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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
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polonais ou tchèques.
    Un autre crime oublié rappelait la logique implacable du Lebensborn . Il arrivait qu’un enfant handicapé ou atteint de troubles neurologiques voie le jour dans les maternités SS. Cet échec était intolérable pour les chantres de la race supérieure. Quand une infirmité lourde était décelée, le bébé était retiré du Heim , puis envoyé dans une clinique spécialisée, soi-disant pour des examens approfondis. L’un de ces établissements se trouvait à Görden-Brandenbourg, à une soixantaine de kilomètres de Berlin. Comme à Hadamar, la clinique psychiatrique, établie dans une ancienne prison, avait été reconvertie en centre d’euthanasie. Elle avait la particularité de « traiter » les enfants. Le psychiatre Hans Heinze, responsable des lieux, et son équipe menaient des expériences sur les petites victimes, avant et après leur avoir injecté une solution létale. L’ensemble de ce processus était entouré d’un secret absolu. La mère était informée quelques jours plus tard du décès prématuré de son bébé. Elle devait alors, en même temps que le père, se soumettre à un nouvel interrogatoire sur ses antécédents héréditaires. Dans le cas de couples mariés, on leur intimait l’ordre de ne plus se reproduire…
    Le professeur Lilienthal est intarissable. Il faut dire qu’il a commencé à travailler sur le sujet en 1972. Évidemment, il s’est moins attardé sur le cas spécifique des deux maternités installées en Belgique et en France. Le peu de documents subsistant sur ces lieux limitait les recherches. Peut-être fallait-il chercher dans les archives de la zone française d’occupation en Allemagne conservées à Colmar. Georges Lilienthal se rappelle toutefois très bien d’une source mentionnant qu’en août 1944, à Lamorlaye, trois enfants avaient été enlevés à leur mère, pour être transférés, comme ceux de Wégimont, au foyer « Taunus » de Wiesbaden, en Allemagne. Wiesbaden, la ville où il a grandi et où, adolescent, il a entendu parler pour la première fois du Lebensborn . Parmi ces trois enfants, ai-je pensé, se trouvait la petite Helga M. que sa mère, dans les courriers, répétait avoir vue « pour la dernière fois quand elle avait cinq mois ». Je me suis demandé s’il était possible de savoir qui étaient les deux autres.
    1 - C’est-à-dire Lamorlaye.
     
    2 - Cette unité, composée de 1 100 Flamands pro-nazis, avait combattu sur le front de l’Est entre novembre 1941 et mars 1943, avant d’être dissoute puis reformée sous une autre appellation.
     
    3 - Op. cit.
     
    4 - Nombre de « médecins » et « d’infirmiers » impliqués dans ce programme ont ensuite été affectés dans les camps d’extermination de Pologne.
     
    5 - Un jour, le docteur Ebner, médecin chef de l’organisation, avait assuré : « Grâce aux Lebensborn , nous posséderons d’ici trente ans six cents régiments de plus !  »
     

 
    V
    Un château dans les Ardennes
    Le drapeau noir de la SS flotte dans la cour du château de Wégimont, en ce début de mois de mars 1943. L’affaire n’a pas été simple. La Belgique est occupée et administrée depuis mai 1940 par l’armée allemande. Mais, aux yeux des « spécialistes » nazis des questions raciales, la population belge n’est pas un vivier satisfaisant. Les Wallons, francophones et donc latins, sont peu susceptibles d’appartenir à la race des seigneurs germaniques. Pourtant, la doctrine évolue peu à peu, à la faveur d’un rapprochement intéressé entre l’état-major SS et les leaders des partis nationalistes et fascistes belges, flamands, d’une part, wallons, de l’autre. Ces alliances, qui ont tout d’un jeu de dupes, vont se transformer en pacte de sang. Les chefs du Vlaams National Verbond (VNV), le Front nationaliste flamand, espèrent que la collaboration avec l’occupant leur permettra d’obtenir la reconnaissance d’une « Grande Flandre » vassale du Reich, mais indépendante sur le papier. En Wallonie, Léon Degrelle, le fondateur, avant-guerre, du mouvement catholique d’extrême droite Rex, est, lui, prêt à tout pour s’attirer les faveurs allemandes. De son côté, Heinrich Himmler veut favoriser le recrutement, dans les pays du Nord-Ouest européen, de « légionnaires » qui viendront appuyer les armées du Reich. Ainsi, à l’été 1941, sont créées les Légions Wallonie et Flandern , ouvertes aux

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