Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Église de Satan

L'Église de Satan

Titel: L'Église de Satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arnaud Delalande
Vom Netzwerk:
voici
qu’elle arpentait maintenant la pièce en long et en large, en imitant tour à
tour le roi et le vicomte. Escartille sourit ; l’enthousiasme de la jeune
femme était communicatif.
    — Le vicomte a approuvé cette proposition.
Pensez donc ! Cet homme est notre salut ! Il prit la parole à son
tour, rejetant sa cape par-dessus ses épaules et posant un pied en avant.
« Sire, disposez de moi et de la ville comme il vous plaira. Nous sommes
vos débiteurs de toujours et vos fidèles vassaux ; votre père Alphonse, déjà,
nous témoignait la plus grande affection. Nous vous resterons fidèles quoi qu’il
advienne. » Là-dessus, les deux hommes se donnèrent l’accolade. Puis le
roi remonta sur son destrier en disant qu’il allait de ce pas rejoindre le
légat de Cîteaux, qu’il multiplierait ses instances pour faire cesser ce
conflit au mieux des intérêts de tous. Il s’en fut superbe au milieu des
acclamations, jusque dans la forêt les gens l’ont suivi ; et il s’éloignait
tandis que des feuilles lumineuses semblaient tomber et tournoyer autour de lui.
Il doit être en train de parlementer en ce moment même. L’espoir est revenu, Escartille !
Après cela, les gens de Carcassonne se sont…
    Le troubadour l’interrompit. Il avait lui
aussi accueilli tout ce discours avec soulagement. Son visage s’était illuminé
d’une autre sorte d’espoir. Il prit les mains de Léonie :
    — Le roi Pierre II est là, dit-il. Le
roi d’Aragon ! Mais Louve ? Et Don Antonio de Bigorre ? Sont-ils
là également ?
    — Je n’en sais rien encore, dit-elle.
    Elle fit une pause, son sourire se crispa
légèrement.
    Puis, retrouvant son enthousiasme – et sa
respiration – elle ajouta :
    — Mais je vous promets de vous le dire
dès que possible.
    Le soir même, Escartille put enfin
descendre de la tour. Il voulut quitter le palais aussitôt, mais les entrées et
les sorties étaient contrôlées. Il insista. Il demandait à sortir, au mépris du
danger ; on resta sourd à sa requête. Il lui fallait l’autorisation de
Trencavel ou de l’un de ses barons qui, pour l’heure, étaient tous
inaccessibles. Aidé de Léonie, Escartille se rendit dans une chapelle où le
vicomte et ses proches avaient pour habitude d’aller se recueillir. Il n’y
trouva personne. Après ce jour faste, le jeune homme sentait lui aussi que ses
forces lui revenaient ; une énergie nouvelle courait dans ses veines. À
tous les gens qu’il croisait, il demandait des informations ; personne ne
pouvait lui répondre et, partagé entre l’angoisse et l’enthousiasme, il
éprouvait les sentiments les plus contradictoires. Eh bien, il irait voir par
lui-même ! Escartille s’était avancé tout près de l’autel avant de tomber
à genoux. Léonie, elle, était restée sur le pas de la porte et le regardait. Il
semblait prier, enveloppé de blanc, le visage levé vers les vitraux.
    Escartille retrouvait soudain espoir. Demain
au plus tard, il saurait ! Il sortirait enfin, par tous les moyens ! Faudrait-il
encore attendre cette nuit ? Si le roi d’Aragon était là, n’y avait-il pas
les meilleures chances pour que Don Antonio, l’un de ses plus précieux
chevaliers, l’ait accompagné dans son ambassade ? Peut-être n’était-il
parti que pour mieux revenir ! N’était-il pas l’un de ses plus valeureux
émissaires ? N’était-ce pas cela qui, déjà, l’avait conduit sous les murs
de Puivert, de Peyrepertuse, de Quéribus, de Lastours, de Roquefixade ? Alors,
peut-être Louve serait-elle là aussi, quelque part ! Dans l’ombre de ce
bois où ils avaient posé leur campement ! Tout près, aux portes de la
ville ! N’était-ce pas ce signe du destin que le troubadour avait appelé
de ses vœux ?
    Il continuait de rêver, s’abandonnant avec
ferveur à son espoir retrouvé.
    Derrière lui, Léonie s’était assise, les mains
sur les genoux.
    Le lendemain, Escartille se leva. Léonie lui
avait préparé de nouveaux vêtements. Il revêtit sa tunique, serra contre sa
taille la boucle de son vieux ceinturon, où il avait glissé la fronde de
Charles de Montesquiou. Il enfila ses bottes, vérifia les cordes et l’archet de
son rebec, avant de faire passer l’instrument par-devers lui. Il glissa sa
besace et ses rouleaux de parchemin sur son autre flanc. Dans un sourire, il
rajusta sur son crâne son galurin à plume d’oie, puis fit quelques pas en
inspirant l’air à pleins poumons. Il

Weitere Kostenlose Bücher