L'énigme de l'exode
échapper. Je vous vois ici plusieurs fois, ajouta-t-il. Vous êtes une personne bien. Je vous fais prix spécial. Prix très spécial.
— Où est-ce que tu l’as eue ? s’enquit Knox.
— Elle vient de la tombe d’Alexandre le Grand, je vous assure ! s’exclama le vendeur. Mon ami me la donne, car c’est mon meilleur...
— Dis-moi la vérité, le coupa Knox. Ou je m’en vais.
Le gamin plissa les yeux d’un air perspicace.
— Pourquoi je vous le dis ? demanda-t-il. Pour que vous appelez la police ?
Knox plongea la main dans sa poche arrière et en retira ostensiblement quelques billets.
— Comment puis-je être sûr qu’elle est authentique si tu ne me dis pas d’où elle vient ?
Le vendeur fît la moue et regarda autour de lui pour s’assurer que personne ne pouvait l’entendre.
— Ami de mon cousin travaille sur chantier de fouilles, murmura-t-il.
— Quel chantier ? l’interrogea Knox. Qui le dirige ?
— Des étrangers.
— Quel genre d’étrangers ?
— Des étrangers, répéta le jeune homme en haussant les épaules.
— Où ?
— Au sud, répondit le vendeur avec un geste vague de la main. Au sud de Mariout.
Knox hocha la tête. Cela paraissait vraisemblable. Le lac Mariout avait été entouré de fermes et de villages dans l’Antiquité, avant que le Nil ne se mette à charrier du sable et que le lac ne commence à rétrécir. Knox compta lentement son argent. Si cette coupe provenait vraiment d’un site archéologique, il avait le devoir de la restituer ou, à tout le moins, de prévenir les responsables du site du problème de sécurité auxquels ils étaient confrontés. Trente-cinq livres égyptiennes. Il les replia entre son pouce et son index.
— Au sud du lac, tu dis ? Où exactement ? J’ai besoin d’informations précises avant d’acheter.
Le jeune homme arracha difficilement son regard à la liasse de billets pour le poser sur Knox. Une expression amère lui assombrit le visage, comme s’il venait de comprendre qu’il en avait déjà trop dit. Il jura entre ses dents, attrapa les quatre coins de la nappe et replia celle-ci dans un fracas d’objets s’entrechoquant, avant de s’éloigner précipitamment. Knox allait le suivre quand un colosse surgi de nulle part lui barra la route. Il essaya de le contourner, mais celui-ci fit un pas sur le côté et s’interposa, les bras croisés sur la poitrine et un sourire sournois aux lèvres, comme pour l’inviter à tenter quelque chose. Il était trop tard de toute façon. Le gamin avait disparu dans la foule avec sa coupe en terre cuite.
Knox se détendit et laissa tomber. Il était presque sûr que ce n’était rien.
Oui, presque sûr.
II
Désert Oriental, Moyenne-Égypte
L’inspecteur Naguib Hussein regarda le médecin légiste de l’hôpital écarter un pan de la bâche pour examiner le corps desséché de la fille. Du moins pensait-il que c’était une fille, à en juger par sa petite taille, ses cheveux longs, ses bijoux fantaisie et ses vêtements. Mais en réalité, il ne pouvait en avoir la certitude. Enterrée dans le sable brûlant du désert Oriental, momifiée au cours de sa décomposition, l’arrière du crâne ouvert et collé à la bâche par du sang coagulé, elle était morte depuis trop longtemps.
— Qui est-ce qui l’a trouvée ? demanda le légiste.
— Un des guides, répondit Naguib. Apparemment, il a eu affaire à des touristes qui voulaient se frotter au désert pour de bon.
Il émit un petit grognement sarcastique.
— Ils n’ont pas dû être déçus, ajouta-t-il.
— Et elle était juste étendue là ?
— Ils ont d’abord vu la bâche. Puis un pied. Le reste était encore camouflé.
— Le vent de tempête de cette nuit a dû la désensabler.
— Et effacer toutes les traces, déplora Naguib.
Sous les yeux de l’inspecteur, qui l’observait les bras croisés, le légiste poursuivit son analyse préliminaire. Il examina le cuir chevelu de la victime, les yeux, les joues et les oreilles, puis fit jouer la mâchoire inférieure d’avant en arrière pour ouvrir la bouche et y enfoncer profondément une spatule, avec laquelle il racla l’écume et le sable déposés sur les tissus desséchés de la langue, des joues et de la gorge. Il referma la bouche et se concentra enfin sur la nuque, la clavicule, l’épaule droite, saillante et disloquée, et les bras, repliés de façon étrangement empruntée, presque mièvre, le long des côtes.
— Quel âge
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