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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
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rassemblée au pied du grand escalier menant au logis central. Cette partie du bâtiment n’existe plus aujourd’hui : elle a été entièrement détruite par un incendie en 1964. Le double escalier de pierre, lui, est toujours là. Devant, se trouve une énorme vasque, de pierre elle aussi, sculptée d’armoiries et datée de l’« Anno 1719 ». Était-elle utilisée lors du rituel ? Servait-elle de fonts baptismaux ? En arpentant la cour du château, on ne peut s’empêcher de l’imaginer.
    En réalité, ces rites païens choquent la plupart des mères. Et ce sont probablement les employées belges qui ont prévenu le curé. D’ailleurs, le personnel local va causer des soucis grandissants aux responsables de la maternité. Mauvaise volonté, acte de résistance passive, incompréhension mutuelle ? Sûrement un peu de tout cela à la fois. Lors de sa première visite d’inspection à Wégimont, durant l’été 1943, l’ Oberführer Gregor Ebner parvient à aplanir les difficultés, en particulier l’absence de médecin à demeure. À Liège, il trouve un gynécologue « courageux », qui peut se rendre au château en vingt minutes. Un généraliste de Soumagne est aussi susceptible d’intervenir en cas de nécessité. Mais, à partir de l’automne 1943, la situation commence à se dégrader. La lecture des télégrammes et courriers échangés entre la maternité SS des Ardennes et la centrale du Lebensborn à Munich laisse percevoir une atmosphère étrange, nourrie de soupçons, d’épisodes tragiques et de situations franchement grotesques.
    Le 20 octobre, l’infirmière en chef Vorsartz écrit au général Ebner pour lui faire part de ses difficultés. « Quand vous êtes venu nous rendre visite, vous avez fait la connaissance de la sage-femme belge. Si je me rappelle bien, elle ne vous plaisait pas. […] Sœur Fanny n’est pas inefficace dans son travail, mais elle est sale et son attitude laisse fortement à désirer. Ne serait-il pas possible de nous envoyer une sage-femme allemande ? » demande Lydia Vorsatz. L’accoucheuse Fanny Montulet s’est en effet absentée plus longtemps que prévu à l’occasion d’un congé. Or, durant cette période, la femme d’un officier SS flamand s’est présentée à Wégimont pour accoucher. La parturiente s’est plainte car, deux jours après son arrivée, elle n’avait toujours pas été examinée. L’infirmière en chef déplore aussi le fait que « le médecin [de Soumagne] et la sage-femme ne parlent que le français »… Malgré tout, les infirmières disent apprécier leur travail à Wégimont. On apprend aussi que le général de brigade Jungclaus est venu de Bruxelles à plusieurs reprises et que « c’était très agréable à chaque fois ». Cette dernière phrase résonne comme un appel lancé à Ebner pour qu’il vienne résoudre les problèmes sur place. Les 31 octobre et 2 novembre suivants, c’est au tour de Walter Lang, le directeur de la maternité, de présenter ses doléances au médecin-chef Ebner. Une fois encore, la sage-femme Fanny Montulet – et « son comportement belge » [sic] –, sont visés. Lang estime qu’elle devrait aller faire ses classes pendant un an dans un autre foyer du Lebensborn … Il n’est toutefois pas question de la laisser tomber : « À la suite de son engagement pour l’Allemagne, elle est marginalisée par ses compatriotes. Elle ne trouvera plus jamais un emploi dans une maternité belge. »
    Mais il y a plus grave. L’absence d’un médecin à plein-temps se fait cruellement sentir. Les médecins allemands affectés à Liège sont de bonne volonté, mais leur surcharge de travail et les difficultés de déplacement les empêchent d’intervenir à Wégimont. Surtout, Lang se demande si les enfants reçoivent « les soins appropriés du fait des convictions politiques de l’ennemi ». Deux drames viennent effectivement de se produire en quelques semaines. Un premier enfant, Dagmar D., né en septembre 1943, est atteint d’une violente éruption cutanée. On l’hospitalise en urgence à l’hôpital universitaire « Bavière », à Liège, avant de le transférer, fin octobre, dans un établissement militaire à Bruxelles. Le nouveau-né y arrive dans un état de dénutrition tel que Lang est persuadé que « les infirmières [belges] laissent intentionnellement [les] enfants dépérir ». L’état-major SS à Bruxelles est saisi de l’affaire et le

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