Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
Vom Netzwerk:
m’arrive quelque chose. Au début [des bombardements], les mères étaient évacuées vers les abris souterrains, mais les enfants devaient rester dans les chambres. À chaque fois, je me suis rendue compte que dans ces moments-là, je ne voulais pas me séparer de mon enfant. J’en termine là et je t’envoie mes salutations chaleureuses. »
    La suite est plus ou moins floue. En tout cas, Marguerite a quitté Paris. Elle a bel et bien confié Christiane au foyer Ardennen , au château de Wégimont, après avril 1943, date à laquelle elle semblait toujours habiter à Paris. À l’époque, le Heim de Lamorlaye n’existait pas encore et c’est sa liaison avec un officier SS qui lui a ouvert les portes de l’établissement situé près de Liège. Voici pourquoi la petite fille fait partie des enfants qui furent emmenés, le 1 er  septembre 1944, vers Wiesbaden, puis Schalkhausen et enfin Steinhöring. Quand elle fut retrouvée en Bavière par les Américains, Christiane ne fut vraisemblablement pas envoyée à Indersdorf. Son nom n’est pas mentionné sur les listes de l’ UNRRA Team 182 dont je dispose. Le nom de famille de sa mère sonnait germanique et elle fut probablement considérée comme allemande.
    Pourtant, sur une photo où l’on voit Marguerite porter Christiane dans ses bras, un détail m’a immédiatement sauté aux yeux. La fillette porte un vêtement taillé dans un tissu à carreaux. Ce tissu est exactement le même que celui avec lequel étaient habillés les bébés du Lebensborn , quand ils furent soignés à Indersdorf. Ce tissu est exactement le même que celui que Greta Fischer s’était procuré, afin de confectionner des vêtements pour les enfants : une étoffe à carreaux bleus et blancs, aux couleurs de la Bavière… Je suis certain que cette photo a été prise en Allemagne, en 1946. Je suis presque sûr qu’il s’agit de la première photo prise après que Christiane a été rendue à Marguerite, le 26 juin 1946, à Hamelin (Hameln, en allemand).
    Mais, alors, une énigme demeure. Pourquoi Christiane est-elle habillée comme les bébés du Lebensborn recueillis à Indersdorf ? Y a-t-elle séjourné quelque temps ? C’est peu probable. L’hypothèse la plus plausible est aussi la plus simple : après mai 1945, la petite Christiane est restée à Steinhöring. Son nom de famille a laissé penser qu’elle était allemande. Elle a séjourné à l’hôpital pour enfants dirigé par le docteur Kleinle, jusqu’à ce que sa mère, Marguerite, retrouve sa trace. À l’hôpital, les gosses ont pu, comme ceux d’Indersdorf, être revêtus d’habits taillés dans du tissu à carreaux bavarois… Une seule personne pourrait livrer le fin mot de l’histoire : Marguerite elle-même.
    En 1944, la mère de Christiane avait fini par quitter la France pour l’Allemagne. Voulait-elle se rapprocher de Werner, quand il rentrerait après la guerre ? Avait-elle choisi définitivement le camp allemand, craignant d’éventuelles représailles en France ? Les deux raisons sont compatibles.
    En novembre 1944, elle est à Munich. À partir du 16 de ce mois, la jeune femme est incorporée, de force semble-t-il, dans l’armée allemande. Elle fait office de servante auxiliaire sur une batterie de défense anti-aérienne. Ensuite, elle servira en tant qu’auxiliaire de la Luftwaffe , l’armée de l’air, à Ceske Budejovice, une ville du sud de la Bohème.
    Au début du mois de mai 1945, comme des milliers d’autres personnes en Allemagne, Marguerite cherche à fuir pour échapper aux Alliés. Elle tente de passer au Danemark, du côté de Warnemünde, un port sur la Baltique, près de Rostock. Elle échoue dans un premier temps, mais y parvient, plus loin au nord-ouest, car on retrouve sa trace à Skanderborg, dans la péninsule danoise du Jutland. Elle finit par être arrêtée par les Britanniques. Interrogée, elle est transférée à Hamelin et emprisonnée. Cette ville de Westphalie, en zone britannique d’occupation, fut un lieu de détention, puis d’exécution, pour de nombreux criminels de guerre nazis. Marguerite n’ayant joué qu’un rôle mineur, elle est relâchée le 25 juillet 1945.
    Marguerite reste alors en Allemagne. Elle cherche sa fille. Peut-être veut-elle aussi savoir où se trouve Werner ?
    La petite Christiane lui est finalement rendue le 26 juin 1946, à Hamelin. Une petite ville très connue pour avoir vu naître, au Moyen Âge, la fameuse

Weitere Kostenlose Bücher