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L'Église de Satan

L'Église de Satan

Titel: L'Église de Satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arnaud Delalande
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se sentait libéré. Oui ! Il était un
homme nouveau.
    — Que faites-vous ? lui demanda
Léonie.
    — Je me lève, ma belle amie. Ne le
voyez-vous pas ?
    — Restez donc couché ! dit la jeune
femme. Vous êtes encore faible.
    — Allons ! Je suis en pleine santé, et
Aimery aussi. Grâce à vous, Léonie.
    En passant près d’elle, il s’arrêta. Il
regarda la jeune femme, qui levait vers lui des yeux bleus comme l’azur. Une
délicieuse mèche blonde voletait sur son front. Il fut intrigué par ce qu’il
crut déceler dans le regard de la servante. Elle était au bord des larmes.
    — Alors… Vous allez partir ?
    Escartille sourit et lui caressa la joue.
    — Oui, ma douce Léonie. Vous m’avez été d’un
grand secours. Jamais je n’oublierai ce que vous avez fait pour moi. Mais je
suis las de ces aventures et d’autres horizons m’attendent.
    Léonie ne put s’empêcher de laisser couler une
larme.
    — Mais comment ferez-vous ? On se
bat encore au-dehors !
    — Je ne sais pas, dit le troubadour. Je
vais voir le vicomte.
    Il la prit dans ses bras et la serra contre
son cœur. Ils restèrent ainsi un moment, puis Escartille se dirigea vers l’escalier
qui menait au corps principal du palais.
    — Le vicomte ! dit Léonie, qui
trottait derrière lui. Mais il tient de nouveau conseil en ce moment même !
La ville est débordée, messire ! Escartille, s’écria-t-elle encore. Escartille !
    — Raison de plus, dit Escartille. On ne m’y
prendra pas deux fois.
    — Il y a quelque chose que je ne vous ai
pas dit, souffla Léonie en ravalant ses sanglots, la gorge nouée.
    Mais le troubadour dévalait déjà les escaliers
quatre à quatre.
    Lorsqu’il fit irruption dans la salle du
conseil, Escartille pensait se voir fermer l’entrée par les gardes qui s’y
trouvaient habituellement en faction. Il n’en fut rien ; il tomba au
milieu d’une rare agitation. Tous les barons étaient là ; leurs blessures,
la poussière sur leurs justaucorps ou leurs armures témoignaient des coups et
des contrecoups qui se donnaient toujours au-dehors, dans la plus grande fureur.
Les barons puaient la sueur et le sang ; ils marchaient en long et en
large, lançaient de temps à autre un ordre à leurs écuyers et sergents qui
venaient au rapport et repartaient dans la minute. Escartille ne bougea pas
durant plusieurs secondes. Il ne tarda pas à apprendre ce qui s’était passé. La
partie s’était jouée si vite que tous s’étaient trouvés pris de cours. L’Église
avait décidé de lancer un autre ultimatum. Le roi d’Aragon avait tenté d’intervenir
pour favoriser une nouvelle négociation. Arnaud-Amaury voulait bien admettre l’innocence
du vicomte ; il aurait la vie sauve et la permission de sortir avec douze
chevaliers de son choix ; mais la ville et ses habitants serait laissés
aux croisés. « J’aimerais mieux être écorché vif ! » s’était
écrié Trencavel. Et le roi levait le camp ! En ce moment même, il devait
plier bagage, ulcéré par l’échec insultant de sa médiation ! Escartille, au
milieu de ces barons qui allaient et venaient autour de lui, s’assit sur un
tabouret, les épaules tombantes, le visage décomposé.
    —  Anatz, baro, à cheval ! s’écriait
le vicomte. Équipez-vous tous, allez prendre vos épées et tous ensemble, donnez
la charge contre l’armée !
    — Par ma foi ! s’exclamait
Pierre-Roger de Cabaret, si vous voulez suivre mon conseil, ne faites pas de
sortie ! Car au matin, sitôt qu’ils auront pris leur repas, les Français
chercheront à vous enlever les derniers accès à l’eau qui nous restent !
    — Il a raison, dit un autre. S’ils
tiennent l’Aude, nous sommes perdus. Nous n’avons déjà plus rien dans les
citernes !
    Ah non ! se dit Escartille. Une fois,
passe encore ; mais deux ! Je ne Vous laisserai pas faire, Seigneur !
Je refuse de me rendre encore sans me battre, si près du but ! Non, il n’est
pas trop tard ! Je dois encore pouvoir gagner les troupes d’Aragon, et m’abriter
sous l’aile de Pierre II. Mais comment sortir d’ici avec Aimery, sain et
sauf ?
    Tout à coup, Trencavel en personne se planta
devant lui.
    — Tiens, te voilà debout, toi ! Eh
bien, joins-toi à nous, tu ne seras pas de trop.
    Escartille leva les yeux.
    — Me… Me joindre à vous ?
    — Tu es revenu des morts sans doute, jeune
homme. Te voilà guéri grâce à nous. L’Aragon s’enfuit et nous

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