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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
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d’informations diplomatiques dépend du ministère des Affaires étrangères. Quand j’ai commencé mes recherches, ces archives étaient encore conservées, depuis 1952, à Colmar, en Alsace. Mais, le 24 juin 2010, après être restés inaccessibles pendant près d’une année, 6 kilomètres de documents ont été transférés au Centre des archives diplomatiques de la Courneuve, en Seine-Saint-Denis.
    Depuis la gare du Nord, la plus fréquentée d’Europe, il faut normalement moins de cinq minutes pour rallier la station Aubervilliers-La Courneuve, sur la ligne B du RER. Mais cela reste une exception, car les trains, surpeuplés sont sans cesse retardés. Pannes, actes de malveillance, tensions entre passagers, navettes qui n’arrivent jamais… Le lot quotidien des galériens du RER B. Parvenu à la gare de la Courneuve, il faut sortir à gauche, passer sous l’autoroute A 86, le super-périphérique qui embrasse toute l’Île-de-France, et tourner immédiatement une deuxième fois à gauche. C’est là. Le Centre des archives diplomatiques est un bâtiment flambant neuf, un peu désert, très lumineux, très bien conçu. Les archives concernant les enfants en zone française d’occupation entre 1945 et 1955 sont communicables après un délai légal de soixante ans, afin de protéger la vie privée des personnes concernées. À l’exception de certaines informations à caractère médical, j’ai pu consulter l’essentiel des documents relatifs aux enfants français du Lebensborn . En compulsant des piles de chemises cartonnées bleu ciel, sur de larges tables de bois, j’ai reconstitué les étapes du rapatriement des enfants depuis Tübingen.
    Alors, pourquoi Commercy ? Tout simplement parce que le département de la Meuse fut le premier à répondre à l’appel du ministère de la Santé publique et de la Population, en mai 1946, afin d’accueillir des petits retrouvés en Allemagne. C’est l’unique raison : le préfet de la Meuse fit savoir très rapidement que son département était prêt à recevoir une cinquantaine d’enfants, à l’orphelinat de l’Assistance publique de Commercy.
    À partir de ce moment-là, le ministère de la Population, le commandement des Forces françaises en Allemagne, à Baden-Baden, et la Croix-Rouge française mettent en pratique le processus de rapatriement. Au début du mois de juillet 1946, cinq assistantes sociales parlant l’allemand et l’anglais sont sélectionnées et rapidement envoyées en « ZFO ». Il a été convenu entre le ministère et la Croix-Rouge française que « le premier convoi de rapatriement sera constitué par les enfants hébergés dans les pouponnières de Tübingen, Bad Durkheim et Appenthal [à 30 kilomètres de Bad Durkheim], afin de libérer celles-ci et d’y héberger ensuite les autres enfants retrouvés par les soins des missions de prospection ». Ces « 36 enfants » doivent être acheminés, dans un premier temps, à Strasbourg, par « le même convoi que celui en cours d’organisation et qui doit ramener le 28 courant [juillet] les enfants ayant séjourné dans les preventoria ». Autrement dit, les gosses retrouvés doivent voyager avec des jeunes Français de retour de station thermale, comme Bad Durkheim, après une primo-infection tuberculeuse… En fait, les choses ne vont pas se dérouler exactement ainsi. Car, entre-temps, le 10 juillet 1946, le ministre de la Population annonce, dans un courrier officiel, une décision capitale en ce qui concerne l’identité des enfants rapatriés d’Allemagne : « Il m’est apparu préférable que les enfants, et éventuellement les personnes qui les reçoivent, ignorent leur origine étrangère et que dans l’avenir, toute trace de leur extranéité disparaisse. En qualité de pupilles de l’État, ils peuvent […] être dotés d’un “certificat d’origine” qui tient lieu d’acte de naissance […]. Ce certificat, délivré par le Préfet, devenu tuteur de l’enfant, peut 4 désigner celui-ci sous un nouveau nom et ne pas indiquer le lieu de naissance. » Autre précision : « Il importe que ces enfants […] acquièrent dès leur retour en France la nationalité française par déclaration. »
    Ce courrier explique pourquoi les 17 enfants nés de parents inconnus, figurant sur la liste que m’avait donnée Gisèle Niango – elle s’appelle Gisèle Magula sur le document – furent déclarés nés à Bar-le-Duc (Meuse), le

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