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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
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coiffent. Oui, c’est bien cela : les adolescents juifs survivants de l’extermination prennent soin des plus jeunes, qui devaient incarner l’élite raciale nazie… Ces documents sont stupéfiants. On croirait voir des aînés materner leurs frères et sœurs. L’une de ces images, en particulier, semble tout droit sortie de La Mélodie du bonheur  : une jeune fille, accroupie, coiffe une enfant blonde et joufflue, sous le regard fasciné d’un petit lutin coiffé d’un bonnet immaculé. Même si elle a probablement été arrangée, cette photographie inspire une tendresse infinie.
    À partir de septembre 1945, des classes ouvrent pour les plus grands. Ils suivent des cours de langues, de sciences naturelles, de gymnastique. Après les leçons, ils jouent aux dames, chantent autour du piano. Chaque soir, Greta Fischer et Lilian Robbins font la tournée des dortoirs et distribuent une friandise à chacun en leur souhaitant une bonne nuit.
    La très grande majorité des photos qui nous restent du couvent d’Indersdorf a été prise peu de temps après cette « rentrée des classes ». Le 15 octobre 1945, c’est le branle-bas de combat au couvent : un photographe vient réaliser le portrait des jeunes pensionnaires. L’objectif est de permettre à d’éventuels parents ou connaissances de les identifier. Pour l’occasion, chacun – bébé fragile comme jeune adulte – pose avec ses vêtements personnels et son nom est inscrit sur une ardoise placée sur la poitrine. En dépit de recherches incessantes, certains n’ont jamais retrouvé la preuve visuelle de leur séjour à Indersdorf. La raison est simple : ceux qui y sont arrivés après le 15 octobre, comme Walter, Gisèle ou Georges (le 14 décembre 1945), par exemple, ont tout simplement raté cette « séance photo » 3 . À la fin de 1945, les clichés vont être diffusés dans les journaux, les brochures d’organisation humanitaires et sur des affiches placardées dans les grandes villes d’Europe. Les noms des enfants perdus sont régulièrement égrenés à la radio. Quelques-uns seront ainsi rendus à leur famille. Très peu, en fait. Et après bien des péripéties.
    Les jeunes juifs sont évidemment ceux qui ont le moins de chance de retrouver un proche encore en vie. Les orphelins de travailleurs esclaves seront rapatriés dans leur patrie d’origine. Ou bien dirigés vers un nouveau pays : les Alliés vont se répartir les jeunes naufragés, ceux que plus personne ne viendra réclamer.
    Et les petits Français et Belges du Lebensborn  ? Au début de ce livre, nous avons vu que la quasi-totalité des enfants portant un nom francophone ou réagissant à la langue française ont été considérés, parfois à tort, comme originaires de ce pays. L’équipe 182 des Nations Unies a transmis aux services français d’occupation en Allemagne les renseignements dont ils disposent : à charge pour eux de retrouver leurs parents. Mission impossible, dans la plupart des cas. Ainsi, le 2 mai 1946, Helen Steiger, membre de la Team 182 , note que les « recherches menées dans le département de la Seine pour retrouver les parents de Ute R. n’ont fourni aucune réponse ». Le même jour, constat identique pour Gisela Magula. « Le lieutenant Martin, officier de liaison français, a réalisé des recherches. Il a reçu le 8 février une réponse indiquant que ce nom [Magula] était inconnu à Deycimont [Wégimont sur les documents], France. » Les services français ignorent effectivement l’existence du château de Wégimont et du Heim Ardennen . Ils ont en fait, comme je l’ai déjà raconté, écrit au maire de Deycimont, une petite commune du Jura. Ils ne découvriront la confusion que des mois plus tard…
    En juillet 1946, en même temps que d’autres enfants isolés, Gisela Magula, Irène de Fouw, Hans Georg D., Jean-Pierre P., Songard B., Alfred L., Ute R., Édith de V. sont transférés à la pouponnière de Tübingen, au sud de Stuttgart, en zone française d’occupation. La nursery est dirigée par la Croix-Rouge. Selon le dossier individuel établi à son arrivée à Tübingen, Gisela Magula est en « très bon état général ». Elle a deux ans et neuf mois. Elle mesure 0,90 mètre et pèse 13,500 kg. Les renseignements d’état civil mentionnés sont les suivants :
    Date et lieu de naissance : Wégimont, France (sic)
    Religion : catholique
    Mère : inconnue
    Père : inconnu
    Son dossier comprend une

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