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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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moment
favorable. Aussi, voyons ce complot, à présent.
    Le Père Joseph décida de livrer une partie de
ce qu’il savait :
    — Ils seraient douze, y compris le
régicide lui-même. Puissants, ils disposent d’or et de gens en grand nombre. L’Espagne
ne serait point tenue hors du complot, sans en être pourtant l’instigatrice
mais la chose est encore incertaine. Ils changent chaque fois de lieu de réunion
et, lors de leurs rencontres, chacun porte cagoule de pénitent si bien qu’il
faudra du temps pour identifier chaque comploteur. Deux femmes participent à l’affaire.
Ils sont tous en grande ambition de réussir. Une chose paraît nouvelle : malgré
l’importance du complot, rien ne filtre et d’Épernon tient remarquablement bien
son monde.
    Le confesseur du roi écouta ces paroles avec
attention, puis :
    — Intéressant. Et terrifiant. Mais comme
vous l’avez remarqué, il est à peine croyable que complot réunissant si grand
nombre conserve pareille discrétion. En autres temps, les grands seigneurs ne
manquent jamais de se vanter ou considèrent comme étant indigne de leur rang de
manifester en pareille entreprise prudence qui pour d’autres irait de soi.
    Le Père Joseph, qui un instant avait douté de
la vivacité d’esprit du confesseur du roi, fut satisfait que celui-ci ait ainsi
perçu ce qui lui paraissait le plus grave.
    Mais le Père Coton ne s’arrêta pas en si bon
chemin, poursuivant :
    — Comment avez-vous eu si bonne connaissance
de toutes ces choses ?
    — Je ne puis, hélas, vous le révéler.
    Le jésuite modifia son angle d’attaque, tentant
sans trop y croire la flatterie :
    — Cependant, vous n’en sauriez point
davantage si vous aviez réussi, en très grande habileté, à placer un homme à
vous parmi les douze du complot…
    Le capucin de l’Ordre de Saint-François contra
le jésuite comme en se jouant :
    — On peut en effet penser ainsi.
    Il sourit et ajouta :
    — Serait-ce le cas, et connaîtrais-je son
nom, que je ne le confierais pas même à mon ombre car cet homme de grand
courage, s’il existait et vivait en cette condition d’espionner pour notre
compte, risquerait sa vie à chaque instant, hanté par les tourments d’une mort
probable qui ne serait point douce.
    Ils gardèrent un instant le silence et tous
deux songèrent pareillement que l’informateur glissé parmi les comploteurs par
le Père Joseph, et qui agissait sans doute pour la gloire à venir de monsieur
de Richelieu, ne verrait probablement jamais celle-ci en son épanouissement.
    Puis le Père Coton avança davantage en son
entreprise :
    — Je pense que nous ne devrions plus nous
revoir, c’est trop grande imprudence.
    — Je me trouve également en ce sage avis.
Si je suis le représentant de monsieur de Richelieu, l’abbé Luc de Fuelde, lui,
me représentera. Nul ne sait, à part vous, qu’il partage l’ambition qui est
mienne de voir un jour l’évêque de Luçon accéder à la direction de l’État.
    — C’est avisé. Je trouverai moi-même à
joindre votre abbé de Fuelde par quelques miens jésuites.
    — Alors c’est que tous ne sont point
dévorés par les langues de feu du fanatisme, dirait-on.
    — Tous ne le sont point !… répondit
en grande froideur le Père Coton.
    On s’observa avec méfiance durant quelques
instants puis le Père Coton reprit :
    — Votre monsieur de Richelieu est en l’affaire,
le roi l’est aussi, il vaut mieux que vous le sachiez. Sans doute savez-vous
également la désinvolture qui est sienne concernant tous ces complots, dont il
a pourtant réchappé quelquefois d’extrême justesse. Cependant, cette fois, je
suis parvenu à l’inquiéter. Certes, il oubliera dès qu’une femme lui fera
tourner la tête, et la chose arrive dix fois en la journée, mais je saurai le
rappeler à sa promesse de ne se point désintéresser de l’affaire.
    — Ce qui veut dire que pour combattre les
factieux, nous pourrons nous appuyer sur la puissance royale ?
    Le Père Coton parut gêné.
    — La chose est vraie sans être tout à
fait exacte. La puissance royale nous aidera, mais elle ne souhaite point le
montrer au grand jour car il ne sied pas au roi de paraître inquiet à son
peuple.
    Joseph du Tremblay hocha la tête.
    — Je m’en doutais… Je connais le roi, et
vos paroles ne me surprennent pas. Aussi, voyons les choses simplement. Il s’agit
d’une pyramide. En son sommet, le roi. En dessous, et sur

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