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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
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de couverture. Le courrier transitait chez des employés de l’organisation L ou des officiers SS. En fait, les « Fontaines de vie » fonctionnaient comme une structure parallèle, jouissant d’une autonomie totale et ne rendant des comptes qu’à son créateur et mentor, Himmler. Même la Nationalzozialistiche Volkswohlfahrt (NSV), le régime d’assistance publique, n’avait aucun droit de regard sur ce dispositif concurrent. Elle était cependant tenue de lui fournir un contingent de NS-Schwestern , des infirmières formées dans l’idéologie nazie. La NSV devait également verser une contribution financière. À partir de 1942, le Lebensborn reçut en outre du ministère des Finances une subvention annuelle de 3 millions de Reichmarks. Une manne confortable pour l’époque… À cela, il faut ajouter les cotisations, mais aussi le produit des pillages effectués dans toute l’Europe par la SS, à commencer par ceux des biens juifs.
    Le Lebensborn était-il conçu comme un processus d’élevage ? Georg Lilienthal réfute le terme de « haras humain », car les couples ne se formaient pas par son intermédiaire et les foyers n’étaient en aucun cas un lieu de procréation. « Les Lebensborn avaient par contre l’ambition d’être des établissements modèles exploitant au mieux le matériel génétique », souligne-t-il. Leur véritable visée à long terme – la transformation biologique de toute une population – échappait à la grande majorité des mères pensionnaires, à l’exception de certaines épouses d’officiers SS. Mais le corps des femmes allemandes était bel et bien instrumentalisé à des fins raciales et pour soutenir l’« effort de guerre ». La propagande martelait qu’avoir des enfants ne devait plus répondre à un désir personnel ; c’était un devoir à accomplir pour le Reich et son Führer 5 .
    Le processus de sélection des parents, assuré par les Rassenprüfer , les examinateurs de race, se prétendait rigoureusement scientifique. Bien sûr, cette rigueur évolua au fil du temps et des événements. Les premières années, à peine 40 % des mères étaient retenues. Ce pourcentage augmenta ensuite mais, en 1941, tandis que l’armée allemande triomphait en Europe et qu’une victoire proche semblait possible, la sélection se fit de nouveau plus sévère. Pour très peu de temps. Dès 1942, la perspective d’une prolongation de la guerre et l’augmentation des pertes humaines sur le front poussa à assouplir le « recrutement » : il fallait accentuer l’éclosion de futurs contingents. De la même manière, le rêve de Himmler d’instaurer un État SS sur le territoire de l’ancien duché de Bourgogne entraîna l’ouverture de maternités dans certains pays occupés. En 1943, le recours à l’insémination artificielle fut un moment envisagé. Mais le refus de Himmler, peu confiant dans le procédé, et l’absence de résultats probants mirent rapidement fin à cette éventualité. Rétrospectivement, l’idée d’un système de procréation assistée entièrement planifié par l’État nazi a de quoi faire frémir…
    En bon historien, Georg Lilienthal évite d’émettre des jugements personnels sur les faits. Leur folie monstrueuse se passe largement de commentaires. Pourtant, un point demeure incompréhensible à ses yeux : comment le tribunal de Nuremberg a-t-il pu acquitter les dirigeants du Lebensborn de l’accusation de crime contre l’humanité ? Leur complicité dans le kidnapping des enfants en Europe de l’Est, abordée durant le procès, n’avait en fin de compte pas été retenue. Des dizaines de milliers de gosses et de préadolescents « germanisables » avaient pourtant bien été enlevés dans la rue, dans une cour d’école, ou arrachés aux bras de leur mère. Après une période de « rééducation », les plus jeunes, jusqu’à l’âge de six ans, pouvaient être adoptés. Parmi les plus grands, beaucoup de jeunes gens furent soumis au travail forcé, d’autres incorporés de force dans l’armée. Les plus rétifs, comme ceux qui se révélaient « non valables » racialement, furent envoyés en camp de concentration. On ne connaît pas exactement la proportion d’enfants volés qui furent rapatriés dans leur pays d’origine, après la guerre : moins de 20 %, semble-t-il. Aujourd’hui, en Allemagne, plusieurs milliers de septuagénaires ne se doutent pas que leurs véritables parents étaient

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