussitôt, mais tout de même !
    À Barcelone, on ne parlait que de cela. Et
bientôt en toute l’Espagne. Ainsi, cavaliers et carrosses arrivaient-ils en
grand nombre et à vive allure de Madrid, Valence, Saragosse et cent autres
villes pour assister à pareil spectacle.
    — C’est l’heure, monsieur l’amiral. Le
départ sera bientôt donné.
    En la lumière du soleil qui lui faisait face, Nissac,
toujours torse nu, plissa les paupières sur ses yeux gris et sourit.
    — Ne vous émotionnez point tant, monsieur
le ministre. Ce n’est qu’une course, après tout.
    La belle duchesse de
Medina Sidonia se tenait en la grande tribune royale, aux côtés du roi Philippe III.
    Elle tremblait pour le comte de Nissac, assez
insensé pour monter cheval aveugle quand les sept autres cavaliers se
trouvaient être les meilleurs du royaume montant les plus rapides chevaux de la
Très Sainte Espagne.
    « Nissac êtes-vous donc si fou, bel amour,
à trop saluer la lune en ôtant votre chapeau à plumes pour ainsi monter en
course pauvre cheval aux yeux morts ?… », songea-t-elle.
    Elle souffrait. Et comme elle l’avait redouté,
elle se trouvait surveillée depuis qu’elle avait posé le pied en Espagne, si
bien qu’elle n’avait pu voir le comte de Nissac un seul instant.
    En ses songeries, elle fut surprise par le
départ.
    Trois tours, il fallait trois de ces longs
tours complets, comme si un seul ne suffisait point.
    Elle pria. Et remercia Dieu sitôt l’interminable
premier tour bouclé. Nissac et son très haut cheval noir se trouvaient derniers,
loin derrière les autres, et avaient touché chaque obstacle – certains durement
– mais miraculeusement, ils n’étaient point tombés et la foule saluait pareille
performance telle qu’on n’en avait jamais vue en aucun temps et nul lieu.
    Le second tour parut à la grande duchesse plus
éprouvant encore que le précédent. Deux chevaux étaient tombés, Nissac se
trouvait toujours dernier mais il avait réduit l’écart et, lors de son passage
devant la tribune de la Cour, on vibra à son courage.
    Pourtant, il semblait que monsieur de Nissac
ne fût point en la course. Penché sur l’encolure, étriers assez hauts, on
voyait qu’il parlait à son cheval, la bouche près de l’oreille, comme s’il lui
faisait commentaires sur la qualité de chaque obstacle, qu’il s’agisse de haies
ou de rangées de tonneaux. Sa main, parfois, passait en grande douceur sur les
beaux yeux sans vie du cheval…
    Puis, nul ne comprit ce qu’il advint. Le
cheval aveugle qui avait sauté, certes, mais fort mal, ébouriffant chaque
obstacle, parut, après deux tours, avoir définitivement pris la mesure de
chacun d’eux. Bientôt, on ne vit plus que cela qui parut phénomène

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