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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
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nord-est de Munich, dans l’arrondissement de Dachau. Quelle que soit la route que l’on emprunte pour y arriver, on voit de très loin les deux flèches du couvent d’Indersdorf s’élancer vers le ciel. C’est dans cet imposant édifice du XII e  siècle, aux murs crème et jaune, que s’installe l’étrange refuge. Aujourd’hui encore, des échos de rires et de cavalcades résonnent dans les allées du cloître, les interminables couloirs dallés et les escaliers monumentaux d’Indersdorf. L’ancien couvent a été reconverti dans les années 1950 en collège privé catholique, l’école Saint-Vincent-de-Paul. C’est un établissement réputé dans la région. Lorsque l’on parcourt ce dédale de salles de classe, de bureaux et de chapelles d’inspiration baroque, on entrevoit peu à peu l’atmosphère qui régnait en 1945 dans ce nid d’enfants blessés.
    Greta Fischer a installé son lit juste à côté de la porte d’entrée en bois, ornée du sigle de l’ UNNRA Team 182 . Ainsi, elle est certaine de se réveiller au cas où un gosse viendrait y toquer durant la nuit. Près de la porte, se trouve également l’atelier du cordonnier chargé de fabriquer des chaussures pour les pensionnaires.
    Du nourrisson à l’adolescent, ce sont 350 enfants, d’une vingtaine de nationalités différentes, qui vont séjourner au couvent. Parmi eux se trouvent les petits enfants du Lebensborn , du moins ceux dont les services Alliés ont compris qu’ils ne sont pas nés d’une mère allemande.
    Les autres, les « purs germaniques », sont repartis dans la nature avec leur mère, vers une nouvelle vie. Une vie difficile, dans l’Allemagne de 1945, mais ceux-là auront au moins un cadre familial. Leur mère retournera dans sa ville natale, retrouvera des parents, un père, une mère, une sœur, elle leur expliquera sommairement qui est l’enfant qui l’accompagne. On la jugera sévèrement, mais qui n’a pas été poussé à la faute par ces maudits nazis ? L’heure n’est pas aux règlements de compte. Il faut trouver à manger, supporter l’humiliation de l’occupation, se faire discret, éviter les bandes de soudards ivres de leur victoire…
    Cela durera quelques années, puis tout rentrera dans l’ordre. Enfin presque. Car on cachera soigneusement leur origine aux enfants du Lebensborn , tout en la leur faisant payer insidieusement. Ils sont la preuve vivante, le rappel permanent de ces années d’aveuglement, d’hystérie collective, de soumission enthousiaste, de haine des autres, de haine de soi, de déconvenues, d’espoirs volatils, de renoncements, de souffrances. On a suivi un fou, un menteur, un assassin. Un vaincu. C’est à cause de lui, tout ça, de lui seul. Et ces enfants, il faut bien s’en occuper maintenant. Qui va les abriter sous son toit, les nourrir ? Comment une honnête fille comme la nôtre a pu se laisser avoir par ces beaux parleurs ? Quelle honte…
    Les enfants « étrangers » du Lebensborn recevront aussi, mais plus tard, leur lot de bassesses et de vengeances minables. Ce sont des victimes parfaitement innocentes, mais beaucoup en feront des coupables.
    Mais, pour l’heure, grâce à la UNNRA, ces pauvres gosses vont être choyés pour la première fois de leur courte vie.
    Parmi les 162 enfants recensés comme ayant été transférés de Steinhöring à Indersdorf, on retrouve 15 petits « supposés Français ». Trois sont à coup sûr nés à Lamorlaye : Ingrid de Fouw, Édith de V. et Helga M. Deux autres, Jean-Pierre P. et Ute R. y ont très probablement transité. D’où viennent les dix autres ? Pas de réponse.
    Douze enfants sont recensés en tant que Belges. Ils sont tous nés à Wégimont.
    Walter Beausert, le 1 er  janvier 1944 (en fait, plus probablement en juin 1943).
    Songard B., le 13 février 1944.
    Heidrun de B., le 1 er  avril 1943.
    Alfred L., le 8 novembre 1944.
    Gisela Magula, le 11 octobre 1943.
    Willy O., le 25 décembre 1943.
    Hans Georg D., le 18 juin 1944.
    Rita A., le 15 avril 1943.
    Hans-Dieter B., le 18 mai 1944.
    Frank C., le 11 avril 1943.
    Anika B., le 21 juin 1943.
    Hans Georg P., le 24 décembre 1943.
    En épluchant attentivement différentes listes des Nations Unies, sans cesse réactualisées à partir de juillet 1945 pour assurer le suivi de ces enfants, je me suis rendu compte qu’elles mentionnaient, en allemand, une foule de détails qui m’avaient jusqu’alors échappé. Ainsi, à propos

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