L'énigme de l'exode
un jeu d’enfant pour un homme ayant son passé.
En bas de l’escalier, une porte claqua. Le pasteur recula d’un pas et joignit les mains dans une attitude respectueuse, comme s’il attendait qu’on lui ouvre après avoir frappé. L’ascenseur se mit à crisser. Les portes s’ouvrirent et se refermèrent derrière son occupant. Puis le silence envahit de nouveau l’immeuble.
Peterson colla son oreille contre la porte. Rien. Il força le loquet avec une carte de crédit et se glissa à l’intérieur de l’appartement. La porte de la salle de bains était entrouverte ; il entendit un homme en train d’uriner. Un ordinateur portable était ouvert sur la table du séjour. L’écran affichait une photo de la mosaïque du site. Peterson la regarda avec stupéfaction. Il savait désormais pourquoi le Seigneur l’avait amené jusqu’ici...
La chasse d’eau retentit. Peterson se précipita dans la chambre et laissa la porte juste assez entrouverte pour pouvoir regarder dans l’interstice. Knox sortit quelques secondes plus tard en s’essuyant les mains sur son pantalon. Une fois dans le séjour, il s’assit devant le portable en tournant le dos au pasteur et se connecta à Internet.
Peterson était un homme vigoureux. Il faisait de l’exercice pour rester en forme. Il méprisait les gens qui gaspillaient les dons de Dieu.
Dans sa jeunesse, il avait fait de la lutte à haut niveau. Il aimait mesurer sa force et sa technique à celles des autres. Il aimait le respect mutuel imposé par le combat corps à corps, la façon dont on épuisait l’adversaire comme un boa constrictor épuise sa proie, il aimait la tension et la douleur des muscles bandés, la blancheur de la chair tendue, les visages à quelques centimètres l’un de l’autre. Il aimait la façon dont un homme devient tout votre univers durant les quelques minutes intenses que dure un combat. Mais par-dessus tout, il aimait l’instant exquis de la capitulation, le souffle presque inaudible de l’adversaire qui se savait vaincu et acceptait sa défaite. Aussi ne doutait-il pas de son aptitude à accomplir la tâche qui l’attendait. Pourtant, il se sentait nerveux. Le diable était un adversaire redoutable, qu’il ne fallait pas prendre à la légère. Et Peterson n’avait jamais senti sa présence aussi fortement qu’en Knox. Du reste, même si tout se passait bien, il serait à découvert pendant quelques instants. Il devait donc faire en sorte de ne pas être reconnu.
Sur le dernier rayon de la penderie, il aperçut un casque de moto. Parfait. Il l’enfila, serra la lanière et sa propre respiration résonna à ses oreilles, étrangement teintée de peur. Knox était toujours concentré sur l’écran du portable. Peterson poussa lentement la porte et s’approcha de lui à pas de loup.
II
— Cette chambre funéraire a-t-elle vraiment été bâtie pour l’homme que nous connaissons sous le nom de Moïse ? demanda Stafford à la caméra, tandis que Lily le filmait. J’en suis convaincu.
Gaëlle était restée en dehors de la chambre funéraire pour être sûre de ne pas gêner Stafford qui, parmi bien d’autres choses, supportait mal les perturbations.
— Dans cette tombe, on n’a trouvé aucune trace de la dépouille d’Akhénaton, poursuivit Stafford. Ni d’aucune autre. Personne n’a jamais été enterré dans cette somptueuse chambre funéraire.
Gaëlle se mordit les lèvres. On avait bel et bien découvert des traces de restes humains ici, même si celles-ci n’avaient pu être préservées pour être analysées. En outre, on avait également trouvé des fragments d’un sarcophage réalisé pour Akhénaton et beaucoup de shabtis , des figurines à l’effigie du pharaon destinées à accomplir les tâches inférieures dans l’au-delà, afin que l’esprit du mort n’ait pas à s’en préoccuper. Même si les Juifs venaient d’Amarna, comme l’affirmait Stafford, il était difficile d’imaginer que Moïse ait pu être Akhénaton. La société égyptienne était extrêmement hiérarchisée. Le pharaon, fût-il hérétique, était obéi de tous. Par conséquent, Akhénaton n’avait eu aucune raison de quitter Amarna, et y était sans doute resté jusqu’à sa mort. Néanmoins, il n’avait peut-être pas été enseveli dans cette tombe, qui aurait été une cible trop facile pour ses ennemis. Son corps avait peut-être été déposé dans la Vallée des Rois, ou bien quelque part tout près d’ici.
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