Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS
demi-soeur, ainsi que le nom et la date de naissance de sa mère.
Christiane reçoit la lettre – elle est étonnée, un petit peu inquiète. Elle montre la lettre à sa mère, qui se trouve dans une maison de repos. Elle lui lit la lettre, sa mère est pratiquement aveugle.
Réaction de sa mère : « Ne réponds surtout pas ! »
Christiane répond quand même.
21 février. Christiane appelle madame Zipperling pour lui confirmer qu’elle est bien la personne recherchée. Madame Zipperling lui explique la véritable raison de la lettre. Elle lui demande : « Est-ce que vous connaissez vos origines ? » Christiane lui raconte tout ce qu’elle sait. À la fin du coup de fil, elle est étonnée et bouleversée. Heureuse et touchée, elle croyait avoir un demi-frère caché…
Immédiatement après avoir raccroché, madame Zipperling m’écrit un mail : « Christiane hat sich gemeldet », « Christiane a pris contact ».
Je suis complètement retournée. Depuis deux ans, il y a eu de l’espoir, mais aussi des échecs. Maintenant, parvenue au but, je n’ai plus de mots, mes pensées s’affolent.
J’appelle madame Zipperling pour qu’elle me parle de ma demi-sœur. J’ai du mal à le croire, à réaliser ce qui s’est passé… Elle m’explique : « Christiane croyait plutôt avoir un demi-frère. Quand elle lui avait confié la vérité, sa mère lui avait dit : “Christiane, tu as un demi-frère qui s’appelle Christian.” »
J’apprends que notre père, Werner Reimer, s’était mis en colère en découvrant le prénom donné à Christiane, à sa naissance. Il avait demandé à Marguerite : « Pourquoi tu l’as appelée comme cela ? Il y a déjà un Christian. » Il y avait une autre femme française enceinte de mon père.
La relation entre un père SS et sa fille
Pendant plusieurs jours, je suis très fâchée contre lui, Werner, qui a laissé derrière lui tant de secrets, tant de traces inconnues. J’appelle un oncle maternel, à Munich, qui essaie de me consoler en me disant : « N’en veux pas à ton père. C’était la guerre. Ça arrivait souvent. N’oublie pas que ton père était un officier SS Totenkopf . Cette division avait comme “tâche” de produire un maximum d’enfants… »
Je passe beaucoup de temps à réfléchir à propos de mon père. Il me faut des réponses pour accepter et vivre avec cette réalité.
Je pense de plus en plus à une chose : mon père avait une obsession sexuelle. Ce qu’il a fait, ce n’était pas pour faire du mal aux femmes. C’était dans son caractère, il ne se rendait même pas compte des conséquences. La SS a soutenu et encouragé ce trait qui était déjà en lui. Je le vois comme un grand séducteur, ayant aussi des traits colériques et agressifs.
Je me souviens d’une fois, quand j’avais 15 ans. Nous faisions une promenade et nous parlions comme peuvent le faire un père et sa fille. Je lui ai demandé : « Pourquoi tu t’es marié ? » Sa réponse : « Je ne voulais pas me marier, c’était plutôt une obligation sociale à l’époque. » Il a ajouté : « Je m’étais déjà assis sur le lit de tant de femmes dans ma vie… »
Je suis heureuse de me souvenir qu’il m’avait répondu franchement, sans mentir. Cela est plus facile de comprendre aujourd’hui et d’accepter la situation actuelle.
Je crois que, pour mon père, il n’y avait que deux façons de vivre ses pulsions masculines et agressives. Soit il luttait, combattait, dominait, soit il avait des relations sexuelles.
Moi, sa fille, il me battait. Mais je suis certaine qu’il n’a jamais touché une femme.
Quand il frappait, ce n’était pas simplement une petite claque… Cela a continué jusqu’à mes 17 ans. Un jour, il m’avait mise tellement en rage, en me battant, que je lui ai donné un coup de pied. Inutile de demander où le coup était placé… Après ce fut terminé. Il ne m’a plus jamais touchée.
C’est peut-être difficile à croire, mais il m’a vraiment aimée. Jeune, je l’ai admiré, adoré ; ensuite, je l’ai détesté et aimé en même temps. Plus tard encore, la haine a disparu. Seul l’amour est resté. Nous avons beaucoup appris l’un de l’autre. Il avait l’habitude qu’on lui obéisse ; je n’obéissais pas.
Pour lui, je remplaçais en quelque sorte ses anciens camarades militaires. Ma mère m’avait dit qu’il aurait préféré avoir un garçon. À ma
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