L'énigme de l'exode
camarades, ses amis. Elle devait se montrer loyale envers eux.
— Oui, reconnut-elle en s’efforçant de chasser Augustin de son esprit, vous avez raison.
III
Le temps se modifia à une vitesse surprenante. Tandis que, l’instant d’avant, le soleil brûlait la joue de Knox à travers la vitre, le ciel se couvrit brusquement de nuages noirs et la température se mit à chuter. Les premières gouttes de pluie ouvrirent la danse et une violente averse martela le toit du Toyota. Peterson alluma les phares et les essuie-glace entamèrent leur va-et-vient sur le pare-brise. Le trafic ralentit et le 4x4 roula lentement dans les flaques qui s’étaient déjà formées sur l’asphalte.
Peterson quitta la route du Nil et s’engagea sur un chemin étroit et sinueux. Les roues s’enfoncèrent dans des nids de poule en soulevant des cascades d’eau. L’averse se transforma en véritable déluge. Les nuages étaient si noirs qu’il faisait presque nuit. Au bout de vingt minutes, Peterson ralentit un instant, puis accéléra brièvement avant de franchir le bas-côté argileux pour se garer sur une étendue de sable mouillé. Il serra le frein à main, arrêta les essuie-glace, éteignit les phares et coupa le contact. Après avoir retiré sa ceinture de sécurité, il ouvrit sa portière et sortit en courant sous la pluie.
Knox se redressa. Il avait des crampes et des fourmillements dans les jambes. À la lueur d’un éclair, il aperçut Peterson, qui remontait le chemin en courant, la main au-dessus de la tête pour protéger ses yeux de la pluie. Il lui laissa quelques secondes d’avance, puis se lança à sa poursuite dans la fureur de la tempête.
IV
Ses bagages à ses pieds, Claire semblait hypnotisée par l’écran de télévision du hall de l’hôtel.
— Dépêchez-vous ! lui cria Griffin. Nous n’avons pas de temps à perdre.
— Regardez ! s’écria-t-elle.
— Quoi ? demanda-t-il en levant les yeux vers l’écran.
Elle hésita un instant. Le hall grouillait de monde.
— Notre... invité, murmura-t-elle, m’a dit que cette femme était une de ses amies et que Knox lui avait envoyé des photos de ce que nous avons trouvé.
— Vous êtes folle ! siffla Griffin. Ne parlez pas de ça ici !
— Regardez, vous ne voyez pas ?
— Voir quoi ? s’impatienta Griffin en se tournant de nouveau vers l’écran.
— Sa position. La mosaïque...
Griffin devint livide.
— Mon Dieu, murmura-t-il. Non, c’est forcément une coïncidence.
— C’est aussi ce que je me suis dit, mais c’est faux. Cette femme essaie d’envoyer un message.
— Partons d’ici, Claire. Allons prendre notre avion au Caire. J’expliquerai tout une fois que...
— Je reste ici, déclara Claire.
— Claire...
— Je retourne sur le site. Je vais libérer Pascal et lui montrer la mosaïque.
— Je suis désolé, Claire. Je ne peux pas vous laisser faire ça.
Elle se tourna face à lui, les bras croisés.
— Et comment comptez-vous m’en empêcher ? lança-t-elle.
Griffin regarda ses étudiants, qui empilaient leurs bagages à l’arrière du pick-up, comme s’il se demandait s’il pouvait compter sur leur aide pour arrêter Claire.
— Si vous me touchez, je fais un scandale, prévint-elle. N’oubliez pas que je parle arabe. Je raconterai à tout le monde ce que vous avez fait.
— Ce que nous avons fait, rectifia-t-il.
— Oui, ce que nous avons fait.
Griffin essuya du doigt l’écume qui lui était montée aux lèvres.
— Vous n’oserez pas !
— Ne me mettez pas au défi.
Décontenancé, Griffin changea de ton.
— Laissez-moi au moins sortir mes étudiants du pays, implora-t-il.
— Donnez-moi la clé de la réserve et les affaires de Pascal, lui enjoignit-elle. Je vous laisserai le temps de prendre votre avion.
— Les Égyptiens vont chercher des responsables, Claire, et il n’y aura que vous.
— J’en suis consciente.
— Alors venez avec nous. Je vous jure que, dès que nous aurons décollé, je ferai libérer Pascal. Et je veillerai à ce qu’il ait toutes les informations dont il a besoin.
— Il sera peut-être trop tard.
Un coup de klaxon retentit au-dehors. Incapable de soutenir le regard de Claire, Griffin détourna les yeux, honteux et troublé.
— Il ne s’agit pas seulement de moi, bredouilla-t-il. Mes étudiants... ce ne sont que des gamins. Quelqu’un doit s’occuper d’eux.
— Je sais, dit Claire en tendant la main pour que Griffin lui donne la clé et
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