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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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œuf.
    Songeant à cette scène d’extrême violence, où
le monstre aux prodigieuses mâchoires arrachait ses lèvres, sa joue et son nez
pour ne laisser qu’un trou où soufflait étrangement l’air, il se félicita. Bien
d’autres que lui eurent en l’instant cédé à la colère, à la haine, et fait
mettre « Rouge » à mort.
    Mais point lui !
    Bien que la douleur fût atroce, il s’était
trouvé disposition en son esprit qui voyait ces choses abominables en parti de
fin calcul. Quoi, il existait donc des loups-garous venus du fond des âges ?…
Il existait une telle force, doublée ou triplée par son aspect de terreur, et
qu’on n’utilisait point comme on le pourrait faire pour servir une ambition qui
peinait à s’accomplir ?
    Tout s’était décidé là, en quelques secondes.
    Aldomontano donna coup de pied dans crâne d’enfant
qui se trouvait en son chemin.
    Changeant d’état d’esprit en cet instant, il
se trouvait en état de grande colère. Il songeait au passé, et ce passé passait
mal !… Servir les grands, leur amener chair fraîche, accepter les maigres
avantages qu’ils lui consentaient du bout des lèvres pour prix de ses services…
    C’en était bien fini.
    Certes, il serait bientôt fort riche mais cet
or-là n’avait point grande saveur. On l’allait remercier pour avoir été l’âme
et l’organisateur du complot qui ferait disparaître Henri quatrième.
    Il arrêta sa marche et réfléchit. Les torches
renvoyaient lueurs rougeâtres sur les parois du souterrain jonché d’ossements
et de crânes d’enfants.
    — Que m’importe ce chien d’Henri
quatrième !… Et Henri troisième avant lui, et tous les autres à venir !…
    Jamais comme en cet instant il n’eut la pensée
claire du but qu’il se proposait : il voulait vivre, vivre vite, vivre
fort. Il voulait violer, tuer, piller, semer la terreur en un mot, ne plus
exister qu’en les yeux terrorisés de ses victimes. Et être l’âme secrète du
plus magnifique complot qui fut jamais, complot dont on ne saurait le fin mot.
    Il arriva en salle basse et ses quatre
monstres levèrent vers lui leurs têtes de loup.
    Leurs yeux brillaient car leur instinct, en
cette seconde, leur parlait.
    — Ah, mes beaux sires, voulez-vous petits
enfants en nombre tel qu’il vous viendra pour quelque temps lassitude et dégoût ?
    — Hon-Hon !… répondirent-ils car ils
avaient interdiction de parler et déjà « Rouge », qui se trouvait en
situation d’ancienneté, ne possédait plus l’usage de tous les mots ni la
compréhension de certains autres.
    — Nous nous mettrons en selle, lourdement
armés, et nous tiendrons sagement quelque temps. Puis nous nous trouverons en
terre orléanaise. On dit qu’Orléans est ville des disputes : nous saurons
faire taire leurs querelles et les mettre tous d’accord en leur ôtant la vie.
    Il marcha d’un bout à l’autre de la pièce
taillée en le roc. Il allait mains derrière le dos et les loups-garous aux yeux
vifs sous les têtes de loups suivaient attentivement et en silence chacun de
ses gestes.
    Il reprit :
    — Nous déboucherons en les villages en
semant la terreur, que les survivants, s’il en reste, disent qu’ils furent
visités par les cavaliers de l’Apocalypse flanqués de l’ange de la mort. Et
bien après notre disparition, on parlera de nous en les chaumières et les
châteaux en se signant et en baissant la voix de peur de réveiller nos mânes. Car
en vérité, s’il ne reste rien de nos corps, notre légende sera telle qu’on
craindra toujours de voir nos âmes mortes chevaucher à nouveau pour déchirer
les vivants. Nous n’avons pas fini de donner grande fierté au diable !…
    Les têtes de loup l’observaient, silencieuses,
attentives et graves.

32
    Le ciel était bas, d’un gris terne, il
pleuvait dru et un vent glacé soufflait en tempête depuis la côte italienne
jusqu’à Marseille.
    Le Dragon Vert arrivait en vue du port de Toulon, après longue patrouille en mer, et une fois
encore, puisqu’il n’avait point coulé, on le savait victorieux. On se préparait
donc, en la fièvre, à voir flotter au plus grand mât les fleurs de lys du
royaume de France.
    Pourtant, cette fois encore, la traversée n’avait
point été de tout repos…
    Tout avait commencé
avec le dégagement d’un bateau marchand aux prises avec une flûte [13] barbaresque d’origine hollandaise. Le Dragon Vert, qui n’avait
point la

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