L’élixir du diable
comment il allait retrouver la trace de ce qu’il cherchait.
Il lui faudrait une illumination.
Une épiphanie.
L’herbe du Péruvien aveugle devrait l’aider. Comme toujours.
Il fallait qu’il trouve Reilly, mais ça allait être coton. L’ennemi était sur ses gardes. Ils auraient l’œil sur le moindre détail suspect.
Guerra et ses génies de la technique ne lui seraient pas non plus très utiles. Le téléphone de Reilly, comme celui de n’importe quel agent du FBI, possédait un dispositif antipiratage sophistiqué. Impossible de s’en servir pour le localiser.
Il était assis les jambes croisées, nu et immobile, alors que son esprit plongeait et planait sur des paysages à couper le souffle et des scènes hystériques, certaines reconnaissables, d’autres inconnues de lui – le réel se mêlait à l’imaginaire tandis que ses synapses explosaient dans des territoires vierges et s’unissaient en des liens jusqu’alors inexplorés.
Puis il sut. La réponse qu’il cherchait était à sa portée.
En fait, elle se trouvait à l’intérieur même de sa villa sécurisée.
Une réponse vivante qui l’appelait, qui réclamait son attention.
Un grand sourire apaisé éclaira le visage du sorcier. Il ferma les yeux.
Il savait que demain serait une journée bien meilleure.
Mercredi
50
Je n’ai pas beaucoup dormi. Ma tête avait bouillonné toute la nuit, complotant et intriguant, imaginant sous la pression différentes solutions pour nous sortir de là – tout pour éviter de penser à Tess et à l’endroit où je me trouvais avec elle. Je n’avais pas trouvé de réponse infaillible, même de loin, mais certaines semblaient moins farfelues que d’autres. Tous les scénarios que j’avais explorés avaient un postulat en commun : la nécessité de me transformer en appât pour débusquer nos agresseurs mexicains.
Pas exactement de quoi sauter en l’air de joie.
A neuf heures, je me rendis au bureau de Villaverde pour passer en revue les différentes options. Munro arriva en même temps que moi. Je savais que Villaverde ne serait pas excité par mon idée. Je n’avais pas très envie de me découvrir pour attirer une bande de cinglés qui prenaient leur plaisir à éventrer et émasculer leurs ennemis. Mais à moins que Villaverde ou Munro ne mettent une autre proposition sur la table, j’étais plus ou moins prêt à mettre mon plan à exécution.
C’était peut-être une manière foireuse d’essayer de compenser ce que j’avais fait. Je ne sais pas. Ce dont j’étais sûr, c’est que les salauds devaient disparaître, et que je devais faire ce qu’il fallait pour que Tess et Alex n’aient plus de raisons de s’inquiéter.
Nous commençâmes par examiner toute une série de rapports sur les événements des jours précédents. Sans réel bénéfice. Le type que Julia avait descendu à Balboa Park n’avait rien sur lui qui permît de l’identifier, et ses empreintes étaient inconnues. Le 4 × 4 qu’ils avaient laissé derrière eux ne menait nulle part. Nous savions qu’il avait été volé deux ou trois jours auparavant. Des inspecteurs allaient interroger son propriétaire pour la forme, mais je savais que ce serait une perte de temps.
Les rapports sur le carnage, la veille, au club des Aigles, ne nous fournirent guère d’éléments nouveaux, même si j’avais ma petite idée à ce sujet.
— Un truc, tout de même… dis-je. Le type dont Pennebaker nous a parlé, celui dont Navarro s’est « occupé »… Pennebaker disait qu’il allait bien et qu’une seconde plus tard il tombait par terre comme s’il avait été frappé par un dard anesthésiant. Il était paralysé, mais parfaitement conscient…
— Et alors ? demanda Munro.
— Etant donné que je ne crois pas au vaudou, je dirais que Navarro lui a donné je ne sais quelle drogue. Ce qui me fait repenser à Walker. On l’a coupé en morceaux et laissé se vider de son sang, mais il n’y avait pas la moindre trace de lutte. Comme s’il n’avait pas résisté. Ça n’a aucun sens…
— A moins qu’il n’ait été drogué, ajouta Villaverde en attrapant l’idée au vol. D’accord. Je vais demander au légiste de faire des examens toxicologiques complets.
J’avais déjà une idée assez précise sur la question, et je savais ce que les tests toxicos confirmeraient.
Ce n’était pas le boulot d’un lieutenant de Navarro.
C’était lui.
J’en étais sûr.
Tout en décrochant son
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