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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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que les loups-garous, pour la
première fois inquiets, virent Isabelle de Guinzan se précipiter vers le
cadavre du prévôt, saisir son épée et revenir sur ses pas en l’évidente
ambition d’achever « Vert ». Ce que voyant, « Bleu » sauta
de cheval et engagea le fer mais en sa très désagréable déconvenue, il s’aperçut
que le jeune femme savait tenir l’épée, compensant par agilité, souplesse et
audace ce qui lui manquait de force.
    Sur sa selle, nerveux, le moine au visage
décomposé s’impatientait.
    Déjà, « Jaune » descendait de cheval
pour prêter main forte à « Bleu » quand une pierre le toucha en la
gueule et sous effet de la douleur, il lâcha son épée.
    Cette fois, et tandis que les villageoises
jetaient autres pierres, le moine fit signe qu’on montât en selle mais la jeune
femme n’eût point lâché ses proies si « Rouge », lançant son cheval
depuis fort loin, n’était passé en trombe, bousculant Isabelle de Guinzan qui
roula sur le sol. Puis, par vengeance, deux loups-garous jetèrent tisons sur le
toit de chaume de la maison de la jeune femme, les flammes le consumant rapidement.
    Emportant « Vert » en travers de la
selle de l’un d’entre eux, les quatre cavaliers d’Apocalypse disparurent au
galop.
    Et l’on n’entendit plus que les plaintes des
blessés et les pleurs des mères.
    Isabelle de Guinzan, une mèche blonde et
rebelle barrant son front, se demanda alors si elle n’avait point rêvé tout
cela.
    Puis, voyant sa maison en flammes, elle ne
persista point en ce doute.

36
    En les temps de grande modernité sous Henri
quatrième, tels qu’ils apparaissaient à ceux vivant à cette époque en le
royaume, on souriait à l’évocation, seulement cinquante ans plus tôt, du règne
de François I er , un des Valois dont Henri troisième fut le dernier
sur le trône.
    Car sous le Béarnais, une dépêche mettait
seulement six jours pour arriver à Irun, quatre pour parvenir à Londres, et, toujours
de Paris, on se rendait à Orléans ou à Rouen en moins de deux jours.
    Le comte de Nissac, pour sa part, allait bon
train depuis Toulon, mais sans crever « Flamboyant », son haut cheval
noir et aveugle.
    Il se demandait certes, non sans curiosité, quelle
était cette « mission secrète » que le roi lui voulait confier et, fils
de la région de Saint-Vaast-La-Hougue, il se trouvait en la situation de bien
des provinciaux qui, non sans bonnes raisons, tiennent Paris en grande méfiance.
    Il faisait un froid désolant et l’amiral
allait, au pas de son cheval, enveloppé en sa longue cape bleu marine, le bord
de son chapeau à panache rabattu sur les yeux. Au milieu du chemin, plus d’une
fois, il avait vu cadavres d’oiseaux surpris par le gel en plein vol et tombant
telles des pierres.
    Certaines auberges n’ouvraient pas leurs
portes, attendant des jours meilleurs, et le comte de Nissac se résolut à
demander hospitalité en pauvres chaumières. Même s’il payait en monnaie d’or, il
n’était pas rare qu’on la refuse, donnant préséance à l’hospitalité et Nissac
fut touché de constater que véritable générosité se trouvait davantage en
pauvres foyers qu’en châteaux d’une noblesse souvent cupide, hypocrite, et en
grande sécheresse de cœur.
    L’amiral de Nissac, qui passait l’essentiel de
sa vie en mer, connaissait peu les conditions d’existence des paysans, en ces
masures enfumées et fort difficiles à chauffer. Ici, on dînait à dix heures
alors que le repas de midi avait lieu plus tard en les foyers bourgeois, et le
souper se prenait à sept heures du soir.
    Les repas s’organisaient autour de pain de
seigle ou d’orge trempé en soupe légère et en les régions les plus pauvres, on
trouvait compléments avec glands, châtaignes, racines et herbes sauvages.
    La chose n’apportait point contrariété au
comte de Nissac, homme pour lequel le bien manger, en la vie, avait peu d’importance
et qui plus est habitué sans contraintes à la frugalité de règle sur les
vaisseaux de la marine royale.
    Aussi se trouvait-il confus lorsqu’on lui
offrait du porc, viande accessible en les modestes ménages mais cependant assez
rarement servie et il se sentait bien plus à l’aise lorsqu’on lui coupait
tranches de pain de seigle en général cuit pour trois semaines à quoi l’on
ajoutait un hareng, un œuf et un morceau de fromage.
    En les maisons de torchis, c’est-à-dire boue
séchée, il faisait

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