Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS
légende du « charmeur de rats ».
Au mois de juin 1284, raconte-t-on, la ville de Hamelin était infestée par les rats. Ses habitants mouraient de faim. Un jour, un homme, revêtu d’un étrange habit multicolore, se présenta à eux. C’était un joueur de flûte. Il expliqua aux habitants qu’il pouvait les débarrasser des rongeurs. Les gens de Hamelin lui promirent mille écus d’or s’il parvenait à accomplir ce prodige. L’étranger sortit alors sa flûte et se mit à jouer une musique totalement inconnue. Les rats sortirent de leurs caches et se rassemblèrent autour du musicien. Celui-ci se mit en marche, suivi par la multitude. Il les mena jusqu’à la Weser, le fleuve qui traverse la cité. Le joueur de flûte entra dans l’eau et tous les rats s’y noyèrent.
Les habitants exultaient. Mais ils revinrent sur leur promesse et refusèrent de verser la récompense annoncée. Ils chassèrent même le musicien à coup de pierres.
Une nuit, l’homme revint en ville. Il se mit de nouveau à jouer de la flûte. Cette fois, tous les enfants de la ville, attirés par la mélodie, suivirent le visiteur. Il les emmena jusqu’au sommet d’une colline. Il les fit entrer dans une grotte qui se referma derrière eux. Les habitants de Hamelin ne revirent plus jamais leurs enfants.
Quelle est la signification de ce conte tragique, implacable ? À quoi fait-il référence ? Les rats symbolisent la peste noire qui ravagea l’Europe au XIV e siècle. Mais qui est ce mystérieux ensorceleur, capable de soustraire à une population cupide et versatile son bien le plus précieux, ses enfants ?
La morale que l’on en tire immédiatement de l’histoire est évidente : il faut respecter la parole donnée et payer ses dettes.
Werner Reimer a-t-il payé suffisamment pour son engagement dans l’Ordre noir de Heinrich Himmler ? Je vous laisse juge. Et Marguerite ? A-t-elle payé suffisamment d’avoir été séduite, en 1940, par un officier de la SS ? Et Christiane ? A-t-elle payé suffisamment le fait d’être le fruit de cette rencontre ? La réponse à cette dernière question est tout aussi évidente : elle n’en est aucunement responsable.
Le 1 er juillet 1946, Marguerite S., 26 ans, rentre dans son village natal, en Alsace. Sur sa carte de rapatriée, il est précisé qu’elle est accompagnée de sa fille Christiane. Ces informations, très précises, nous ont été apportées grâce à un coup de pouce du destin : l’une des trois lettres envoyées en Alsace, une semaine après ma rencontre avec Iris, était parvenue à la bonne adresse.
1 - Le 23 juin 1941, sur le front Nord, les « commandos spéciaux » de l’ Einsatzgruppe A commettent des massacres à Kaunas, en Lituanie. Entre les mois de juillet et août de la même année, près de 110 000 personnes, dont 80 000 juifs, 20 000 Polonais et 8 000 Russes, sont fusillés à la chaîne, au bord de fosses creusées près de la gare de Ponierai, à la périphérie de Vilnius, la capitale lituanienne. Le 29 juillet, Heinrich Himmler est en visite à Kaunas. Le Reichsführer-SS veut accélérer le rythme de la machine de mort. Il amène du renfort aux 3 000 tueurs des Einsatzgruppen . Désormais, ce sont plusieurs dizaines de milliers de SS, de policiers, assistés d’auxiliaires locaux, lituaniens, lettons, estoniens, ukrainiens et biélorusses, qui accompliront la besogne. À la mi-août, Himmler poursuit sa tournée d’inspection à Minsk, en Biélorussie. Il rappelle que tous les « indésirables », hommes, femmes et enfants, doivent être éliminés. Il assiste à l’exécution d’une centaine de juifs. C’est à la suite de ce voyage en Biélorussie qu’il donnera des ordres afin d’épargner aux assassins la vision pénible de la mise à mort en direct. Le gaz doit remplacer les balles. Dans des camions, tout d’abord. Dans les camps, ensuite.
2 - Le capitaine Menendez appartient à la division Azul , la « division bleue », nom lié à la couleur de la chemise que portent ces militaires espagnols. Ce corps de volontaires, dont les effectifs grossiront de 18 000 jusqu’à 46 000 hommes, en 1943, a été mis à disposition de l’armée allemande par le général Franco. Ils font cause commune dans la lutte à mort contre le bolchevisme, mais c’est aussi, pour le pouvoir franquiste, une façon de rembourser l’aide apportée par les nazis durant la guerre civile espagnole. La division Azul
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