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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
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ans.
    En août 1945, le docteur Baumberger, le médecin munichois qui suit les pensionnaires d’Indersdorf, constate que Walter tousse, que son nez saigne et qu’il a perdu l’usage de son œil, jamais soigné par les médecins SS. Le petit garçon, de solide constitution, sera traité pour un soupçon de diphtérie. D’autres enfants sont beaucoup plus chétifs et certains, comme Daniele C., Raymonde T. ou les jumeaux Joseph et Alfred L. décéderont en bas âge, malgré des soins désespérés.
    À Indersdorf, Greta Fischer et ses équipiers se dépensent sans compter pour apporter confort et bien-être à leurs petits protégés. Ces derniers sont bien nourris. D’ailleurs, les bébés mangent instinctivement plus que nécessaire, pour combler l’absence de lien parental. On leur fait suivre des cures de soleil dans les jardins du couvent, afin de compenser leurs carences vitaminiques.
    Greta Fischer fait aussi preuve d’ingéniosité. Elle demande par exemple aux soldats américains de lui fournir des boîtes de lait, pour en faire des pots destinés aux bébés. Mais ces derniers ne les aiment pas, car ils ne parviennent pas à les faire glisser sur le sol. Qu’à cela ne tienne : Greta fait construire par un charpentier des pots de bois. On les peint en bleu et blanc, aux couleurs de la Bavière. Ironie ou sens de l’harmonie ? Un peu des deux, probablement, car Greta a également récupéré, à Dachau, des rouleaux de tissu à carreaux bleus et blancs, ainsi que de l’étoffe rouge destinée à fabriquer les drapeaux nazis, pour faire faire des vêtements et des draps.
    Voilà pourquoi, sur de nombreuses photos, noir et blanc, on remarque que les enfants portent des culottes, des salopettes et des robes à carreaux. En fait, ils arborent tous les couleurs bavaroises. Idem pour les dessus-de-lit, les couettes ou les plaids sur lesquels s’ébattent les petits. Quant au drap rouge vif, on y taille des pantalons.
    La vie de la communauté s’organise. Des nonnes, chassées du couvent en 1938 par les nazis, sont revenues prêter main-forte aux membres de la Team 182 . Elles sont dix. Très dévouées, les religieuses adorent prendre soin des plus petits. Elles assurent aussi l’entretien du couvent. En revanche, elles rechignent à s’occuper des adolescents juifs. Elles ne leur veulent pas de mal, mais leur catholicisme très conservateur les incite plutôt à s’en détourner, faute d’avoir l’autorisation de les convertir…
    Les 70 jeunes survivants juifs sont les habitants les plus perturbés du couvent. Ils vivent perclus de douleur et de haine. Ils ont vu leurs frères, leurs sœurs, leurs parents, leurs amis, leurs voisins, rabaissés au rang d’animaux sacrificiels, ployant sous les injures et les coups, avant d’être envoyés en enfer. Ils ont vu ce qu’il y a de pire en l’homme.
    Anna Andlauer, qui fut naguère guide au camp de Dachau, a consacré un livre à ces rescapés de l’anéantissement : Zurück ins Leben 2 . Elle y raconte comment elle est parvenue à retrouver une cinquantaine de ces jeunes malheureux qui, à partir de 1948, trouveront une nouvelle terre d’accueil en Israël, aux États-Unis, au Canada, en Australie… En 2008, quelques-uns d’entre eux sont revenus pour la première fois en Allemagne. Depuis, Anna organise un rassemblement annuel et poursuit ses recherches. C’est elle qui, tout en me faisant visiter le couvent d’Indersdorf, m’a livré les détails les plus précis sur la vie quotidienne au couvent.
    Les jeunes juifs doivent tout réapprendre : ne pas se battre pour manger la part des autres, se laver, avoir des activités en commun… Pour l’heure, la seule chose qui les lie est leur détestation des Allemands. De tous les Allemands. Quand des membres de la Team 182 les accompagnent en camion, au cinéma, à Munich, ils injurient les passants et leur jettent des pierres. Au couvent, un pauvre gosse de 6 ou 7 ans, prénommé Alexander, provient du Lebensborn . Le SS qui l’avait adopté l’avait « dressé » à faire le salut nazi à chaque fois qu’il croisait quelqu’un. Systématiquement, les jeunes juifs lui sautent dessus pour le rosser…
    Peu à peu, malgré ces difficultés, la Babel des enfants perdus leur redonne une place au sein de l’humanité. Les photographies nous montrent des scènes a priori banales. Les tout petits ont appris à manier une cuillère. Des adolescents les nourrissent, leur donnent le bain, les

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