L'énigme de l'exode
qui comportait tous les hauts lieux d’Amarna, notamment le village des ouvriers, le palais du nord, les tombes du sud, la tombe royale et la stèle frontière.
— Vous pensez vraiment pouvoir filmer tout cela en une journée ? murmura-t-elle à Lily.
— Nous avons commencé à solliciter des autorisations avant que Charles n’ait terminé le scénario, expliqua Lily. Nous avons donc fait une demande pour tout, au cas où, mais nous n’allons finalement filmer que la stèle frontière, le palais du nord et la tombe royale.
— La tombe royale ? dit Osman. Quoi exactement ?
— Juste l’entrée et la chambre funéraire, répondit Lily.
Il lui jeta un regard en coin, apparemment contrarié.
— Vous allez avoir besoin d’une escorte, déclara-t-il en lui rendant son dossier. Nasser et moi allons vous accompagner.
Gaëlle et Lily se regardèrent d’un air perplexe. Elles n’avaient pas envie d’avoir ce type sur le dos toute la journée.
— C’est très gentil à vous, dit Gaëlle, mais je suis sûre que nous...
— Nous allons avec vous, l’interrompit Osman.
Gaëlle s’efforça de sourire.
— Merci beaucoup.
II
Knox, pétrifié dans son lit d’hôpital, attendait que l’intrus réapparaisse, reprenne l’oreiller et termine sa tâche. Mais les secondes passaient et il ne voyait rien venir. L’homme était sans doute déjà parti. Cela dit, c’était une piètre consolation pour Knox. Quelqu’un voulait le tuer, et ce quelqu’un savait où le trouver. Il fallait qu’il parte d’ici.
La montée d’adrénaline lui avait donné un regain d’énergie. Il fit glisser sa jambe droite jusqu’au bord du lit et la laissa pendre lourdement sur le côté. Il attendit de se sentir stable et ramena la jambe gauche. Ses cuisses entraînèrent son bassin, puis tout son corps, qui s’affaissa sur le sol. Le cathéter s’arracha et le goutte-à-goutte oscilla, mais resta debout.
Knox resta allongé un moment, un peu sonné. Il s’attendait à ce que la porte s’ouvre de nouveau, mais personne n’entra. Ses vêtements étaient posés sur une commode. Il rampa jusqu’au meuble et parvint à les saisir. Couverts de suie et de cambouis, ils seraient tout de même plus discrets qu’une blouse d’hôpital. Il enfila son jean, sa chemise et son pull noir et se hissa sur ses pieds en se cramponnant au bois de lit. L’afflux de sang lui fit tourner la tête. Il s’efforça de ne pas défaillir, puis lâcha le lit et tituba jusqu’au mur. Il inspira profondément et ouvrit la porte. Le soleil du matin éclairait le couloir par la fenêtre d’en face. Knox s’appuya au mur et sortit.
— Hé !
Knox se retourna. Le policier était en train de fumer à côté d’une fenêtre ouverte. Il jeta sa cigarette et croisa les bras avec un air sévère, visiblement convaincu que cela suffirait à impressionner Knox. Mais celui-ci disparut à l’angle du couloir, s’effondra contre la porte battante, se rattrapa à la rampe de l’escalier et se laissa glisser le long des marches.
— Hé ! cria le policier depuis la porte battante. Revenez !
Knox arriva dans un autre couloir. Un brancardier, qui se réchauffait les mains autour d’un verre de chaï , entendit le policier crier et posa son verre pour se diriger vers Knox. Il y avait une porte sur la gauche. Fermée. Les fenêtres, en face. Knox ouvrit la première, jeta un regard dehors. Au pied de l’immeuble se trouvaient une bétonneuse et un tas de sable. Il monta sur le rebord de fenêtre et se laissa tomber en arrière. Il sentit la main du policier le retenir par une cheville, mais la gravité le libéra. En heurtant le tas de sable, il se tordit l’épaule et roula sur l’allée. Une voiture l’évita de justesse, et la conductrice se mit à crier en lui montrant le poing.
Knox se releva, chancela jusqu’à l’entrée désertée par les gardes et parvint jusqu’à la route. Un camion le força à reculer contre le mur. Un chauffeur de taxi klaxonna. Knox lui fit signe, ouvrit la portière arrière et s’effondra sur la banquette au moment où le policier atteignait la route en courant.
— Vous avez de l’argent ? demanda le chauffeur.
Knox avait l’impression d’avoir la langue gonflée comme un ballon. Incapable de parler, il fouilla dans sa poche, trouva son portefeuille et en sortit deux vieux billets. Le chauffeur démarra aussitôt, laissant le policier crier en vain derrière eux.
— Où allez-vous ?
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