Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS
personnel de l’hôpital liégeois est placé sous surveillance discrète.
Nouveau choc le 3 novembre : Uwe Keiner, un bébé de sept mois, est retrouvé mort au château, dans son lit. Gregor Ebner vient aussitôt en Belgique pour mener l’enquête. La cause de la mort reste incertaine : asphyxie liée à une crise d’épilepsie – l’autopsie révèle un kyste au cerveau – ou étouffement par une main criminelle ? Les interrogatoires démontrent, quoi qu’il en soit, que l’infirmière de nuit, Gerda H., n’a pas effectué sa ronde, toutes les deux heures, pour veiller sur le sommeil des enfants. L’affaire est suffisamment grave pour qu’Ebner en rapporte tous les détails par écrit à Himmler. « Uwe Keiner était l’un des seuls enfants [de parents] allemands se trouvant au Heim Ardennen », signale-t-il au Reichsführer-SS .
La mort du bébé entraîne une sévère reprise en main : l’infirmière Gerda est suspendue et tout le personnel soignant belge est congédié. Fanny, la sage-femme, est remplacée le 6 novembre 1943 par une Allemande, Hanna. L’infirmière en chef Margarethe Petrowska, qui avait été mutée au foyer Moselland , au Luxembourg, fait son retour. Une escouade de NS-Schwestern , les infirmières Nationales-socialistes, débarque au château. Aucun doute sur le fait que Magdalene Hartmann, Hedwig Liehr, Eugenie Bürck sont de véritables « infirmières brunes 3 ».
Quelques semaines plus tard, le colonel Max Sollmann, le directeur du Lebensborn , vient en personne faire une visite d’inspection. Rien à signaler, si ce n’est une curieuse « chaise d’accouchement » sur laquelle les parturientes sont assises quand elles entrent en phase de travail. Par courrier, Ebner rappelle peu après à Walter Lang que « les femmes du foyer Ardennen doivent accoucher dans un lit, comme dans tous les autres foyers du Lebensborn ». La fameuse chaise d’accouchement n’est en réalité plus utilisée depuis le départ de Fanny, la sage-femme belge, qui a été mutée en France.
Au terme de l’année 1943, une vingtaine d’enfants sont nés à Wégimont. Walter, le 20 juin, selon ce que lui a laissé entendre sa mère, un demi-siècle plus tard. Gisèle, le 11 octobre. Aujourd’hui, je me demande où se trouve le petit Willy, venu au monde le jour de Noël dans la nursery vouée à produire des guerriers germaniques… En dehors de sa mère et de Frau Hannah, la nouvelle sage-femme, qui se trouve près de lui quand il pousse son premier vagissement ?
Le 1 er janvier 1944, le Heim Ardennen a encore huit mois, jour pour jour, d’activité devant lui. Un peu plus de vingt enfants vont naître durant cette période. Il y a Ursula et Elsa, deux jumelles, dont le père est un SS flamand, Songard et Hans Georg, dont nous avons déjà parlé, et Anika, qui vit aujourd’hui loin de la Belgique. Mais aussi Ingrid, Hans, Dietrich, Magda, Wielfried, Jürgen… Il subsiste peu de documents ou de témoignages retraçant ces derniers mois. Mais on perçoit clairement que l’atmosphère à Wégimont est de plus en plus lourde, quand elle ne tourne pas, nous allons le voir, à la pantalonnade… Le 31 mars, une infirmière s’adresse directement par courrier au général Ebner pour lui demander l’autorisation d’emmener son enfant, né sur place, lors d’un prochain congé. Elle lui transmet ses « salutations allemandes ». Ebner en informe le « Cher camarade Lang » : « Je vous prie de bien vouloir décider de cela vous-même. Quand l’enfant sera de retour au foyer, il devra être mis en quarantaine. » Car une épidémie de diphtérie, très dangereuse pour les nouveau-nés, signalée dans les environs, inquiète tout particulièrement les responsables du foyer. Dans le courant du mois d’avril, un médecin militaire de l’unité de commandement SS pour la Flandre et la Wallonie, en poste à Bruxelles, écrit au siège du Lebensborn , au 3-7, rue Herzog-Max, à Munich. Il demande l’autorisation de livrer un supplément de produits désinfectants au château de Wégimont, qui en a « grand besoin » et qui ne parvient pas à s’en procurer auprès de l’administration militaire à Liège. Le 14 avril, un nouveau souci survient : les moustiques… Le commandant Lang demande au service de santé munichois de lui adresser deux exemplaires d’une brochure intitulée « Les plus grands moustiques du monde », qui donne la recette de
Weitere Kostenlose Bücher